On hésite toujours à écrire certains mots au bord de la page,
Des mots qui diraient la vie et la mort,
Et puis le grand calme de la nature, le soir,
Quand s’éteint le soleil derrière une rivière pourpre.
On hésite à dire les amours d’autrefois,
Les amours adolescentes,
Quand les corps nus et chauds
Se découvraient différents dans la paille jaune d’une grange ancestrale.
On hésite à se souvenir de ceux qui ont disparu,
Ceux qui un jour avaient compté,
Puis qu’on a oubliés,
Improbables fantômes dans la nuit de nos songes.
On hésite à décrire la peau tendre et parfumée,
La peau sauvage et nue
D’une fille aux cheveux noirs et au regard de feu
Qu’on allait immoler sur l’autel de l’amour.
Oui, on hésite à écrire le livre de la mémoire,
Le livre qui dirait nos songes et nos espoirs.
Alors on reste au bord de la page,
Rêvant à des amours fantômes le long des rivières pourpres.