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Jacques Schiffrin: Un éditeur en exil

Publié le 16 octobre 2021 par Jpryf1

 Amos Reichman s'attache a retracer la vie de  Jacques Schiffrin  connu pour être le créateur de la superbe collection de "La Pléiade" à Paris. Ce que l'on retient d'abord c'est la grande amitié de Jacques Schiffrin et d'André Gide , une amitié qui ne faiblira pas malgré les épreuves et durera, comme leurs correspondances jusqu'à leur mort.

Le premier livre que publiera Jacques Schiffrin dans la Pléiade sera une traduction de Pouchkine réalisée conjointement par lui-même et André Gide. André Gide sera le premier auteur publié de son vivant dans la Pléiade.

Est évoqué aussi le fameux voyage de Gide en URSS, voyage émouvant pour Jacques Schiffrin  qui eut, grâce a ce voyage, l' occasion de revoir son pays natal, qui en fut déçu et qui quitta rapidement l'équipe de ce voyage.

Une grande partie est consacrée à l'exil auquel fut contraint Jacques Schiffrin au moment de l'occupation de la France et , en raison de l'attitude des autorités françaises, un exil très compliqué à organiser , aux Etats-Unis, plus précisément à New-York où Jacques Schiffrin devint , à nouveau éditeur avec beaucoup de difficultés et où, fidèle à André Gide il publia comme premier livre les Interview imaginaires .

En décembre 1943 André Gide lui adresse un télégramme depuis Fez au Maroc lui accordant "pleins pouvoirs pour toutes questions concernant la traduction de mes oeuvres."

Il créa une maison d'édition Panthéon Books et là encore il eut des textes de Gide. Le roman de Camus, l'étranger étant paru chez Gallimard, Schiffrin vérifie que Camus n'a pas cédé aux Gallimard  ses droits pour les EU il traite directement avec Albert Camus et l'Etranger sera publié par lui aux EU. Il crée une collection ressemblant à la Pléiade et les français aux EU se réjouissent de retrouver des livres de cette qualité. Il fait un énorme travail pour faire connaître la littérature européenne en Amérique car de New York il a des relations avec de nombreux autres pays du continent.

L'auteur montre    comment les Galimard se comportèrent mal avec celui qui avait créé la Pléiade et qui leur avait ensuite cédé cette prestigieuse collection! Schiffrin ne pourra jamais reprendre la direction de la Pléiade malgré l'appui d'André Gide qui dés juin 1942 écrira à ce propos :" Il reste et restera, quoiqu'il en soit et puisse être, que la Pléiade est VOTRE œuvre .On le dit; on le sait; on le saura."

La famille Gallimard  veut se racheter et lui adresse une lettre reconnaissant son travail et l'appelant a revenir prendre de nouveau la direction de la collection .

Ce livre est passionnant car il nous montre comment les écrivains, les artistes réagirent au moment de l'occupation, obligé pour certains de s'exiler , eux aussi aux Etats Unis .

Il y a aussi des pages émouvantes sur la situation de Schiffrin après la guerre partagé qu'il est entre son désir de revenir à Paris, ses rêves d'une nouvelle vie en France et son état de santé, sa faiblesse qui l'en empêche. (p 178 et s.). Il meurt en 1950 sans avoir revu la France et les derniers mots écrits par André Gide dans son immense journal sont consacrés au décès de Jacques Schiffrin : Nul ne méritait plus que lui d'être aimé" ( p.231).


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