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Totalitarisme et guerre psychologique pour le contrôle des esprits — Comment sortir de la transe hypnotique et de la programmation neurolinguistique

Par Guimond

« Bien que cette science soit étudiée avec diligence, elle sera strictement réservée à la classe dirigeante. La population ne sera pas autorisée à savoir de quelle manière ses convictions ont été générées. Lorsque la technique aura été perfectionnée, chaque gouvernement qui aura été en charge de l’éducation pendant une génération sera en mesure de contrôler ses sujets en toute sécurité sans avoir besoin d’armées ou de policiers. »

~ Bertrand Russell, — The Impact of Science on Society (1951) [traduit en français en 1954 sous le titre Science, puissance, violence – NdT]

SOURCE: David Gosselin — The Canadian Patriot – Sott.net

Cet article s’adresse à tous ceux qui se sont sentis frustrés [et qui pour certains continuent à l’être – NdT] en essayant de discuter du récit officiel du Covid-19 et de la réponse à la pandémie avec des membres de leur famille, des amis, des collègues de travail ou de parfaits inconnus, et qui ont constaté que toute discussion rationnelle était pratiquement impossible. Cet article s’adresse à ceux qui ont exprimé leurs inquiétudes face à la prise de pouvoir totalitaire des gouvernements, et qui ont constaté qu’une partie importante de la population était « envoûtée », et que leurs témoignages et leurs identités avaient été « recadrés » pour qu’ils correspondent au récit officiel.

Depuis les sacrifices collectifs pour le bien commun ritualisés sous la forme de « réunions Zoom » entre des individus fragmentés [d’un point de vue psychologique – NdT] et des familles séparées par des « confinements », aux messages astucieusement vagues et en constante évolution sur « il faut arrêter la propagation » d’un virus qui présente un taux de survie de 99 %, cet article démontrera les tentatives de « recadrer » l’humanité en utilisant une nouvelle forme d’hypnose collective. Il décrira comment la pensée fondée sur le bon sens en est venue à être considérée comme excentrique jusqu’au morbide, en raison du fait qu’une partie importante de la population a été reprogrammée à l’aide d’une série de messages publics « incantatoires » qui induisent une transe hypnotique. Par-dessus tout, cet article cherchera à démontrer comment les sortilèges lancés au cours des deux dernières années peuvent finalement être rompus et les incantations inversées.

En dépit de l’abondance des thrillers d’espionnage hollywoodiens et des représentations caricaturales d’agences de renseignement anglo-étatsuniennes telles que le MI6 et la CIA qui protègent les citoyens, sauvent le monde ou domptent l’un de leurs agents devenu « véreux », la nature et l’étendue des véritables PsyOps — opérations psychologiques — des agences de renseignement sont rarement explorées. Les théories du complot abondent, mais elles ne sont pas nécessairement fondées. En revanche, les PsyOps et ce que l’ancien agent du KGB Yuri Bezmenov appelait la « subversion idéologique » sont bien réels, mais rarement discutés de manière significative.

C’est particulièrement le cas si l’on considère la manière dont les dernières « connaissances comportementales » issues des domaines de la psychologie sociale et de la science du comportement ont été utilisées dans le monde occidental au cours des deux dernières années. Sous prétexte de lutter contre un virus dont le taux de survie est de 99 %, la population a été bombardée d’une combinaison agressive de « programmation neurolinguistique », de « stimulations » [nudging ou coup de pouce, à savoir des stimulations qui s’adressent à l’inconscient – NdT] et de messages publics « incantatoires ». Comme nous continuerons à le démontrer, toutes ces techniques — d’une manière ou d’une autre — ont été conçues pour cibler ce que les ingénieurs sociaux appellent les « motivations automatiques », c’est-à-dire nos esprits inconscients — ou préconscients.

