Invalides !

 Je ne suis pas allé aux Invalides, hier !

Le subconscient est un crevard, il organise ton agenda à ton insu, tu ne sais jamais vraiment quelle strate de ton coté obscur tu habites en ce moment.

Sans doute voulait-il  garder, l'inconscient, dans la couche encore intacte, la seule émotion qui vaille : celle de la première fois.

Décembre 78 

En attendant la navette Air France pour Orly sur l’esplanade des Invalides, puisque pour rentrer à Bordeaux en ce temps on ne prenait pas un TGV mais une Caravelle Air Inter, j’entrai dans la cour.

Des militaires en phase "présentez armes" m’attendaient (à n’en pas douter) et la cérémonie commença. 

Grands uniformes, Marseillaise, cavalcade,  les sabots sur les pavés rendus majestueux par l’acoustique de l’endroit m’imposa sa grandeur. Tremblant d’émotion sur mes petites jambes, antimilitaire ébranlé comme les murailles de Jéricho au son de la trompette,  je compris ce jour là comment on fait marcher les gens au pas. L’émotion, le groupe, la troupe, le tambour, la cause. Celui d’en face est un enculé, forcément, puisqu’il n’est pas nous, c'est à dire pas moi.

Si j’ai été saisi d’émotion dans cette cour un jour du siècle dernier et que je veux garder intacte cette première fois, c’est parce que m’avait traversé l’image des estropiés, un bras sur un champ de bataille et le reste du corps dans une chambre dont la fenêtre donnait sur la cour où friment les survivants dans le pétrichor des âmes des invalides

Belmondo est un acteur. Il n’est pas dupe de la mascarade. Il a fait le job

Pas de scandales, pas d’histoires crapoteuses de Q ou d’évasion fiscale, il n’a jamais donné son avis sur Untel et n’a pas lâché une info genre Ursula Andres dormait dans  son tanga. Un gentleman.

Dans ce pays qui devient fou, où chacun cherche sa propre histoire, il faut le mec solide qui distribue des mandales et va finir sa bière en foutant le feu au bistrot en sortant pour oublier le connard prêt a se faire exploser parce qu’il entend de la musique et voit des femmes en jupe (alors que si tu n’aimes pas les concerts il suffit d’éviter la piqure et si t’aimes pas la Covid tu joues au toréador avec le virus comme " Un singe en hiver").

Voilà pourquoi je n’ai pas traîné du coté des Invalides ce jour là

Pas envie d’entendre la musique du "Professionnel" avec l’image du chien Royal Canin superposée à celle de Bébel roulant des épaules vers l’hélicoptère, le devoir accompli, pendant que des fonctionnaires décident s’il doit vivre ou pas en fonction du plan de carrière de quelques planqués.

"Voilà pourquoi je n’ai pas traîné du coté des Invalides ce jour là" …

Le panache du "Magnifique" ne peut s’honorer de l' hommage d’un "Guignolo" qui en est dépourvu devant des tubes digestifs au garde à vous et des portes manteaux assis ...

... et Jean-Paul n'a rien pu faire pour Marie-France, aussi.