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L'important, c'est de bien s'entendre

Publié le 19 septembre 2021 par Desfraises
L'important, c'est de bien s'entendre
Nous avons choisi d'être en avance pour éviter la cohue ou être empêchés de nous asseoir où bon nous semblait. 18h45 pour une séance à 19h15, nous étions larges. Devant l'entrée ou dans le hall, personne, en fait. Bon... Un coup de paume sur le poussoir du distributeur de gel hydroalcoolique à disposition, le masque ajusté, on présente nos passes sanitaires puis les places achetées sur l'application du cinéma. L'hôtesse nous scrute avec curiosité. J'en profite pour signaler les traces sur le grand écran ou le projecteur, on ne sait pas, que nous avions remarquées la veille pour Dune de Denis Villeneuve qui nous a laissés sur notre faim. Pas grand chose, des pattes de mouches, une broutille. Mais qui gâche un peu le plaisir d'un film visuellement aussi abouti. Ah ? Oui ? s'étonne l'hôtesse d'accueil (peut-être la gérante) qui semble prendre à cœur la question. Puis elle nous indique avec force gestes le chemin vers la salle 3. 

Personne pour la séance de 19h15 de l'Origine du monde de Laurent Lafite. L'embarras du choix des places. Mon mec comble la demi-heure d'attente en me questionnant sur le qui paie quoi qui gagne quoi avec un film qui fait chou blanc. J'ai une petite idée, j'évoque la complexité de la toile d'araignée sur laquelle est posée l'objet film, toute petite chose fragile dépendant de tant de facteurs. En fait, mon mec se demande surtout comment un film qui a eu droit à tant de promos se retrouve avec deux spectateurs le lendemain de sa sortie. 

Nous ne sommes finalement pas seuls car un couple prend place tout au bout du même rang. Un cinquième et dernier spectateur opte pour un fauteuil central. 

Viennent les pubs que je comble en papotant, forçant la voix à franchir la barrière du masque mais surtout à me rendre plus audible de mon mec. Comme j'augmente le volume de ma voix, je l'agace, je me justifie "sinon, tu ne m’entends pas", il rétorque "je ne suis pas sourd !", nous nous chamaillons. Ça nous occupe le temps des pubs.

Viennent ensuite les bandes annonces puis le générique. Le film commence par Cadeau, chanson de Marie Laforêt. En sous-titres, les paroles. 

Pour neuf mois de patience et douze heures de souffrance 

CADEAU 

Pour tant de nuits de veille, surveillant ton sommeil 

CADEAU

Puis on reconnaît les voix de Laurent Lafite et Karin Viard. Dialogues sur fond noir. Les personnages apparaissent. Encore des sous-titres, comme des sur-titres pour un opéra avant-garde en croate dans le texte. "Il se lève et joue un morceau de Gabriel Fauré au piano". Mais.... LE FILM EST EN AUDIODESCRIPTION. Tout est décrit. Pour les sourds et malentendants. Mon mec et moi chuchotons. On ne peut pas, on fait plus une fixette sur les sous-titres que sur l'action à l'écran. Je réalise ma méprise. J'ai réservé la séance en audiodescription. Et tout s'éclaire. Tout s'explique. Le peu de monde, l'air intrigué de l'hôtesse qui nous voyait lui parler normalement, qui articulait exagérément BON-NE SOIIIIIREEEUH, les gestes prévenants à l'entrée. Nous marmonnons dans nos barbes, peut-être un peu trop fort car le couple au bout du rang nous fait CHUUUUUUUUT. 

Ils nous entendent ?!


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