Comme nous l’avons évoqué dans l’article précédent, nombreux sont ceux qui ont observé comment une partie importante de la population semble être sous l’emprise d’un « sortilège ». Ces sortilèges ont transformé les tentatives de discussion honnête et rationnelle entre amis, famille et collègues de travail en exercices futiles. Tout cela n’est pas le fruit du hasard. Les messages publics et les hauts fonctionnaires ont utilisé les dernières connaissances en « programmation neurolinguistique » (PNL) — dévoilées pour la première fois dans un livre intitulé The Structure of Magic, de John Grinder et Richard Bandler — ainsi que la « théorie du coup de pouce » pour modifier activement les pensées et le comportement des populations à leur insu et sans leur consentement. Comme nous le montrerons, cette nouvelle ère de transe et d’hypnose collectives a été lancée par les « Five Eyes* », et elle a commencé en 2010 avec la création de la Behavioural Insights Team par les échelons supérieurs de l’élite politique britannique.

Note du traducteur : L’article précédent mentionné par l’auteur a été traduit en français et publié sur Sott.net : « MindSpace » ou les PsyOps et la guerre limbique — Comment gagner la bataille de l’Esprit face aux techniques d’ingénierie sociale et de guerre psychologique.

* Les « Five Eyes » désigne l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis. À noter qu’il existe aussi des alliances élargies, avec les « Nine Eyes » et les « Fourteen Eyes » :

  • Pays appartenant à l’alliance Five Eyes : États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie.
  • Pays appartenant à l’alliance Nine Eyes : États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Danemark, France, Pays-Bas, Norvège.
  • Pays appartenant à l’alliance Fourteen Eyes : États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Danemark, France, Pays-Bas, Norvège, Allemagne, Belgique, Italie, Suède, Espagne.

Entrez dans le monde des magiciens

Avant de plonger dans les livres de sortilèges et d’aborder les façons d’inverser les sorts, rappelons brièvement l’histoire de la PNL et © UK Institute for Governmentl’utilisation de ce que ses créateurs considèrent comme les qualités « magiques » du langage, ainsi que les origines de la « théorie du coup de pouce » — développée pour la première fois par Cass Sunstein, de l’administration Obama, et Richard Thaler, économiste comportemental. Tout d’abord, les techniques de la PNL ont été développées comme un système formel permettant de transformer le « méta-modèle » du monde d’un patient, c’est-à-dire ses cartes de la réalité formées par le langage. Les thérapeutes PNL ont souvent mis l’accent sur les qualités magiques du langage qui, entre de bonnes mains, donnent la capacité de transformer les cartes linguistiques des individus et de « recadrer » leur réalité. Récemment, ce travail a été associé à la « théorie du coup de pouce », qui utilise les plus récentes avancées dans le domaine des sciences comportementales et de la psychologie sociale dans le but de directement cibler et d’orienter de manière subtile l’esprit inconscient des individussansqu’ils n’aient recours à leurs « processus réflexif », c’est-à-dire à leur esprit conscient.

Le premier ouvrage à exposer de manière méthodique ces idées et leurs applications par les gouvernements a été le rapport de 2010 de lInstitut britannique pour le gouvernement intitulé MindSpace. L’Institut britannique pour le gouvernement se décrit comme « un groupe de réflexion de premier plan qui travaille à rendre le gouvernement plus efficace ». Dans le sillage du rapport MindSpace et de sa nouvelle approche qui vise à modifier les comportements de manière très efficace et « rentable », la Behavioural Insights Team a été créée pour devenir la clef de voûte [le principal levier d’envoûtement – NdT] des outils utilisés dans la guerre psychologique au sein des pays du Five Eyes, à savoir l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne.

L’idée du « nudging » a été exposée pour la première fois par Cass Sunstein et Richard Thaler dans un ouvrage de 2008 intitulé Nudge : Improving Decisions About Health, Wealth, and Happiness. Cass Sunstein est notamment considéré comme l’un des juristes les plus cités de ces derniers temps. Pendant son passage au sein de l’administration Obama, il a été au centre de la répression des « théories du complot » et des « risques réels » qu’elles représentaient pour les gouvernements et leurs « politiques antiterroristes ».

Note du traducteur : L’ouvrage en question — dont on devrait traduire le tire comme suit « Nudge : Améliorer les décisions en matière de santé, de richesse et de bonheur » — a été traduit et publié en français sous le titre Nudge : la méthode douce pour inspirer la bonne décision. Le livre décrit deux types de systèmes qui caractérisent la pensée humaine, que les auteurs qualifient de « Système réflexif » et « Système automatique ». À noter que ces deux systèmes sont développés de manière plus approfondie par Daniel Kahneman dans son livre Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée — voir à cet effet l’article consacré à cet ouvrage par Sott.net — ouvrage qui ne fait en aucun cas l’apologie de l’usage de cette connaissance contre les populations, à l’inverse des deux auteurs dont il est question ici, comme la suite le démontre.

