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Remarques sur le « Cours libre » du 10 novembre 2021

Publié le 12 novembre 2021 par Antropologia

Michel FEYNIE, docteur en anthropologie, Recherche académique, écriture théâtrale, représentation scénique.

   Décidément cette année, les innovations pleuvent sur le « Cours libre ». Pour ceux qui n’ont pas eu le privilège d’être là mercredi, je précise que Michel Feynie y organisait une confrontation entre d’un côté la lecture d’extraits de ses travaux académiques, mémoires et livres, et de l’autre, leur transposition au théâtre.

   Il présentait des informations dans les deux domaines : le premier reprenait ses écrits académiques sur les paysans de Dordogne, puis sur une entreprise, le second, présentait le même matériel, mais sous forme théâtrale, un texte qui plus est joué. Il montrait ainsi conjointement les mêmes informations par deux « vecteurs » différents. Lequel est vrai ?

   Réponse : les deux, sauf qu’ils n’ont pas le même statut social et institutionnel. Les Lumières ont en effet idolâtré le premier en identifiant la « science » (et sa poétique) à la « vérité ». Dans une certaine mesure, ce régime se perpétue. La question que pose Feynie devient donc : pourquoi un discours aussi plat, faible, décontextualisé que celui de l’Académisme a-t-il pu gagner un tel statut ? Feynie ne nous le dit pas mais par le théâtre, il nous le montre. A partir de motifs identiques, il nous présente la force et la faiblesse de chacun des vecteurs qui ainsi posés, deviennent symétriques, tentatives diverses de donner à voir le réel à partir de quelques situations.

   L’opposition écrit/oral explique largement la distinction mais ne dit rien sur le succès du premier. Goody nous a donné des réponses. Il faut aussi y ajouter la mise en place dès la Renaissance des « preuves historiques », (hiérarchisation des sources, première et seconde main, critique interne et externe, chronologie) et de l’empire des chiffres avec Newton au XVIIIème. Ce lourd appareillage marginalisait l’oral renvoyé dans le domaine des sources à exploiter. Cela n’a pas altéré sa place sous diverses formes mais son crédit.

   Evidemment l’écrit dispose de plusieurs avantages, il fixe une pensée, la décontextualise, la fige pour l’éternité. Mais l’oral exprime la vie en train de se vivre ce qui explique son succès et sa résistance. Reste notre tâche, conserver l’oral dans l’écrit ce qui exige l’utilisation de procédés littéraires.

B. Traimond


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