Critique Ciné : The Card Counter (2021)

The Card Counter // De Paul Schrader. Avec Oscar Isaac, Tiffany Haddish et Tye Sheridan.

Paul Schrader, connu pour avoir travaillé avec les plus grands (Steven Spielberg, Francis Ford Coppola ou encore à l’origine de la phrase mythique de Taxi Driver de Martin Scorcese) nous délivre avec The Card Counter un récit qui lui correspond. The Card Counter c’est une sorte de purgatoire, celui d’un vétéran américain qui fuit son passé de tortionnaire à Guantanamo en comptant les cartes dans les casinos. Ce qui frappe tout de suite avec The Card Counter c’est le côté intemporel du récit. On est à notre époque et pourtant cela pourrait se dérouler à n’importe quelle époque. L’ambiance des casinos est ici très feutrée, proche d’un cinéma de mafioso des années 70/80. On sent la fumée de cigare remplir les pièces alors qu’il n’en est rien. Un casino est un temple où le temps s’arrête. On ne connaît pas l’heure dans un casino et The Card Counter représente cela sous la force d’un film intemporel assez fascinant. Le film ne tombe pas dans tous les pièges non plus. Les flashbacks du temps de William Tell à Guantanamo ne sont pas là pour tomber dans le torture porn. On est dans la représentation des évènements sans en abuser non plus.

Mutique et solitaire, William Tell, ancien militaire devenu joueur de poker, sillonne les casinos, fuyant un passé qui le hante. Il croise alors la route de Cirk, jeune homme instable obsédé par l’idée de se venger d’un haut gradé avec qui Tell a eu autrefois des démêlés. Alors qu’il prépare un tournoi décisif, Tell prend Cirk sous son aile, bien décidé à le détourner des chemins de la violence, qu’il a jadis trop bien connus…

La scène de flashbacks est la scène traumatique du personnage qui l’a transformé en ce qu’il est aujourd’hui. Cela représente aussi tout ce qu’il cherche à fuir. Paul Schrader met le tout en scène de façon très sobre et Oscar Isaac qui ère dans les casinos est tout simplement parfait. Son jeu minimaliste permet de rendre le personnage encore plus mystérieux. On ne sait pas ce qu’il pense ni quoi en attendre et cela rend le film magnétique. Ce chemin de croix pour la rédemption est intéressant et même si certains pourraient voir dans l’histoire un sentiment qu’elle n’est pas achevée, The Card Counter répond globalement aux questions que l’on se pose sans justement tout dire. Paul Schrader laisse au spectateur l’occasion de réfléchir et de penser le tout. Par moment, The Card Counter a cette ambiance très David Lynch rendant le tout presque surréaliste mais encore plus captivant à mes yeux. The Card Counter est l’excellente surprise de la fin 2021 à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

Note : 9/10. En bref, un portrait troublant dans une ambiance feutrée de casinos servant de purgatoire.

Sorti le 29 décembre 2021 au cinéma