Dans un article de 2008, Cass Sunstein et Adrian Vermeule écrivent :

« […] l’existence de théories du complot, tant nationales qu’étrangères, ne représente pas, selon nous, un sujet anodin en ce qu’elle entraîne des risques réels pour les politiques antiterroristes du gouvernement, quelles qu’elles soient. »

Ils ont ensuite énuméré plusieurs mesures que les agences gouvernementales pourraient prendre pour contrer la menace croissante des théories du complot :

« Le gouvernement pourrait rendre illégale toute théorie du complot. »

« Le gouvernement pourrait imposer une sorte de taxe, financière ou autre, à ceux qui diffusent ces théories. »

« Le gouvernement pourrait lui-même s’impliquer dans un contre-discours, en rassemblant des arguments à même de discréditer les théories du complot. »

« Le gouvernement pourrait officiellement engager des parties privées crédibles pour s’impliquer dans un contre-discours. »

« Le gouvernement pourrait communiquer de manière informelle avec de telles parties, en les incitant à fournir leur aide. »

Ainsi, Sunstein et ses acolytes sont à l’origine de l’image qui présente les théories du complot comme des menaces existentielles pour la démocratie et le contre-terrorisme, et ils ont très soigneusement eu recours aux pratiques de nudging et de PNL qui créent de puissantes dissonances cognitives dans la psyché de toute personne engagée dans une réflexion non conforme. Aujourd’hui, pratiquement tous les grands sujets de politique publique ont été « recadrées » pour inciter les gens à prendre inconsciemment des décisions qui transforment radicalement non seulement leur vie, mais aussi la composition même de la société. Sunstein travaille actuellement au ministère de la Sécurité intérieure de l’administration Biden.

À la suite des travaux de Sunstein et Thaler sur le nudging, ces idées ont été reprises et dirigées par les échelons supérieurs de l’establishment politique britannique. La Behavioural Insights Team, à l’origine du rapport MindSpace et de ses conséquences, a été créée lorsque le parti conservateur britannique a pris le pouvoir, avec George Osborne à la barre en tant que nouveau chancelier de l’Échiquier. Selon ses propres termes, la Behavioural Insights Team décrit — dans un rapport de 2018 nommé Behavioural Government — son historique de la manière suivante :

« La Behavioural Insights Team a été créé au 10 Downing Street en 2010 [adresse du ministère de l’Intérieur britannique – NdT]. Il s’agit de la première institution gouvernementale au monde qui se consacre à appliquer aux politiques les sciences comportementales. »

Selon le site Web de la Behavioural Insights Team, cette institution est

« la propriété conjointe du Bureau du Cabinet britannique, de l’organisation caritative pour l’innovation Nesta et des employés de Behavioural Insights. »

Il n’est pas surprenant que le Bureau du Cabinet britannique soit également l’institution qui a commandé MindSpace plusieurs années auparavant.

Dans ses propres termes, la Behavioural Insights Team décrit de la manière suivante son réseau de scientifiques spécialistes du comportement :

« Notre panel international d’affiliés universitaires de premier plan comprend le professeur Richard Thaler, lauréat du prix Nobel d’économie 2017, et Theresa Marteau, directrice de l’Unité de recherche sur le Comportement et la Santé de l’université de Cambridge. Nous bénéficions par ailleurs d’un partenariat officiel avec le Behavioral Insights Group (BIG) et nous entretenons des relations étroites avec plusieurs universités, dont Harvard, Oxford, Cambridge, UCL et l’université de Pennsylvanie.[1] »

Lors d’une réunion de la Fabian Society en 2009, Ed Miliband, du parti travailliste britannique, a fait sur le « nudging » les remarques suivantes :

