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Hacer la paz en las regiones del mundo, un livre de Jacques Ténier

Publié le 05 octobre 2021 par Slal

Octobre 2021

Lluvia Editores, un éditeur de grande qualité à Lima, Pérou, associé avec l'Harmattan, nous offre la traduction d'un livre important de Jacques Ténier dont on doit bien reconnaître chaque jour qu'il est d'une grande actualité.

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Jacques Ténier

Hacer la paz en las regiones del mundo.

Ensayo sobre el acercamiento de los pueblos

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La tradición de las naciones como la de los hombres los lleva a enfrentarse a cualquier precio. Hasta 1945, el primer campo de batalla era el continente europeo. La fundación de las Comunidades Europeas llegó para sancionar los desastres provocados por las guerras mundiales e instituyó los pensamientos de cooperación y paz. Juntos, los europeos occidentales prosperan. No tienen, sin embargo, ninguna curiosidad por los encuentros pacíficos en los otros continentes ; varios países continúan conjeturando sobre el belicismo vendiendo armas. Medio siglo ha pasado y el libre comercio mundial amenaza con disolver las alianzas regionales. Si el capitalismo sin fronteras participa en el desarrollo de ciertas regiones, rompe las solidaridades de otras. Los más pobres son abandonados en el camino. Se buscan soluciones aparentes dentro de un nacionalismo renovado. Las solidaridades deben ser reinventadas en la apertura de las naciones hacia sus naciones vecinas y en la organización de las relaciones entre las regiones del mundo, puesto que fundadas sobre la confianza y sobre la solidaridad del fuerte al débil, las integraciones regionales que no se limitan al comercio ofrecen medios de acción al servicio de todos. El reconocimiento mutuo de estas experiencias es un hilo de Ariadna en el laberinto de la globalización.

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Faire la paix, quelle drôle d'idée aujourd'hui ! Tout le monde en parle, et surtout les dirigeants uniques de vastes États aux menées impérialistes à peine dissimulées. Tous agissent au nom de la paix. Ou plutôt de LEUR paix. Voilà qui n'est pas nouveau, et l'utilisation forcenée des techniques d'information actuelles n'y pourra rien changer. Les contes de notre enfance regorgeaient déjà des manœuvres dolosives des ogres ou des vilaines sorcières surtout avides d'attirer à eux les bambins trop confiants.

Mais voyons aussitôt que Jacques Ténier précise qu'il convient d'agir pour la paix dans des régions du monde qu'une certaine modernité politique a entrepris de repenser. Loin de se résumer ici au simple énoncé des caractéristiques géographiques des territoires, le propos consiste à faire mieux connaître la réalité des modalités politiques originales élaborées en commun pour qu'elles correspondent plus étroitement avec l'âme des pays et le respect de leurs diverses populations. Elles ne sont sans doute pas si neuves que cela les idées évocatrices de l'humanisme si cher aux anciens, à Érasme, à Montaigne et à Montesquieu ; le rappel des principes fondateurs du rapprochement entre les États s'accorde aux multiples conceptions qui proposent de sortir de l'intolérance et d'accorder à la frontière l'importance qui lui revient dès lors qu'elle redevient un lieu du contact, d'échange, plutôt que de séparation. Voici le temps assumé de la redécouverte de l'Autre, celui qu'on renonce à traiter de barbare, ou de muet, pour la seule raison qu'il ne partage pas notre langue. La frontière devient alors le chemin de la paix après qu'elle a été l'origine immémoriale de la violence, la violence dirigée vers son frère d'abord, les gens du groupe d'à côté ensuite, et pour finir les occupants des terres au-delà d'une barrière péniblement érigée.

La violence et la guerre trouvent une légitimation à jeter le doute sur le droit de l'Autre à subsister, comme si cette simple existence concomitante devait se développer au détriment de celui qui revendique précisément le droit à la guerre. Étienne de La Boétie nous rappelait il y a bien longtemps déjà qu'il était dans la nature des hommes d'être libres « puisque nous sommes tous compagnons », mais que dans le même temps un grand nombre d'hommes sont « ensorcelés » par le nom d'un seul homme, un homme « qu'ils ne devraient [pas] redouter puisqu'il est seul, puisqu'il est envers eux tous, inhumain et cruel ». Et c'est dans le but de s'assurer de cette servitude volontaire que le tyran joue de la guerre comme d'un recours censé protéger de l'extérieur un peuple entretenu dans certains de ses instincts néfastes par un manque de diffusion culturelle soigneusement assumé. E. Hobsbawm disait que, parmi différentes modalités l'autorisant à revendiquer l'appellation de « nation », et à se prétendre grand, un peuple se devait de faire la preuve de sa capacité de conquête, de se montrer impérialiste. Maintenir son illégitimité par la force despotique à l'intérieur de ses frontières, ou par la rivalité avec les voisins, par la guerre, est un artifice vieux comme le monde. La paix, voilà l'ennemi pour le pouvoir solitaire ! On voit bien aujourd'hui encore dans plusieurs continents que cet appareillage peu subtil de menaces, qu'elles soient matérielles, politiques ou économiques, s'attaque désormais plus volontiers à des ensembles régionaux cohérents formés par des pays, par des États tellement meurtris par l'Histoire qu'ils ont fini par douter d'une vérité égoïste et ont décidé de faire, et de maintenir, la paix ensemble. Les tyranneaux, clowns pathétiques, oppresseurs vicieux, despotes insensibles, ne peuvent supporter l'émergence d'organisations efficientes battant en brèche leurs prétentions à prolonger dans un temps qu'ils imaginent éternel, et dans une région généralement réinventée, leur triste pouvoir et leur cassette déjà abondamment garnie. Face à ces despotes, les constructions régionales telles que la Communauté européenne, désormais Union, entreprennent une répartition du pouvoir sur les peuples qui la composent en faisant éclater peu ou prou le carcan des prétentions nationalistes qu'on voudrait croire surannées, mais qui, il faut le reconnaître, résistent encore sous certaines latitudes.

