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Complainte d'un lézard amoureux

Par Vertuchou

N' égraine pas le tournesol,

Tes cyprès auraient de la peine,

Chardonneret reprend ton vol

Et revient  à ton nid de laine.

Tu n'es pas un caillou du ciel

Pour que le vent te tienne quitte

Oiseau rural, l'arc-en -ciel

 S'unifie dans la marguerite.

L'homme fusille, cache-toi;

Le tournesol est son complice.

Seules les herbes sont pour toi,

Les herbes des champs qui se plissent.

Le serpent ne te connais pas ,

Et la sauterelle est bougonne;

La taupe, elle, n'y voit pas;

Le papillon ne hait personne.

Il est midi, chardonneret.

Le séneçon est là qui brille.

Attarde-toi, va, sans danger:

L'homme est rentré dans sa famille!

L'écho de ce pays est sûr.

J'observe, je suis bon prophète;

Je vois tout de mon petit mur,

Même tituber la chouette.

Qui, mieux qu'un lézard amoureux,

Peut dire les secrets terrestres?

Ô léger gentil roi des cieux

Que n'as-tu ton nid dans ma pierre!

                          Orgon, août 1947

   René Char

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