« Souvenez-vous de cette chose appelée Nudge. Avant la crise financière, Nudge a pendant quelques mois été très à la mode dans The Guardian. Le concept du Nudge est de faire en sorte qu’on n’ait pas vraiment besoin de l’État pour faire de grandes choses. Il suffit de quelques incitations ici et là. Les gens ne parlent plus beaucoup de Nudge[2]. »

Dans un article du Guardian du 8 avril 2009, George Osborne, le chancelier de l’Échiquier, parle de l’importance du « nudging » :

« Osborne a déclaré que la pensée Nudge était pertinente pour la crise bancaire parce que, contrairement aux économistes conventionnels, Thaler et Sunstein acceptent que les gens agissent de manière irrationnelle et que la réforme bancaire doit être basée sur l’acceptation que les marchés sont eux aussi irrationnels. »

Peu de temps après sa création, la Behavioural Insights Team est devenue la principale institution qui façonne les messages publics dans le monde occidental, avec des bureaux bien situés dans tous les pays du Five Eyes. Après ce bref historique, plongeons maintenant dans les « livres de sortilèges » utilisés par les apprentis sorciers du XXIe siècle.

La structure de la « Magie »

Prises ensemble, les techniques de PNL et de Nudging peuvent être considérées à juste titre comme une nouvelle forme hybride de « transe hypnotique » en tant que stratégie offensive. On peut la comparer aux époques précédentes de guerre psychologique, mais on peut aussi la considérer comme tout à fait distincte dans la mesure où un nouveau degré de précision scientifique a été atteint au cours de la dernière décennie.

À ce stade, nous devons toutefois préciser que rien de tout ceci n’est nouveau. Comme l’a fait remarquer Bertrand Russell lui-même — descendant de l’une des plus anciennes lignées impériales de « sang bleu » de Grande-Bretagne — les astuces et techniques de la psychologie des foules existent depuis un certain temps :

« Je pense que le sujet qui aura le plus d’importance sur le plan politique est la psychologie des foules. La psychologie des foules n’est pas, d’un point de vue scientifique, une discipline très avancée, et ses apôtres n’étaient pas jusqu’à présent des universitaires : c’était des publicitaires, des hommes politiques et, surtout, des dictateurs. Cette discipline est immensément utile aux hommes pragmatiques, qu’ils souhaitent devenir riches ou faire partie du gouvernement. Bien sûr, en tant que science, elle est fondée sur la psychologie individuelle, mais jusqu’à présent, elle a employé des méthodes empiriques qui reposaient sur une sorte de bon sens intuitif. Son importance a été accrue de manière substantielle par le développement des méthodes modernes de propagande. Parmi celles-ci, la plus influente est ce que l’on appelle « l’éducation ». La religion joue un rôle, bien qu’il soit moindre aujourd’hui ; la presse, le cinéma et la radio jouent un rôle croissant. »

~ Bertrand Russell, — The Impact of Science on Society (1951) [traduit en français sous le titre Science, puissance, violence (1954) – NdT]

Note du traducteur : D’ailleurs, s’il ne s’agissait pas d’éduquer au sens de façonner, le terme « enseigner » / « enseignement » aurait été choisi (bien qu’il soit d’usage dans l’« enseignement » supérieur, mais arrivés là, les étudiants sont déjà pour la plupart « façonnés »).

Ce que nous observons aujourd’hui est l’aboutissement d’un processus de contrôle psychologique des foules qui dure depuis un siècle. Cette nouvelle précision explique l’effet magique [des « messages » Covid – NdT] qui semble avoir envoûté tant de personnes, souvent même des citoyens très instruits ou bien intentionnés, notamment des médecins, des enseignants, des forces de l’ordre, etc. Cependant, les structures de ces « sortilèges », plutôt que d’être magiques, sont dues à la précision scientifique des sciences du comportement et de la psychologie sociale. Contrairement aux formes plus traditionnelles et antérieures de guerre de l’information et de guerre psychologique, qui utilisaient certaines pratiques pour manipuler des « groupes », comme des messages subliminaux, etc., le nouveau « modèle contextuel » élaboré dans le rapport MindSpace du Cabinet britannique adopte une approche différente. Plutôt que de donner aux populations des informations fausses ou confuses, ou de tenter d’influencer la partie consciente de leur psyché et de leurs facultés, il s’agit de manœuvrer directement leur esprit inconscient en utilisant le langage « magique » de la PNL, les stimulations [nudging] inconscientes, et les messages publics « incantatoires », qui induisent tous la transe hypnotique. La base de ces concepts et de leurs applications se trouve dans les travaux pionniers de John Grinder et Richard Bandler, qu’ils ont formulés dans The Structure of Magic I & II. Même parmi les chapitres de The Structure of Magic I, on trouve des titres comme « Devenir un apprenti sorcier » ou encore « L’incantation finale ».

