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Dernier souffle, la chronique haletante

Publié le 30 novembre 2021 par 7bd @7BD

Dernier Souffle, un western mutique

Dernier souffle, la chronique haletante


Titre : Dernier Souffle
Auteur : Thierry Martin (scénario et dessins)
Éditeur : Soleil
Collection : Noctambule
Année : 2021
Page : 222

Résumé de l'histoire d'un homme dans la forêt:

Un homme, long pardessus, fusil à la main, marche dans la forêt, au cœur de l'hiver. Les dents serrées, il avance vers un but précis. Que cherche-t-il ? Que veut-il ? Qui est-il ?

Scénario d'une soif de vengeance:

Ce récit a été construit au jour le jour. En effet, Thierry Martin s'est lancé un défi. Faire un dessin par jour et improviser le scénario au fur et à mesure. Il cherchait à sortir de sa zone de confort en se confrontant à des difficultés inhabituelles pour lui.
Cette improvisation quotidienne se sent un peu dans la narration. L'histoire tient la route, dans son ensemble. Ce sont les détails un peu incohérents parfois qu'une construction en amont aurait pu éviter. Le personnage principal est sombre, On comprend au bout d'un temps pourquoi il veut se venger. Mais on ne comprend pas bien les motifs des autres personnages de l'histoire. Ce qui peut amener une certaine confusion.

Ce protagoniste, sans nom, est un héros pur et dur, il encaisse le froid, les coups, il est rapide, précis, dangereux, bref, il vaut mieux l'avoir comme ami tant il est parfait physiquement, et dangereux. Ce qui le rend humain et son absence de pitié, finalement.
La force de ce récit tient en partie dans l'absence de dialogue. Pour le coup, tout passe par les images. Les personnages échangent peu, mais on comprend implicitement les situations. Ce sont plus les raisons des personnages secondaires qui nous échappent parfois. Cet homme au couteau ensanglanté (vous saurez pourquoi en lisant la BD) et au regard fou, que fait-il là ? Pourquoi a-t-il commis cette action ? Pourquoi il se met tout le monde à dos ?
Mais ces soucis scénaristiques n'empêchent pas de profiter du graphisme flamboyant de cette histoire.

Dernier souffle, la chronique haletante

Le dessin explosif:

Le challenge d'une case par jour, publiée sur Instagram pendant plusieurs mois, amène à cette BD au format paysage, où chaque page est constituée d'une case.
Thierry Martin a travaillé avec trois couleurs, blanc, noir, et une sorte de gris-bleu. les personnages sont tracés au trait épais, brut, les arbres sont brossés encore et encore, tandis que les rehauts de blancs sont lancés sur la feuille. Parfois, bruiné au pinceau, le blanc tombe comme une nuée de tâches à certains endroits de la page.
Ces choix graphiques donnent des cases magnifiques, qui vous emportent ailleurs. Dans ce western aride et mutique, certes mais aussi dans des petites œuvres d'art où perle une recherche visuelle qui fonctionne à merveille.
On lit la BD, et le plaisir de s'arrêter sur une page, des arbres dépourvus de feuille, des tâches de neige, des impers brossés d'un tait rude et courbe, ne vous coupent pourtant pas de l'histoire.
La mise en scène laisse une part belle à l'espace, la forêt, les murs des baraquements,les pièces au mobilier sommaire. Et puis la violence éclate, un couteau qui se plante dans un homme, une balle qui traverse une tête, des gros plans au moment de l'impact, qui surprennent toujours.
Parfois, quelques dessins nous racontent des heures d'une traque sans fin, tandis qu'à d'autres moments, il nous dilate une action de quelques dizaines de secondes.
Pour ma part, j'avais découvert les planches de cette BD lors d'une exposition consacrée à Thierry Martin à Saint-Malo, pour le festival Quai des Bulles, avant le confinement. Parmi les différents travaux de Thierry Martin, j'avais été frappé par ces dessins intrigants. Et j'avais tenté de me procurer la BD, qui était en rupture de stock chez le premier éditeur, qui n'avait plus que des tirages de tête, hors budget pour moi.
Le fait que cette BD puisse trouver une nouvelle vie chez Soleil est une excellente nouvelle, car elle mérite vraiment le détour. Et je suis trop heureux de pouvoir la tenir entre mes mains.

Conclusion d'une BD qui décalque:

Ce récit vaut le coup d'œil. Cette approche graphique originale, ce challenge du dessin quotidien dans un récit improvisé à certes quelques lacunes scénaristiques, mais il comporte une puissance visuelle qu'il faut tenir entre ses mains pour se retrouver... le souffle coupé.
Zéda erre dans le Dernier Souffle de Thierry Martin.

Dernier souffle, la chronique haletante

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