J’inclinerais plutôt à écrire “Mon toc” tant il me semble que cet étrange animal relève de la supercherie ! Une de plus ?
Mystification ! Aurait-on oublié l’extra-terrestre de Rosswell, la dent de tumaï et je ne sais plus quel étrange mélange d’animal proto-historique qui défraya la chronique il y a quelques années avant que la super-cherie ne fut dévoilée ? Jadis, les réapparitions du Monstre du Lochness venaient réveiller les journaux endormis dans la torpeur d’août. Rien de changé sous le soleil des dupes !
Les impostures scientifiques ne manquent pas, non plus que les gogos pour y croire.
Cela tient du paradoxe : “Ce n’est pas parce qu’il y a de plus en plus de jeunes à l’université que les jeunes ont l’esprit mieux formé et l’esprit critique ne se développe pas en fonction du savoir accumulé. Au contraire semble-t-il, l’adhésion aux pseudo et para-sciences ne cesse de se renforcer dans le public cultivé, comme d’ailleurs le nombre de fraudes et de mauvaises conduites scientifiques.” (Michel de Pracontal, L’imposture scienti-fique en dix leçons ).
Il rappelle les règles posées par le philosophe épistémologue Karl Popper : “Le critère de scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester.”, soulignant par ailleurs que “notre culture sur-médiatisée, soumise à la pression du marché et de l’audimat, y trouve un sujet d’excitation semeur de trouble. alors que parallèlement, la popularité des fausses découvertes est en hausse, liée aux retombées financières de la renommée et à la concurrence des scientifiques”.
Certes, selon l’article de 20 minutes Le mystère du «monstre de Montauk», des témoins ont vu la carcasse de cet étrange animal sur la plage de Montauk… Je n’arrive pourtant pas à y croire.
Un certain Michael Meehan, serveur dans un hôtel près de la plage de Long Island (état de New York) où aurait été découvert l’animal : «J’ai vu le monstre. Je marchais sur la plage et tout le monde le regardait. Personne ne savait ce que c’était. Ça ressemblait à un chien, mais ça avait ce bec bizarre.».
Pourrait-il s’agir d’une sorte de happening destiné à abuser les badauds ?
Je pencherais en effet plus pour un superbe canular et une manipulation : soit une greffe, soit le résultat surprenant d’un clonage. Je me souviens avoir lu il y a déjà quelques années (sur le Nouvel Obs ?) un dossier consacré aux “monstres” issus des tentatives de clonage. D’autant qu’à proximité de la plage où cet étrange animal a été découvert, se trouve centre d’études sur les maladies animales… Blague de carabin ?
La personne qui a diffusé la photo sur internet - Alanna Nevitski - n’en n’est pas l’auteur : elle s’est exprimée au nom de «la soeur de sa copine» qui a pris la photo mais ne veut pas parler dans les médias… Emberlificoté à souhait. Instantanément cela m’a fait penser à “l’homme qui a vu l’homme qui avait vu l’homme qui avait vu le loup - ou l’ours ?.
Et à toutes ces rumeurs qui font le tour d’un pâté de maison, le facteur l’aurait dit à la concierge qui l’aurait répété à l’épicière et ainsi de suite. A l’heure d’internet les rumeurs et autres “hoax” prennent une toute autre dimension, planétaire.
Toujours d’après Alanna Nevitski (dont je ne sais si elle a été témoin direct ou si c’est par l’intermédiaire de la copine de sa copine) les services sanitaires auraient été appelés mais ne seraient pas intervenus. Du coup, un «vieil homme» aurait embarqué le cadavre chez lui.
Voilà qui paraît du dernier surprenant ! Aux Etats-Unis, où ils sont tellement à cheval sur l’hygiène…
Quant au “vieil homme” - surgi de nulle part - il pourrait tout bonnement s’agir d’un complice. Venu embarquer le corpus delictis avant qu’un scientifique ne s’avisât de lui faire subir quelque autopsie.
Toujours est-il que les hypothèses ne manquent pas chez les internautes “qui se perdent en conjrecture”… Ca les occupe ! Je vous les cite en vrac.
Selon “20 minutes”, l’hypothèse la plus convaincante serait celle d’un chien qui se serait décomposé dans l’eau et qui serait réapparu à la surface. Mais dans ce cliché, je ne vois guère des chairs décomposées comme elles devraient l’être après un long séjour dans l’eau. Et cela n’explique guère cette sorte de bec bizarre.
Sinon : un ragondin ou encore une tortue qui aurait perdu sa carapace. Voire un chat ou un raton-laveur… Inventaire à la Prévert ou selon Boris Vian (les paroles qui trottent dans ma tête…”un frigidaire et un raton laveur”).
A 20 minutes, où l’on ne doit pas manquer d’humour, on évoque le “griffon”, créature mythologique qui sert de modèle aux gargouilles ornant la cathédrale Notre-Dame à Paris. Encore heureux qu’il n’ait pas une corne au milieu du front comme la licorne…
Il me semble néanmoins un peu tôt pour parler d’animal légendaire “déjà rentré dans l’imaginaire collectif “. Il y manque précisément la dimension du temps qui inscrit profondément la légende dans l’imaginaire collectif en la transmettant de génération en génération.
A l’heure d’internet et des infos qui se bousculent, l’une chassant l’autre, tout va trop vite.
Cette curieuse affaire me fait penser au mystère des “13 crânes de cristal” (*) qui revint sur la sellette à l’occasion de l’exposition d’un des spécimens au musée Branly alors qu’au même moment elle était évoquée pour le lancement d’un film à grand spectacle. le quatrième épisode des aventures d’Indiana Jones, la saga de Steven Spielberg : “Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal”… pure coïncidence ?
Toujours est-il que grâce à des analyse scientifiques sérieuses, permises par des technologies de pointe, il a été démontré que ces curieuses sculptures dataient du XIXè siècle et n’étaient nullement des crânes mayas d’époque pré-colombienne.
Ce qui met à mal la légende, relayée par quantité de sites Internet, selon laquelle réunis à une date donnée - le dernier jour du calendrier maya, le 21 décembre 2012 - ces crânes sauveraient la planète d’une destruction certaine et ouvriraient l’humanité à une ère de paix et d’harmonie.
Le “new age” s’embarrasse rarement de crédibilité scientifique !
Sans nul doute parce que dans cette époque aride et désenchantée, axée uniquement sur les bonheurs matériels, l’humanité restant égale à ce qu’elle a toujours été, les humains ont toujours besoin d’une part de rêve et d’espoir. Et de croire dans la possibilité d’un monde meilleur.
Croire, crédit et crédulité ont la même etymologie latine : “credere” (à l’origine : confier en prêt). Mais à qui faire confiance aujourd’hui, pour l’avenir… “Hic et nunc” (Ici et maintenant) ou plus tard ?
Sans doute les hommes croient d’autant plus volontiers ces “vérités” pseudo-scientifiques et autres rumeurs (cf. Thierry Messian sur le 11 septembre 2001) qu’ils ont l’impression (et le plus souvent, ce n’est pas qu’une impression !) “qu’on nous cache tout, on nous dit rien”. Et qu’en même temps, cette participation à un savoir occulte - et occulté - proche des mystères ésotériques (cf. le regain actuel de la Kabbale mais plutôt sous une forme très dévoyée) les revalorise intellectuellement en les initiant à quelque mystère, les mettant à égal avec les “grands prêtres”.
(*) Pour le “mystère des 13 crânes de cristal” je signale deux articles intéressants et fort bien documentés dans le Monde et Libération :
Treize crânes de cristal et une légendeLE MONDE | 15.05.08
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La saga des crânes de cristal