Résumé
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des conséquences, il semblerait.
C’est cette dernière phrase qui m’a conduit à me retrouver avec une aiguille dans le bras.
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La famille de «Parasites» est du système démerde. Ce qui la rend sympathique : petites truanderies ordinaires et besoin de s’élever. C’est Darwinien chez les sapiens, on veut le meilleur pour soi et sa descendance. La fonction crée l’organe et, de l’opportunisme à la manipulation, l’usurpateur développe des réflexes de survie avec succès où l’instinct pourrait passer pour de l’intelligence. Une catastrophe naturelle, qu’aucune stratégie ne pouvait prévoir, remet de l’ordre. Si on ne peut dénier le droit de s’élever, d’y œuvrer et d’y parvenir avec l’aide du hasard, on peut s’étonner que le hasard intervienne alors que l’on est bien peinard installé dans l’acceptation de cette si confortable médiocrité sans avoir sollicité son intervention.
Le scénario de «Lucky Strike» c’est la chance d’un soumis bien poissard qui trouve un sac siglé Louis Vuitton rempli de fric. Il slalome entre la cruauté des tueurs imaginatifs et des flics corrompus (pardon pour les clichés) qui courent derrière. Le flic en planque quitte la bagnole juste avant la rencontre disproportionnée avec une benne à ordures, le temps d’aller chercher des cigarettes et cette bonne idée de traverser la rue lui évitera de finir en sushi comme son collègue (non –fumeur). Désormais, la marque de cigarettes deviendra son porte–bonheur sauf le jour où, traversant la rue pour aller chercher des clopes, il rencontra la même benne à ordures. Les mêmes causes produisirent les mêmes effets : le tabac tue et on ne peut pas faire plus concis pour un titre de film où un camion joue aux quilles : Lucky Strike.
Alors le hasard, gentil, pas gentil ?
J’essayais de décoder les derniers évènements avec ces quelques indices remontés de ma mémoire.
Quelques inquiétudes aussi puisque j’avais trouvé un sac Louis Vuitton dans la forêt.
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Je ne fumais pas mais la séquence de bonnes fortunes qui s’enchaînèrent ensuite me suggérait quelques problèmes de santé à venir. Il semblerait que la fondation qui veillait sur moi était établie en Russie. Ces gens vous offrent volontiers un thé au polonium et l’étagère dans la cuisine était décorée par une collection de thés et de théières. Aucune stratégie ne m’avait amené dans cet appartement et je ne devais son occupation qu’à la bienveillance de l’inconnu(e ?) derrière cette fondation. Cependant ma morale, à moins que ce ne fût une angoisse innée de perdant beaucoup moins noble, le disputait à mon opportunisme.
« Tu l’as bien mérité !» De l’enfance à l’adolescence cette phrase était le corolaire d’une action nuisible ou d’un comportement dangereux. Selon maman, elle sanctionnait une mauvaise action d'une baffe, d'une chute ou, plus tard un échec, à toute tentative de sortir de son domaine de compétence, même si cet élément de langage, qui lui était inconnu était synthétisé par un : «C’est bien fait, il fallait rester à ta place !»
Jusque là j’étais persuadé de mon incompétence, ce qui ne m’empêchait pas de play it again, again, again !
La situation d’aujourd’hui était inédite. Le fameux « Tu l’as bien mérité !» n’était pas réservé aux sanctions mais pouvait être une récompense.
J’étais à jamais l’Intranquille de Pessoa et je tentais d’être le bon petit gars de Charles Juliet, passif, dans l’étau des forces obscures sans en connaître les intentions dans l’interrogation du «combien ça coûte» de la contrepartie. En attendant cet appartement désert était empli de tropes.
Des nudges guidaient mes pas vers la bibliothèque, où Pessoa figurait en bonne place, et le matin vers les chiottes. Ce lieu d’intenses méditations inéluctables consacrées au temps physiologique est pour beaucoup l’annexe de la bibliothèque. Un ex–voto était placardé au dos de la porte des WC comme la quatrième de couve d’un bouquin et me servait de mantra quotidien « Avoir une croyance c’est adhérer à des dogmes, s’imposer une discipline de l’extérieur sans avoir fait ce travail intérieur de clarification et de dénudation…» Ce genre de phrase à la con qui fait l’unanimité chez les imbéciles était à sa place.
«… Alors que ce que l’on peut appeler une démarche spirituelle consiste précisément à cela, aller vers un dépassement de l’ego…»
« …L’essentiel n’est pas de croire mais la manière dont on se comporte dans la vie de tous les jours, avec les autres.»
A la délivrance, j’avais tout compris de Charles Juliet.
Romeschka n’était plus là, mon contrat moral de chatte–sitting était devenu caduc.
Mission accomplie, il était temps de fuir !
L’appartement, la fondation, qui ou que sais–je, ne l’entendait pas de cette oreille !
Dans la mienne, il y avait l’acouphène de cette curiosité qui m’anime, me maintient ou me plombe. Le pourquoi du comment : pourquoi ce chèque était à mon nom ? Je suis entré et j’ai séjourné ici incognito, sans aucune interférence avec le monde extérieur dans les conditions propices et inédites d’une pandémie mondiale.
Tout était improbable dans cette histoire.
La réalité devenait irrationnelle. Le chèque appartenait au monde matériel et Pétaouchnock sur le Don était imaginaire. Je me couchais depuis quelque temps avec de la fièvre et me réveillais en sueur. Des courbatures accompagnaient mes journées, je prenais l’ascenseur incapable de monter une seule marche des escaliers déserts. Malgré ma fréquentation minimale et contrôlée du genre humain, j’avais dû négliger un lavage de mains après toucher de bouton de la cabine dont la majorité des habitants faisait son usage.
Nous étions en fin de confinement, plus de Covid, j’avais chopé le dernier, à moins que les russes…
Je m’allongeai ce jour là, épuisé, me souvenant que personne hormis eux ne connaissait ma présence dans ce triangle des Bermudes où mon smartphone ce soir– là affichait un très inquiétant : «pas de réseau» !
Les emmerdements ça vole en escadrilles : je décidai de tomber dans les pommes !
A mercredi
Bonus
Parfois je priais
S’éveiller vingt cœurs, se coucher vaincuChaque jour que Dieu tisse, que le diable découdPlaire à ceux qui croient, déplaire à ceux qui doutentCes cons qui mangent le fromage et laissent la croute Notre Pèrequi est ... l'erreur 404,que cette page soit retrouvée,que le téléchargement se poursuivre,que ta volonté soit updatée,sur le weeb, le dark et le métaverse.Donne-nous notre électricité de ce jour,pardonne-nous nos fakes,comme nous partageons nos erreursavec celles qui les ont partagées donne nous le tonnerre et la foudre,juste un dernier petit coup.Amen le caoua pouss la nana, ouvre la mère en deux et éteint la lumière en sortant.