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Les dressings, d'Annik Mahaim

Publié le 22 septembre 2021 par Francisrichard @francisrichard
Les dressings, d'Annik Mahaim

Les dressings? Il s'agit d'un mot de franglais, qui est la forme abrégée de dressing-room signifiant en anglais penderie.

D'après le Longman, Dictionary of Contemporary English, dressing tout court a en effet trois acceptions:

- mélange de liquides (d'où par exemple french dressing qui signifie salade à la française)

- farce (dans le sens alimentaire)

- pansement appliqué sur une blessure.

À partir de dressing, employé en raccourci dans le sens de penderie, le sens dérivé est habillement et c'est dans ce sens-là qu'Annik Mahaim l'emploie surtout, avec à l'esprit l'expression anglaise de dress code:

- standard de ce que vous devez porter dans une situation particulière (toujours selon le Longman).

Dans son livre, l'auteure (qui préfère le mot autrice1) passe en revue l'inouïe variété de nos pièces de dressing Et Dieu sait qu'elles sont variées! Afin de faciliter la lecture de cette revue, elle les classe par genre:

- Dressings en bric-à-brac

- Dressings socio-économiques

- Dressings familiaux

- Dressings intimes

- Dressings thérapeutiques

- Dressings qu'on ne préférerait pas

- Dressings chimériques.

Il ne faut pas croire que ce livre soit fastidieux, même s'il fait un grand tour de la question du vêtement, de la vêture, de la tenue, en fonction des circonstances. Car l'auteure est malicieuse et facétieuse, et a pris visiblement beaucoup de plaisir à écrire sur le sujet.

Si elle ne prétend pas à l'exhaustivité puisqu'elle ne remonte pas trop loin dans le temps (à l'exception d'Adam et Ève qui, les premiers, vêtirent des parties de leurs corps), privilégiant le nôtre, elle décrypte avec humour ce que les gens portent en répondant aux quand, comment et pourquoi ils le font.

Comme diraient les Anglais, elle dé-code les dressings en examinant ses semblables, voire elle-même, sous toutes les coutures. Elle ne le fait toutefois pas à la légère, les références qu'elles donnent en fin d'ouvrage le prouvent.

Dans sa chanson Initials BB, Serge Gainsbourg chante:

Elle ne porte rien
D'autre qu'un peu
D'essence de Guerlain
Dans les cheveux

L'auteure imagine une scène analogue dans Dressings intimes.

Un amant avait besoin qu'elle se revête d'une célèbre marque de parfum, sans laquelle rien ne lui était possible. Or il se trouve qu'il s'agissait du parfum de sa mère à elle:

Se livrer nue à de réjouissantes acrobaties en compagnie d'un homme nu, dans l'odeur de maman omniprésente dans le lit, la bloquait quelque peu.

Ils trouvèrent un compromis, sans doute helvétique, grâce à une eau de toilette de la même marque, suffisamment différente pour qu'elle puisse en pleine action oublier sa mère, mais pour lui suffisamment semblable à son parfum fétiche.

Francis Richard

1 - Autrice, grammaticalement plus juste, est moins usité qu'auteure, musicalement plus agréable, bien qu'ambigu: pour les puristes, l'Académie française admet les deux formes... mais c'est l'usage qui, comme toujours, décidera.

Les dressings, Annik Mahaim, 96 pages, Éditions de l'Aire

Livres précédents:

Pas de souci! Plaisir de lire (2015)

Radieuse matinée Éditions de l'Aire (2016)

La femme en rouge Plaisir de lire (2018)


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