Courage, fuyons

Publié le 29 novembre 2021 par Paulo Lobo

Lundi je dis adieu au lit 

Les hirondelles ne font pas le printemps 

Le feu n’est pas prêt de s’éteindre 

Au contraire je vois la flamme qui doucement se rapetisse 

On n’est pas à un paradoxe près 

À la radio ils parlent de choses affolantes 

Dans lesquelles ils intercalent des chansons 

La police a arrêté une bagarre dans la rue 

Ce matin les agents ont bu leur café et mangé des croissants 

Un peu plus tard ils deviennent la cible d’un sniper caché dans un immeuble 

Éventré par les obus d’une attaque particulièrement abjecte 

Il ne faut pas avoir peur de dire que la guerre est un crime 

Une chose immonde 

En attendant je me regarde dans un miroir 

Et ce que j’y vois n’est pas beau 

Il faudra penser à changer de tête 

Comment faire madame pour repartir de l’avant 

Je voudrais bien moi échapper au déterminisme qui m’a construit 

À grands coups de balai 

Contre ma volonté 

On me disait d’aller dans un sens 

On ne me donnait aucun moyen d’aller dans l’autre

J’obtempérais, je suis un garçon docile 

Quand j’étais adolescent, dans mes années de lycée, les jours avaient des couleurs, des humeurs. J’aimais beaucoup les mardis et les jeudis. 

Et quand la caravane passait, je n’aboyais jamais, je la regardais et je l’admirais 

Je rêvais d’en faire partie 

Je ne savais pas encore que j’étais voué à faire cavalier seul 

Le matin j’aime bien 

Le soir j’aime bien 

La nuit j’aime bien 

La journée ça dépend 

Dans le bus je tousse 

je sens les regards réprobateurs 

Excusez-moi 

Veuillez m’excuser 

Je suis humain 

et non pas humanoïde 

Je ne voyage pas comme vous dans des galaxies lointaines 

Je fais mon boulot mon métro et mon dodo 

Toujours en solo 

Je marche seul 

Je mange seul

Je ne cherche pas à briller 

Les étoiles ont été rayées de mon ciel 

Je prie malgré tout 

Quand souffle le vent 

Quand tombe la pluie 

je tends une main 

Je sens ma peau 

Peau de chagrin 

Peau de crachin 

Toujours les sensations se brouillent dans mon être 

Je devrais raconter une histoire 

Et feindre d’y croire 

Avec mes figurines, organiser une bataille 

Une chevauchée dans la plaine 

Un général sur la colline

Des face-à-face épiques, sensationnels 

Une dulcinée qui ne me comprend pas 

L’amour de la fuite 

Courage, fuyons