A l’occasion de sa participation à la trente – quatrième biennale de São Paulo, Kelly Sinnapah Mary a bien voulu nous accorder un entretien. Au cours de cette conversation, elle évoque l’évolution de sa série Cahier d’un non retour au pays natal et de son héroïne Sanbras. Elle explique comment elle a dû adapter son projet au contexte très particulier de cette biennale et comment le contexte actuel a influencé la conception de cette installation et sa production artistique en général.
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La biennale de São Paulo a été fondée en 1951 par Francisco Matarazzo Sobrinho, entrepreneur d’origine italienne, cinquante-six ans après Venise et quatre ans avant la Documenta Kassel. C’est Première biennale organisée en dehors de l’Occident. Elle est restée configurée selon le modèle vénitien des pavillons nationaux jusqu’à sa 16e édition en 1981.
En 1994, 1996, 1998 des artistes de la Caraïbe dont la Martinique et plus précisément Serge Goudin Thébia, Ernest Breleur, Marc Latamie ont participé aux Biennales de São Paulo.
Le titre de la 34e Biennale de São Paulo, Même s’il fait sombre, je chante encore, s’inspire d’un poème du poète amazonien Thiago de Mello, publié en 1965. À travers cette phrase poétique, les organisateurs reconnaissent l’urgence des problèmes qui défient la vie dans le monde actuel, tout en soulignant le besoin de l’art comme champ de résistance, de rupture et de transformation. Quelles formes d’art et quelles manières d’être au monde sont actuellement possibles et nécessaires dans les temps sombres d’aujourd’hui?
L’installation « Notebook 10, the childhood of Sanbras » comprend
2 tapisseries peintes recto verso en tout 4 peintures sur voilà les dimensions :
290 cm x 290cm
340 cm x 240 cm
Ce sont des peintures acryliques sur tapisserie.
Les sculptures sont réalisées avec une structure en fer, du papier, puis du mortier et enfin de la peinture acrylique et une couche de vernis.
Par son titre cette installation appartient à la série Cahier d’un non retour au pays natal. La série Notebook of no return fait directement référence au poème d’Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, publié en 1939. Elle évoque le destin des travailleurs indiens engagés pour suppléer les esclaves dans les champs de canne des Antilles. Cet exil forcé brise le tabou hindouiste du Kala Pani : franchir les eaux noires de l’océan interrompt le cycle de la réincarnation et condamne à l’errance perpétuelle. Il entraîne une mutilation psychologique et une métamorphose nécessaire à l’adaptation au nouveau contexte géographique et culturel. Cette rupture avec le pays natal est vécue comme une amputation brutale.
Kelly Sinnapah Mary pratique une appropriation syncrétique des contes de fée et des légendes. Freud a été le premier à découvrir la nature symbolique des contes de fées qui, comme les mythes et les légendes, plongent dans les parties les plus primitives de la psyché. Ensuite, Bruno Bettelheim, pédopsychiatre, a apporté un éclairage sur la fonction thérapeutique des contes de fées sur l’enfant et l’adolescent. Il voit dans le conte de fée un rite de passage entre l’univers de l’enfance et le monde des parents. Le conte aide les enfants à donner du sens à leur vie : il formule à sa façon ce qui, du monde des adultes, leur échappe et les intrigue.
Que nous dit Kelly Sinnapah Mary de ses sources d’inspiration et de sa pratique artistique depuis 2013?
DB
Et pour retrouver quelques articles que l’Aica Caraïbe du Sud a publié sur la démarche artistique de Kelly
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