En bref, la recherche initiale de Grinder et Bandler peut être résumée de la manière suivante. Les pionniers de la programmation neurolinguistique (PNL) avaient observé les résultats apparemment magiques obtenus par des thérapeutes très efficaces et très influents comme Virginia Satir, Fritz Perls et d’autres. Ces thérapeutes avaient une telle capacité à opérer des changements fondamentaux dans l’identité et le comportement de leurs patients que Bandler et Grinder ont cherché à modéliser la manière dont leurs approches intuitives leur permettaient d’opérer des transformations aussi profondes et « magiques ». La PNL est devenue une version formalisée et sophistiquée des nombreuses approches intuitives pratiquées par ces thérapeutes « apprentis sorciers ».

Quarante ans plus tard, avec l’ajout de la « théorie du coup de pouce » [« théorie du nudge », à savoir des stimulations qui s’adressent à l’inconscient – NdT], nous sommes entrés dans l’ère où « la transe hypnotique » est utilisée comme stratégie offensive [dans la guerre psychologique – NdT]. Dans les termes les plus simples, nous pouvons observer que les individus font l’expérience de cette transe hypnotique de manière quotidienne et de différentes façons, que ce soit en conduisant une voiture, en marchant, en faisant de l’exercice, toutes ces activités impliquant des « processus automatiques », qui n’ont donc pas besoin d’être dirigés de manière consciente. Dans le cadre de la transe hypnotique utilisée comme offensive stratégique, les ingénieurs sociaux ont la possibilité de déclencher et de diriger directement les divers processus automatiques que l’on trouve dans les états de transe, sans que les populations en soient conscientes ou y consentent. Ces stratégies consistent à utiliser les techniques de « cadrage » de la PNL, à cibler les « défaillances » naturelles du processus de décision propres aux humains, à utiliser des « signaux », à « amorcer », à tirer parti de l’autorité et à utiliser tous les « raccourcis » — nombreux — empruntés par la psyché lorsqu’elle est confrontée à des choix divers. Le but de cet article est de permettre à tout un chacun de nommer toutes ces techniques de transe hypnotique et de définir les « cadres » utilisés par les messages publics, qui permettront même aux profanes de rompre les sortilèges et d’inverser les incantations, de manière presque tout aussi magique que celle utilisée pour les lancer.

Les livres de sortilèges — Introduction préliminaire

Lorsqu’il est entre de bonnes mains, le langage peut avoir un pouvoir magique. Ceux qui ont la capacité intuitive de savoir quoi dire, au bon moment, peuvent avoir sur les autres un pouvoir immense, surtout lorsque ces derniers ne sont pas conscients du type de « sortilège » qui est lancé. En recourant à différents types de langage, tout un chacun peut de manière très différente présenter son histoire, sa vie et les problèmes auxquels il est confronté. Un langage soigneusement choisi a donc la capacité de façonner de manière viscérale les appréhensions conscientes et inconscientes que l’on a de la réalité.

Selon cette perspective, les thérapeutes PNL mettent sur le même plan nos cartes linguistiques et notre principale interface avec la réalité. Ces cartes se structurent — peu importe que ce soit de manière nette ou diffuse — tout au long de notre enfance et de notre vie d’adulte. Nous utilisons ces cartes indépendamment du fait que nous soyons un jour capables de les décrire consciemment. D’un point de vue positif, la PNL nous permet d’étudier la manière dont ces cartes sont formées ou mal formées, la manière dont nous décrivons les situations, les événements, nos sentiments, et comment toutes ces choses peuvent être déformées, généralisées ou supprimées, en fonction de la formation initiale des cartes. Pour le dire plus simplement, les thérapeutes PNL identifient trois voies majeures par lesquelles nos cartes linguistiques deviennent « mal formées » : les suppressions, les distorsions et les généralisations. Une seule suppression ou généralisation d’une expérience en particulier peut modifier de manière fondamentale et pour le reste de notre vie nos cartes de la réalité ; par conséquent, ces cartes transformeront à chaque instant la façon dont nous réagissons et agissons dans le monde réel.

