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Un arrangement

Publié le 03 août 2008 par Perce-Neige
Plus tard, dans le taxi qui roulait à toutes pompes vers mon hôtel (une Toyota toute blanche qui arborait, discrètement, les couleurs du Régime) j’ai vaguement suggéré à mon hôtesse que le gouvernement cubain pourrait, sans trop déplaire à ses alliés de toujours, s’autoriser un geste susceptible, cette fois, d’attirer les faveurs de Smith & Co. Il suffisait, par exemple, que certains navires coréens fassent escale au large de Santiago, le temps de se ravitailler en carburant, au moment même où d’autres navires, guatémaltèques ceux là, se livreraient à la même opération, comme par hasard au même endroit, et ce avant de rallier Istanbul, ou quelqu’autre port du Bosphore où il serait facile, pour les pakistanais, de récupérer la marchandise. Et puis, sautant du coq à l’âne, j’ai ajouté, que nous pourrions, peut-être, sans attendre de concrétiser notre marché, approfondir l’effet de vérité chez Hemingway, revenir à la manière dont, subtilement, il fait sien le monde qui l’entoure sans jamais l’approuver. Et comprendre comment « le plus grand génie » du vingtième siècle, selon Paul, introduit du mensonge en plein cœur de la vérité. « Car… », et c’est ce que j’ai dit à Clara, « l’essentiel n’est pas ce que l’on fait ou ce que l’on croit puisqu’irrémédiablement… tout nous dépasse… et nous entraîne au delà de nous même… Non, l’essentiel, au fond, c’est la distance que nous établissons avec le réel… C’est cela qui nous caractérise, non ? » ai-je fait.Mais elle semblait curieusement absente. Comme si rien de ce que j’avais proposé ne devait pouvoir compter. Jamais. « Je ne pense pas que nous puissions descendre en dessous de trente pour cent », a-t-elle répondu en forçant sur son accent. « Car quelque soit l’enjeu de la manœuvre, et fut-ce pour culbuter le clan de la maison blanche, les affaires restent les affaires, Georges…. Il nous faut faire tourner la boutique, nous aussi ! » a-t-elle dit en me glissant, subtilement, sa main sur mon genou, puis en inclinant son épaule contre la mienne, et en me surrurant à l’oreille le velouté de ses lèvres.

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