Lorsque les États-Unis pensaient avoir expulsé les talibans après qu'ils aient occupé l'Afghanistan de 1996 à 2001, Bush, son président alors, s'est concentré sur « l’édification de la nation », promettant que les femmes seraient libres, afin de faire plaisir à l’électorat féminin, et la création d’une armée afghane à l’image de celle de l’Amérique.
Les talibans furent plus pragmatiques. Au lieu de dépenser l'argent qu'ils n'avaient pas, comme Bush l'a fait, ils ont décidé d’abord de construire un empire financier afin de se regrouper et d’éventuellement reprendre le contrôle du pays. À ce jour, ils ont reconstruit leur force combattante d'environ 30 000 hommes en 2010 à peut-être 100 000 aujourd'hui.
Ils y sont parvenus en créant un flux de revenus qui s'est élevé à 400 millions de dollars par an vers 2011 et pourrait avoir désormais atteint 1,5 milliard de dollars. Pour ce faire, leur trésorerie s’est mise en place grâce à une variété de revenus et à un système d’imposition universel.
D'abord sont venus des dons étrangers, provenant de suspects bien connus comme le Pakistan, l'Iran et Poutine (l'homme était trop heureux de renvoyer l’ascenseur, suite à l’aide apportée par Reagan pour soutenir les moudjahidin) même si chaque parti nie tout ça.
En plus, des citoyens privés au Pakistan et dans d’autres pays du Golfe comme l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Qatar ont mis leur argent à contribution pour des montants de l’ordre du demi-milliard de dollars par an. Une autre bonne raison d'acheter une auto électrique !
Ensuite, les talibans ont mis en place une extorsion généralisée et ont puisés dans le commerce de la drogue (l'Afghanistan est le plus grand producteur d'opium au monde), pour accumuler encore plus de fonds. Les exportations annuelles d’opium seraient estimées à plusieurs milliards de dollars et emploient près de 120 000 Afghans.
Où étaient nos bombardiers B-53 qui auraient dû pulvériser ces champs d'opium ? Bien sûr, les talibans nient leur implication dans tout trafic de drogue. La taxe de 10 % perçue auprès des cultivateurs et des raffineurs d'opium leur rapporterai jusqu'à 400 millions de dollars supplémentaires par an.
Le réseau financier des talibans s'étendrai bien au-delà d’une simple taxation du commerce d'opium ; dans une lettre datant de 2018, les talibans avaient sommés tous les commerçants afghans de payer des taxes sur toutes les marchandises - y compris carburant et matériaux de construction - lorsqu'ils traversaient les zones qu'ils contrôlaient.
Après avoir renversé le gouvernement afghan, les talibans contrôlent désormais toutes les routes commerciales du pays, ainsi que les postes frontières, leur permettant de taxer tout ce qui y transite.Pour couronner le tout, les talibans se sont également remplis les poches en taxant tout l'argent que nous avions donné aux Afghans pour construire leurs infrastructures et établir leurs services. Bravo !
Par exemple, l'Afghanistan's Electricity Company a déclaré à la BBC qu'en 2018, les talibans détournaient plus de 2 millions de dollars par an en facturant de l'électricité aux consommateurs. Il y a aussi les ressources minérales et autres pierres précieuses du pays, encore sous-exploitées en raison de toutes ces années de guerre.
Cette ressource est estimée à 1 milliard de dollars par an, selon le gouvernement afghan. Les talibans ont déjà pris le contrôle de certains sites miniers et extorqué de l'argent aux opérateur, qu'ils soient légaux ou illégaux.
Tout cela pour dire que la tâche la plus facile pendant ces 20 années d'occupation que nous avons totalement choisi d'ignorer, aurait été de couper ces sources de revenus et d'assécher les flux financiers qui enrichissaient les talibans et renforcaient leur pouvoir agressif.
Au lieu de faire cela, nous avons donné de l'argent à des dirigeants Afghans corrompus, croyant que leur culture médiévale arriérée allait tout d’un coup tourner en conte de fée, en espérant que ces dirigeants seraient honnêtes et que l'armée d'inspiration américaine fonctionnerait.
C’est assez incroyable de penser à quel point nous pouvions être aussi naïfs ou mieux encore, à quel point nous étions idiots de croire que notre Congrès qui ramasse son argent auprès des grandes sociétés pétrolières et du complexe militaro-industriel agirait différemment ...