Polyphème, mon oeil !

A 13 heures je sortais d’un déjeuner avec une extension du Moi enrichis d’infos inédites sur mézigue. Je quittais cet homme et la gare de Lyon empli de psychologie ferroviaire, de tact et de houblon, d’humour raffiné. Une extension du Moi disais-je un ami Facebookien qui avait accepté la rencontre malgré ma réputation de merde.

Je franchis la Seine attraviersamo le jardin des Plantes sortais à Jussieu et rejoignis le boulevard Saint Germain. Le musée de Cluny était fermé. Derrière l’Odéon et le Sénat, aux jardins du Luxembourg je tentais de trouver une consolation culturelle auprès de la Fontaine Médicis. Elle était de nouveau fréquentable après de longs travaux. Une jeune prof expliquait la légende de Polyphème à un groupe d’écoliers"Acis était l'amant de Galatée mais Acis fut victime de la jalousie du cyclope Polyphème, également amoureux de Galatée mais disqualifié par ses traits monstrueux. Polyphème, ayant surpris les deux amants, arracha un rocher de l'Etna et le précipita sur Acis. Galatée, voyant des filets de sang de Acis sourdre sous le rocher, pria les dieux de les changer en un fleuve pour qu'ils puissent rejoindre la mer." Les filles étaient pensives, jouaient avec leurs cheveux, un garçon dit j’ai mal à la tête, un autre j’ai faim. J’avais une autre version.Cyclope regardait Galatée d’un sale œil mais Aziz la calculait aussi. Il avait deux yeux identiques, un compte Instagram gavé de followers, du shit et du cash. Pendant qu’ils se roulaient six clopes au bord de la fontaine, l’œil de l’autre mateur n’était pas dans sa poche. Vénère, il arracha un volcan, direct, transforma Aziz en pizza en disant à Galatée que l’on ne peut avoir le beur et l’argent du beur. Galatée était dotée du super pouvoir de métamorphe comme Mystic dans les X Men. Elle se changea en eau en disant à n’a qu’un œil "j’fais qu’est ce que j’veux j’te f’rais dire". Elle rejoignit son amant bien dilué pour faire l’amour avec la mer comme Véronique Jannot et Pierre Bachelet.Bon, les gamins ne connaissait pas ce grand fou de Bachelet ni cette cruche de Véro mais il touchait leurs billes sur les X Men.Je sortis des jardins en pensant à la pièce d’hier soir,"L’inavouable" à la comédie des Champs Elysées. Avant de rencontrer celle qui a calmé mes colère, Michel Leeb m’aurait fais fuir. Je m’endormais au théâtre de Boulevard et je rouscaillais d’être réveillé par les portes qui claquaient, dérangé par les amants dans les placards. Je n’étais plus L’intranquille trouvé entre les pages de Pessoa, ni le George Duroy de Maupassant, ni le Tom B. Dunid de Phalène de Lamparo, ni le Don Fabbrizzio, guépard vieillissant de Giuseppe Tomasi di Lampedusa ces hommes d'un seul livre, et encore moins le François de Raymond Radiquet, je n’avais plus le diable au corps. Je ne trouvais plus de postures dans les livres, j’étais moi.J’avais décidé d’être bien où j’étais placé par diverses péripéties dans le continuum de l’espace/temps et je riais à ce personnage de cocu, possessif, exclusif et macho, fier de se perpétuer à travers la paternité et humilié de n’être qu’un géniteur alternatif ou potentiel, impuissant devant la rouerie de la vie. J’avais les jambes élégantes de Florence Pernel là, à portée de vue, mais je n’attendais pas un croisé/décroisé à la Sharon Stone et je cessais de la regarder comme la vitrine d’un concessionnaire Triumph en attendant l’ouverture.J’ai applaudi à transpirer des aisselles et j’ai ri à gorge d’employé ( laisse, c’est pour moi) Par la rue de Fleurus puis la rue de Rennes, celle d’Odessa, le square Stéphane Eissel je rejoignis, par la Gaité, la rue Raymond Losserand avec un petit bout de l’avenue du Maine. Pernety, Plaisance, j’ai pris un bock chez Hassen qui ne me demande plus mon pass. Ça pèse, non ?