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Je vais ainsi, de Hwang Jungeun

Publié le 03 novembre 2021 par Francisrichard @francisrichard
Je vais ainsi, de Hwang Jungeun

Il s'agissait de deux locations qui partageaient l'entrée et une salle d'eau équipée de toilettes. On les avait aménagées en divisant en son milieu un sous-sol, qui à l'origine avait servi de cave. [...] Cette cloison était volontairement incomplète à ses extrémités.[...] Les gens habitant d'un côté ou de l'autre de la cloison n'avaient pas un logement complet, mais seulement la moitié. À chaque extrémité, l'entrée et la salle d'eau étaient des parties communes au foyer de gauche et à celui de droite.

Dans ce logement ont habité ensemble pendant leur enfance, d'un côté Ae Ja et ses deux filles, So Ra et Na Na, de l'autre Sun Ja et son fils Na Ki. Ae Ja et Sun Ja sont toutes deux veuves et leurs familles sont donc monoparentales.

Leurs histoires, qu'elles soient communes ou individuelles, sont racontées par So Ra, Na Na, Na Ki. Mais leurs récits mélangent allègrement premières et troisièmes personnes, si bien qu'ils obligent à une lecture des plus attentives.

Les deux soeurs So Ra et Na Na sont très complices. Elles le sont d'autant plus que leur mère a une attitude inquiétante à leur égard, car elle s'absente de temps en temps sans crier gare et les laisse alors se débrouiller toutes seules.

Na Ki est pour elles un grand frère, même si elles auraient aimé qu'il soit davantage que cela, pour l'une en tout cas, sinon pour l'autre. Ce qui les rapproche, c'est que la mère de Na Ki est une mère de substitution pour toutes deux.

Ces trois enfants, même devenus adultes, sont très imaginatifs. Leur imagination est d'autant plus exacerbée qu'ils sont sujets à des rêves prémonitoires, et qu'au moins deux mystères, qui ne sont que temporaires, l'entretiennent.

L'un de ces mystères est que Na Na est enceinte sans que, dans un premier temps, So Ra en soit sûre, puis qu'elle sache qui est le père. L'autre est que Na Ki a un secret personnel, remontant à un séjour au Japon et qu'il garde pour lui.

Ces récits, qui se déroulent en Corée du Sud, sont émaillés de rites, notamment alimentaires et religieux. Qui sont aussi bien observés dans le pays que propres aux familles, lesquelles ont, semble-t-il, encore là-bas une grande importance.

Aussi les réflexions qu'ont les personnages au travers de leurs récits créent-elles une ambiance insolite, singulière et plurielle, qui n'est pas sans charme, si, parfois, elle ne laisse pas de déconcerter, ce qui, sans doute, y contribue.

Francis Richard

Je vais ainsi, Hwang Jungeun, 240 pages, Zoé (traduit du coréen par Jeong Eun Jin et Jacques Batilliot)

Littérature d'Asie aux éditions Zoé:

Les enfants de Sal Mal Lane, Ru Freeman (2015)

1,2 milliard, Mahesh Rao (2017)

Sur le mont Mitaké, Sîbourapâ (2018)


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