Quelques semaines après la levée de fonds qui faisait de Swile une licorne de plus pour l'hexagone, Natixis présente sa réplique à la menace que la jeune pousse fait peser sur ses activités autour des avantages salariés. Voilà une autre perspective sur le sujet (inépuisable) de la compétition entre acteurs historiques et FinTech.
Ainsi, sous la nouvelle enseigne Bimpli, sont désormais rassemblés les titres restaurants (anciennement Apetiz), les titres cadeaux (Cado), les chèques de services à la personne (CESU Domalin), les produits dédiés aux comités d'entreprise (Comiteo), auxquels viennent se joindre quelques options complémentaires, focalisées sur l'engagement des collaborateurs (Intensiteam), le bien-être par l'alimentation (en partenariat avec Appetia), les cagnottes (Le Pot Commun) et, bientôt, la mobilité.
L'objectif est évidemment, comme le propose donc déjà le trublion du secteur, de fournir aux organisations un point d'entrée unique vers une gamme complète et cohérente de produits à destination de leurs employés, qu'ils correspondent à des obligations réglementaires ou constituent des privilèges additionnels volontaires. En parallèle, il s'agit également d'offrir aux bénéficiaires les moyens de suivre et piloter plus facilement leurs avantages, par l'intermédiaire d'une carte et d'une application mobile fédératrices.
Le lancement de Bimpli représente clairement une reconnaissance de l'importance critique de l'expérience utilisateur afin de mieux répondre aux attentes des sociétés clientes comme de leurs salariés. Aujourd'hui, il ne suffit plus de proposer un vaste catalogue de solutions, il devient impératif de savoir assembler une vision globale et homogène de la valeur délivrée, qui doit se traduire par le soin extrême apporté aux usages, dans leurs moindres détails, en éliminant toutes les frictions et frustrations.
Nous retrouvons ici précisément les mécanismes d'innovation que je décrivais récemment à propos de N26 : les startups qui ont appréhendé, et parfois anticipé, ce changement de priorités dans les besoins de leurs cibles prennent une avance significative sur les établissements traditionnels (Swile aurait capté 13% du marché français en 4 ans d'existence), reléguant ces derniers à une position défensive.
En l'occurrence, le cas de Natixis illustre bien sa capacité à combiner une collection de services capables de sérieusement rivaliser avec la concurrence montante. En revanche, il reste à évaluer sa crédibilité en matière d'expérience, ce qui est naturellement beaucoup plus difficile à réussir, en particulier dans une démarche qui consiste, en pratique, à réunir sous une seule enseigne quelques outils aux origines hétéroclites.
La lente prise de conscience des défis à relever démontre la difficulté sous-jacente. Je me souviens que, lorsque je suggérais, il y longtemps, d'intégrer de manière transparente plusieurs instruments dans l'acte de paiement, afin d'éviter l'embarras des dépassements de plafonds, il m'était répondu que c'était impossible. Heureusement, les nouveaux venus n'étaient pas au courant… et ont permis d'initier une simplification bienvenue.
À tout le moins, avec Bimpli, Natixis déploie des efforts convaincants pour aligner sa promesse aux exigences de l'époque et ne pas se laisser distancer par la FinTech. Cependant, dans le contexte actuel de transformation profonde des habitudes dans l'univers du travail, la bataille est loin d'être gagnée… ce qui justifie, naturellement, les immenses espoirs que placent les investisseurs dans une alternative telle que Swile…