Il est bon qu'un livre comme celui de Jacques Ténier nous expose de façon aussi précise comment un monde moderne doit s'efforcer de se défaire des pesanteurs idéologiques propres aux antiques régions du monde, c'est-à-dire à ces espaces plus ou moins vastes où la malfaisance éventuelle d'un groupe d'individus revêtus des oripeaux du nationalisme se verrait confrontée à des communautés de pays accordant plus de poids aux rapports humains, aux échanges culturels (et pourquoi pas économiques), à l'éducation, à la science, à d'heureuses politiques propres à rapprocher les êtres.

En relativisant les frontières, comme dans les constructions régionales en formation, l'homme moderne limite le pouvoir accordé à celui qui feint de se mettre au service des siens. Nous n'ignorons plus que les sentiments identitaires instillés par le nationalisme et le populisme visent surtout à détourner vers les représentants d'une identité concurrente l'animosité d'un peuple lassé des exactions de ceux qui l'exploitent directement. En relativisant les frontières, ne s'agit-il pas pour les politiciens de s'atteler à une tâche exaltante qui consisterait à replacer l'homme dans la maîtrise de son destin. D'où qu'il provienne, l'homme sera alors en mesure de découvrir le voisin, prendre conscience qu'il est son « compagnon naturel », le comprendre, relativiser la portée de positions identitaires opposées aux valeurs humaines communes. Faisant fi de l'imperméabilité des frontières, il s'apprêtera à reconsidérer l'Autre venu des continents lointains, il tendra à redonner de l'importance à un système de valeurs mis à mal depuis des siècles, et peut-être finira-t-il par maîtriser ce réseau informe de communications « sans frontière » en train d'émerger. Pour le citoyen ouvert sur le monde, les constructions régionales sont apaisantes car au bout du compte, comme le suggère J. Ténier , « les relations interrégionales sont des réalités humaines avant d'être des constructions politiques, des entreprises économiques » (p. 136).

Alors oui, la construction régionale est difficile à mener. Elle fait l'objet d'attaques multiples, de l'intérieur comme depuis l'extérieur. Les nationalistes d'extrême-droite de l'intérieur toujours portés sur le culte du chef y perçoivent l'ennemi extérieur et ils ne cessent par exemple de vilipender les fonctionnaires sans visage de Bruxelles, tandis que, soucieux d'un expansionnisme dans lequel ils trouveraient toujours à se placer, les tenants d'une Internationale pilotée par un grand État-Nation frère n'hésitent pas à critiquer une idéologie opposée à de prétendus principes. Et depuis l'extérieur, il ne manque pas de de dirigeants tout-puissants de grands ensembles géographiques (à l'histoire aussi approximative que revendiquée) pour rêver d'entraver de telles constructions capables d'atteindre une taille de fonctionnement qu'ils jugent pour eux critique. Jacques Ténier nous dit qu' « il nous faut penser le monde comme faisant société et non pas comme l'ailleurs de nos conquêtes et de nos défaites ». De quoi déplaire à ceux qui ne goûtent guère qu'un principe d'intégration ne visant même pas à constituer un bloc de pouvoir supranational authentique, vienne défier des grands ensembles déjà formés qu'ils tiennent pour leur propriété. Comment supporter ces idées venues des Lumières qui risquent de leur faire de l'ombre ? L'humanisme leur fait horreur, la volonté de partager avec l'Autre choque leur tendance à privilégier les intérêts individuels en toutes circonstances.

Le chemin est long qui mène à la reconnaissance pleine et entière des régions du monde comme vecteurs de paix. Raison de plus pour lire Jacques Ténier, et nous persuader qu'il n'existe pas véritablement d'autre chemin digne de l'avenir.

Dominique Fournier

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