Critique Ciné : Gagarine (2021)

Gagarine // De Fanny Liatard et Jérémy Trouilh. Avec Alséni Bathily, Lyna Khoudri et Jamil McCraven.

Gagarine est un film étonnant, non seulement pour le sujet qu’il explore mais aussi sa façon de l’explorer. Je ne connais pas la cité de Gagarine à Ivry sur Seine mais toute l’histoire et la façon de mettre en scène cette cité est parfaite. On est plongé dans le réel, au sein d’une communauté soudée, loin de ce que les chaînes d’information aiment montrer des banlieues. C’est l’histoire de gens qui ont vécu toute leur vie dans cette cité de briques rouges mais Gagarine associe ce réalisme étonnant et réussi à un véritable récit onirique. Le rêve de Youri est de devenir cosmonaute. Sa passion pour l’espace et sa fascination pour ce métier permettent de créer une vraie métaphore, celle de l’évasion. Youri cherche à échapper à cette cité qui le ramène tout le temps au réel. Car Gagarine c’est aussi une histoire réaliste et chaleureuse. Une fois le film achevé on a qu’une seule envie : retourner à Gagarine et passer du temps avec tous ces personnages.

Youri, 16 ans, a grandi à Gagarine, immense cité de briques rouges d’Ivry-sur-Seine, où il rêve de devenir cosmonaute. Quand il apprend qu’elle est menacée de démolition, Youri décide de rentrer en résistance. Avec la complicité de Diana, Houssam et des habitants, il se donne pour mission de sauver la cité, devenue son " vaisseau spatial ".

Gagarine utilise donc le vaisseau spatial comme métaphore de l’immeuble. D’ailleurs ce dernier dans la scène finale est transformé en vaisseau spatial. C’est visuellement magnifique. Fanny Liatard et Jérémy Trouilh font les choses de façon intelligente en introduisant de nombreuses scènes poétiques qui viennent caresser les yeux du spectateur. Loupé lors de sa sortie en salles (car jamais sorti où j’habite dans mes cinémas), c’est un immense regret de ma part. Il y a ici une vraie expérience qui aurait mérité d’être vécue en salle. Gagarine se veut à l’opposé des films de banlieues habituels : loin des caricatures. De plus, les dealers de Gagarine sont ici des blancs et ceux qui rêvent sont des français d’origine africaine ou maghrébine. Ce contre-pied narratif permet de porter un regard totalement différent sur la banlieue. Car si beaucoup ont cette mauvaise image des banlieues, les banlieues sont avant tout des lieux où la solidarité et l’amour de l’autre sont présents.

Note : 9/10. En bref, brillante surprise.

Sorti le 23 juin 2021 au cinéma