Alexandre Matheron, Etudes sur Spinoza et les philosophies de l'âge classique, ENS Editions, Lyon, 741 p., 2011, Index des noms, Index des passages cités de Spinoza, Préface de Pierre-François Moreau.
Voici une somme, celle des travaux d'Alexandre Matheron sur Spinoza (en dehors de ses travaux de thèse : Individu et communauté chez Spinoza, 1968 et Le Christ et le salut des ignorants chez Spinoza, 1971. Alexandre Matheron était LE spécialiste de Spinoza. Alexandre Matheron était d'abord un disciple de Martial Guéroult dont il a apprécié la méthode telle qu'exposée et mise en oeuvre dans Descartes selon l'ordre des raisons (publié en 1953). Le spinozisme est pour lui comme pour Alexandre Matheron un "rationalisme absolu" (le réel est rationnel). Alexandre Matheron subit aussi l'influence de Pierre Lachièze-Rey dont Les origines cartésiennes du Dieu de Spinoza fut publié en 1932. Pierre-François Moreau dans sa préface souligne également l'importance d'un marxisme passé par la phénoménologie : "la magistrale étude de Jean-Toussaint Desanti", à qui il succède à l'ENS (Introduction à l'histoire de la philosophie, 1956), et Jean-Paul Sartre (Critique de la raison dialectique, publié en 1960). Pierre-François Moreau conclut son introduction en soulignant le langage cartésien de Spinoza : "parce qu'il n'a pas d'autre langage à sa disposition et qu'il doit forger sa pensée à travers ce langage - car on ne pense que dans un lexique, et on ne pense de façon originale qu'en modifiant peu à peu un lexique reçu".L'oeuvre publiée est colossale : Spinoza est traité par tous les aspects possibles de son oeuvre et l'ensemble est divisé en deux parties : "Ethique, anthropologie, politique, religion", d'abord puis "Ethique, ontologie, connaissance, éternité", deux parties séparées par deux lectures de Spinoza, l'une consacrée à Victor Delbos, l'autre à L'anomalie sauvage d'Antonio Negri.