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Luc Messi Atangana : L’homme qui défie le préfet du Mfoundi

Publié le 10 septembre 2021 par Tonton @supprimez
Luc Messi Atangana : L’homme qui défie le préfet du Mfoundi

Après avoir bloqué les travaux de construction, le maire de la ville vient de détruire le site de recasement des déguerpis d'Olezoa-Trois Statues.

Au grand dam d'une autorité administrative totalement dépassée par les événements. A Yaoundé, capitale camerounaise, trône à la mairie de la ville, Luc Messi Atangana. Un homme dont la puissance est proportionnelle à la faiblesse patente des institutions étatiques. Tenez, il y a des mois, l'Archevêque de Yaoundé, Jean Mbarga, contacte le maire de la commune d'arrondissement de Yaoundé III, Lucas Owona, pour qu'il trouve comment déguerpir les commerçants qui ont envahi la zone d'Olezoa, derrière le lieu-dit " Trois Statues ", et les recaser dans une zone moins fluide au trafic routier. Une préoccupation qui répond d'ailleurs à l'exigence des pouvoirs publics, qui ont invité les maires d'arrondissement à dégager les artères de leurs circonscriptions en vue de la Can que le pays abrite à partir du 6 janvier 2022. C'est ainsi que Lucas Owona a organisé une concertation avec les commerçants afin de leur expliquer le bien-fondé de l'action qui devait être entreprise.

Il est convenu que le recasement de ces populations, en majorité des déplacés des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest en proie à une crise socio-politique depuis 2016, devait se faire à Ebom, dans les encablures du quartier Damas. Une zone marécageuse mais dont le maire de Yaoundé III s'est proposé, avec l'appui de quelques partenaires privés, de remblayer le site d'une surface d'environ 1 ha. Dans cette démarche de recasement, le maire d'arrondissement de Yaoundé III s'est rapproché du super maire de la ville pour lui parler du projet. Luc Messi Atangana a approuvé le projet et a marqué son accord. Une descente sur le site s'en est d'ailleurs suivie et a permis au maire de la ville d'évaluer l'avancée des travaux et de féliciter l'initiative du maire de Yaoundé III. Les travaux de construction ayant grandement évolué, la commune de Yaoundé III a estimé que les commerçants déguerpis d'Olezoa, pouvaient déjà commencer à s'installer sur le site de recasement en attendant la fin des travaux qui est imminente. Progressivement, ces commerçants installaient leurs comptoirs jusqu'au lundi 6 septembre, lorsque les services de la mairie de la ville sont venus implanter des plaques interdisant la poursuite des travaux. Informé, le maire de Yaoundé III a introduit une requête auprès du préfet du
Mfoundi pour lui présenter la situation.

Invectives

A son tour, le préfet du Mfoundi, Djikdent Emmanuel Mariel, a convoqué une réunion le mercredi 8 septembre, à laquelle ont pris part le maire de la ville et le maire de la commune de Yaoundé III. En précisant aux parties prenantes que la rencontre n'avait pas pour objet les problèmes politiques, mais plutôt comprendre la décision d'arrêt de travaux du maire de la ville. Une source proche de l'autorité administrative renseigne au Messager, que le préfet Djikdent Emmanuel Mariel a donné la parole tour à tour au maire de Yaoundé III et au maire de la ville. Selon notre source, le ton est monté d'un cran et les invectives fusaient de part et d'autres. Il l'eut fallu que le préfet frappe du poing sur la table pour calmer les esprits échauffés. " Le Maire de la ville a déclaré que Lucas Owona, maire de Yaoundé III, ne peut rien entreprendre, même au niveau politique dans la ville de Yaoundé sans son avis. Il lui a également dit qu'il pas le droit de faire une liste politique pour la section Rdpc de Yaoundé III sans demander son accord. Il a terminé en menaçant le maire Owona que si ce dernier mettait encore les pieds sur ce site d'Ebom, il allait l'envoyer en prison ", raconte notre source.

Au finish, le préfet a demandé à toutes les parties de ne rien entreprendre en attendant sa décision qui sortira d'une autre réunion qu'il a convoqué pour ce vendredi. Curieusement, et contre toute attente, le maire de la ville a envoyé ses services démolir tout ce qui avait déjà été construit sur le site de recasement, détruisant au passage les commerces des déplacés qui s'y étaient déjà installés. En fait, raconte une source imprégnée de l'affaire, tout part d'un appel téléphonique qu'aurait reçu le maire Lucas Owona. Son interlocuteur le maire de la ville, lui demande de renoncer à sa candidature au poste de président de section Rdpc du Mfoundi III, où le maire de la ville est lui-même candidat. " Messi Atangana a appelé Lucas Owona dimanche 5 septembre au petit matin. Il lui a dit qu'il était au courant de ce que M. Owona était en train de confectionner une liste pour postuler au poste de président de section ", confie notre source. " Il lui a dit que si il persiste dans cette voie, poursuit notre source, il va lui créer de sérieux problèmes ". La même source renseigne également que Messi Atangana a menacé de retirer tous les appuis que la mairie de la ville a octroyés à la mairie de Yaoundé III.

L'ivresse du pouvoir

La première étape de démonstration de force, soutient la source du Messager, était d'interrompre les travaux entamés à Ebom pour le recasement des personnes déguerpies à Olezoa. Dans le duel qui l'oppose à Luc Messi Atangana, le préfet du Mfoundi affiche sa fermeté, tout en avançant prudemment, tant il sait que la réponse répressive peut se révéler politiquement périlleuse. Avec son poste de maire de la ville de Yaoundé, siège des institutions, Luc Messi Atangana, 61 ans, sait qu'il dispose d'un pouvoir de nuisance sans égal, mais probablement éphémère, et qu'il joue gros.

Alors il veut aller vite. Il y a plus d'un an, il était en guerre ouverte avec le maire d'arrondissement de la commune de Yaoundé VI, Jacques Yoki Onana. Un différend qui a plombé les travaux de construction d'une extension du marché de BiyemAssi dans le VIème arrondissement. Malgré l'intervention du ministre de la Décentralisation et du développement local (Mindevel), George Elanga Obam, le maire de la ville est resté arcbouté sur sa position de démolir tout ce qui avait été construit par le maire Yoki Onana. De quoi provoquer l'ire du Mindevel, qui avait évo-
qué derechef le recours à la force.

Ahmed MBALA


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