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Il suffit de passer le pont

Publié le 27 octobre 2021 par Alexcessif

Il suffit de passer le pont

Nuit et forêt cévenoles 


J'ai franchi le Gardon à Anduze ensuite je ne sais pas.

Je suis personne, je ne suis pas, je fais pour dire.

Ensuite, je suis entré dans une pharmacie sans savoir ce que j’y voulais. Vers Nîmes, je prenais un giratoire parce qu’il me semblait avoir aperçu un distributeur de billet puis renonçant devant la machine découvrant soudain que je n’avais pas besoin de cash, de rien ni de personne. A Alès, je tournais en rond. Tout cela n’était que prétexte d'un autre Moi feignant d’ignorer une destination que j’avais une furieuse et irrationnelle envie d’atteindre. Saint Jean du Gard est apparu sans rien savoir de l'itinéraire pour y parvenir. La signalétique sans doute où Waze dont je ne souviens pas l’avoir renseigné puisque j’ignorais mon but. Je n’avais aucun souvenir. Ce n’était pas moi, c’était l’autre. Puisqu'une force mystérieuse s’était emparée de mon âme, je suis descendu de voiture.

J’ai suivi les chronons comme une fourmi suit le chemin des phéromones d’un passé dont les années ne sont que quelques heures. J’ai reconnu la place et les platanes où notre histoire avait commencé. Les chronons sont les cendres du temps, ils sont la mémoire de toutes les brûlures que nous inflige le temps. Il suffirait d’un souffle pour les éparpiller et de la volonté pour emplir mes poumons d’une ère nouvelle au prix exorbitant de leur dispersion.

Je n’en ai pas les moyens. Ton absence me suffit.

J’agis pour avoir des trucs à raconter de préférence à des inconnus. Je suis persuadé de ma non-banalité de vivre une existence non-exceptionnelle. Un non-agir mystique de non-être empreint de la non-volonté du détachement.

Je ne veux rien savoir du renoncement. Immature je reste et tant pis pour moi! Une tranche de mon passé emplit mon présent. C’est un miel mélancolique dont tu es l'abeille. Il coule mais je ne sombre pas. J’exécute les affaires courantes, les gestes du quotidien d’un monde ancien des vivants. Celui où l’on ri, chante, s’aime. La vue des amoureux me comble. Je veux tout ignorer de leur bonheur ! Ce serait indiscret. A moins que je ne craigne d’apercevoir l’éphéméride de sa durée sur l’effet des rides.

Je ne pensais plus à toi. Enfin, pas de façon structurée, genre image et flash back à l’appui. Ton souvenir n’était qu’un passager clandestin pesant et léger parfois exaltant, parfois castrateur au moment où j’avais le besoin le plus vif de toutes mes ressources.

Basta ! De retour d’Avignon me voilà – par hasard - marchant entre Saint Germain de Calberte/Cassagnas-Gare/Mimente/Saint Germain de Calberte récupérant la bagnole et rentrant à Paris dans la foulée. 24 heures bien pleines d’enivrante nostalgie.

Sommes –nous encore proxime ?

Ta carrière a-t-elle survécu à cette étrange période qui a tué du vivant et réveillé des morts ?

Brassens attendait le succès impasse Florimont en face de chez moi dans un bicoque sans eau courante ni électricité. Le succès n'a cure de l'urgence. Le désespoir l'indiffère, il est insensible au talent. Il passe sur le pas de la porte et ramasse celui qui patiente avec sa passion.

J'attends! Le talent en moins, le confort en plus.

Sommes nous voisins, lui de moi et moi de toi? La déraison de ma présence à Paris doit à l'un de vous. Mon inconscient est un crevard mais ...

... Je possède le temps !


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