Il y a tout juste cinquante ans, je revenais d'Australie et j'étais occupé à construire ma nouvelle maison avec l'aide de mon frère Gaston et de mon père. Je n'étais pas tout à fait sûr de vouloir une maison et je n’etait pas sûr de vouloir prendre racine dans mon patelin natal, juste à côté de chez mes parents.
J'avais des projets plus ambitieux, mais ils étaient si flous que je ne pouvais même pas les voir. Les six mois précédents, mes voyages autour du monde m'avaient ouvert les yeux et je ne me voyais pas vieillir à Montriond, un lieu pourtant merveilleux et promis à un avenir prospère.
J'étais maintenant accro à l'idée de découvrir encore d’avantage de pays et ne pouvais tout simplement m'installer pour toujours dans ce seul endroit. Les week-ends nous fêtions mon retour en compagnie de mes amis, tous moniteurs à Avoriaz, et nos vies étaient légères, faciles, sans grosses responsabilités.
J'avais beaucoup d'histoires à raconter et j'étais fier de chacune d'entre elles. Un soir, nous sommes sortis dans la voiture des parents de JF Rosset, un break Simca 1500, avec Anselme Baud, JC Page et François Chauplannaz, avions tous bien assez bu et Rosset avait loupé le virage du Verney-Bron et avait foncé dans la butte de la route, mais nous avions tous survécu en riant bien fort.
JF Rosset était le seul à ne pas s’esclaffer car il allait devoir affronter la fureur de son père. Cet incident n'était qu'un avertissement prémonitoire.Dans quelques semaines, des nuages plus sombres viendraient au-dessus de ma tête et changeraient radicalement l’ambiance insouciante pour des moments beaucoup plus difficiles ...