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La monnaie, le coeur du système

Publié le 30 juillet 2008 par Careagit
Il est de ces pépites que l'on survole au mieux, que l'on ne ne lit jamais au pire. Cet article, publié par un de "mes nouveaux lecteurs" surnommé RST chez Malakine entretien le débat sur ce blog depuis quelques jours. A la barre, deux hommes (Adrian et RST) et votre modeste serviteur. Le sujet a dévié depuis sa source, car de mon billet sur la suppression du SMIC, il se tourne désormais vers ce qui reste à mon sens comme le coeur de l'activité capitaliste. La monnaie.
Dans cet article (que je vous recommande de lire malgré la complexité des phénomènes abordés) est avancé une thèse qui ne me plaît guère mais qui mérite d'être écoutée tant elle sort des lieux communs souvent proférés sur les thèmes aussi complexes que la création monétaire et les systèmes inflationnistes.
Premier et principal constat fait par RST: La très grosse majorité - pour ne pas dire la presque totalité - de la monnaie en circulation provient des banques dites commerciales qui crée cette monnaie ex-nihilo c'est à dire en complète indépendance vis à vis des banques centrales. Depuis 1973 (source billet RST) il a été décidé de confisquer au pouvoir politique (les États en somme) l'activité de création monétaire qui s'est vue transférée entre les mains d'établissements appelés "Banque Centrale". Depuis ce temps, le pouvoir politique se voit donc contraint d'emprunter aux banques commerciales des fonds pour se financer, creusant irrémédiablement la dette. Selon RST cette modification est à l'origine de la dette abyssale dont nous souffrons aujourd'hui, dette qui n'aurait pas existé si toutefois l'état jouissait encore du contrôle de la planche à billet. L'autre principal théorie exprimée par ce même RST dans les commentaires de CaRéagit et que j'aimerais également aborder est la conséquence de la croissance incontrôlée de l'agrégat M3 dans le phénomène inflationniste actuel. Les agrégats monétaires composent l'ensemble de la masse monétaire et sont ordonnées par liquidité. M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue. M2 correspond à M1 + les dépôts à termes inférieurs ou égaux à 2 ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à 3 mois (ex : livret jeune, CODEVI) Enfin, le M3 correspond à M2 auquel il faut ajouter les instruments négociables sur le marché monétaire émis par le secteur des institutions financières monétaires, avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (OPCVM).
Cette réflexion exprimée par RST est salutaire et éminemment respectable, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je me suis passionné pour ce débat qui se tient sur cette page depuis quelques jours. Néanmoins je ne suis pas en accord avec le point de vue exprimé par RST. Je tente de m'en expliquer.
D'abord sur la création monétaire par les banques commerciales. Il est tout à fait correct d'affirmer cela. Les banques commerciales, par le biais de l'attribution de crédits, injectent de la monnaie dans le circuit économique. Cependant un bémol notoire est à apporter à ce constat. Car il se trouve que les banques commerciales sont supervisées par les Banques Centrales qui établissent des contraintes dans l'octroie de crédit. La principale est évidemment la taille des réserves de monnaie "banque centrale" dont disposent ces établissements commerciaux. Le système se divise concrètement en deux flux principaux. Le premier relie les banques centrales et les banques commerciales. Ces dernières disposent de comptes en "monnaie banque centrale". Lorsque les établissements souhaitent se financer, ils doivent se soumettre à une opération dite de "refinancement" auprès de la banque centrale. Le second flux c'est l'octroie de crédits entre les banques commerciales et les ménages/entreprises , ce flux étant directement impacté par le premier expliqué ci dessus.
En ce sens, il me parait donc erroné de considérer les banques commerciales comme des créateurs de monnaie ex-nihilo puisqu'elles se trouvent directement impactées par le fonctionnement des banques centrales qui jouent sur les taux dits "directeurs" pour encourager ou décourager les phénomènes de "refinancement".
Ensuite sur la suppression de la compétence de création monétaire aux Etats. Tout comme l'exprime Malakine dans les commentaires du billet publié par RST, il me semble également censé et sain que l'outil monétaire soit indépendant et protégé de toute actions politiques (pour ne pas dire démagogique). A ce titre, l'exemple Argentin me parait être riche en enseignements. Le système capitaliste étant principalement basé sur la confiance, il me semble qu'il serait extrêmement dangereux de céder l'outil monétaire aux fluctuations politiques qui rythme la vie des pays. Certains libéraux disent encore que la monnaie est une chose bien trop importante pour qu'elle soit confiée aux mains des politiques. Je crois en la sagesse de cet adage.
Pour toutes ces raisons je m'oriente plutôt vers l'acceptation du système actuel bien plus que vers un retour du contrôle de la monnaie aux nations que je considère comme dangereux, bien plus instable et inflationniste. L'imposante dette actuelle provient donc selon mon avis bien plus d'une omniprésence et d'une lourdeur étatique (qui ne sait plus maigrir, je rappelle que ces dettes sont des dépenses de fonctionnement) que de la création de monnaie que ce soit par les banques centrales (fonctionnement réel) ou commerciales (selon la théorie de RST).
Ce débat passionnant reste ouvert.

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