Nous pouvons avoir généralisé certaines expériences de notre enfance et continuer à utiliser un langage et des préjugés qui lui sont propres, un langage et des préjugés que nous utilisons sans discernement, que les nouvelles expériences correspondent ou pas. Dans tous les cas, ces cartes renforcent certains préjugés. Nous pouvons avoir supprimé des informations cruciales de nos descriptions d’expériences passées, rendant ainsi impossibles de nouvelles réponses plus nuancées et adaptatives à de futures expériences similaires. Nous pouvons continuer à déformer notre appréhension de la réalité, et par conséquent nos sentiments et nos pensées, jusqu’au jour où nous décidons de réexaminer ces cartes et d’en identifier les aspects qui ne sont plus adaptés.

Aujourd’hui, redéfinir les cartes linguistiques de la population par le biais de messages publics « incantatoires » est devenu la « Nouvelle normalité ». Qu’il s’agisse de « réimaginer le maintien de l’ordre », de « deux semaines pour aplanir la courbe » ou de « protéger ses proches » d’un virus dont le taux de survie est de 99 %, ces incantations ont été amplifiées par les médias 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, puis renforcées par une série de signaux, d’ancrages et autres aiguillons.

Comme nous l’avons mentionné, le premier livre de sortilèges était le document MindSpace 2010 de l’Institut britannique pour le gouvernement, que nous avons examiné dans « MindsSpace, Psyops, and Cognitive Warfare: Winning the Battle for the Mind » [traduit et publié par Sott.net ICI – NdT]. Depuis lors, ce rapport a été complété par deux suites : EAST en 2012 et Behavioural Governmenten 2018. Ces manuels, peut-être plus que tout autre chose, mettent en évidence les « structures magiques » qui sous-tendent les messages publics. Sans ces techniques, les transformations radicales qui ont eu lieu à travers le monde occidental n’auraient, selon toute vraisemblance, jamais été possibles. Aujourd’hui, alors que les spécialistes du comportement et les ingénieurs sociaux discutent de la possibilité d’aller « au-delà du nudging » pour façonner les réponses à la crise financière, à l’environnement, aux soins de santé, à l’éducation et à l’élaboration des lois, il est grand temps que les citoyens comprennent précisément comment ces « Nudgers » [incitateurs – NdT] et ces magiciens de la PNL élaborent non seulement les actuels sortilèges, mais aussi ceux de demain.

Comme nous l’avons souligné dans l’article précédent, le rapportMindSpace2010 présentait un tableau détaillant les diverses caractéristiques des deux parties fondamentalement différentes de la psyché humaine :

Comme l’explique le rapport, le fait d’encadrer les questions politiques et la réalité du point de vue des « motivations automatiques » — plutôt que l’approche « traditionnelle » consistant à fournir des informations aux populations et à leur permettre de prendre des décisions conscientes — représente une nouvelle avancée technique à même de modifier de manière fondamentale le comportement humain :

« Il existe en gros deux manières d’envisager la modification comportementale. La première consiste à influencer les pensées conscientes des individus. C’est ce que l’on appelle le modèle « rationnel » ou « cognitif ». La plupart des interventions traditionnelles en matière de politique publique empruntent cette voie, et c’est le modèle standard en économie. On présume que les citoyens et les consommateurs analyseront les diverses informations provenant des politiciens, des gouvernements et des marchés, ainsi que les nombreuses incitations qui nous sont offertes, et agiront de manière à refléter leurs meilleurs intérêts (quelle que soit la manière dont ils définissent leurs meilleurs intérêts ou — de manière plus paternaliste — la manière dont les décideurs politiques les définissent).

La seconde, très différente, se concentre sur les processus plus automatiques de jugement et d’influence — ce que Robert Cialdini appelle les processus de la psyché « click whirr » [la tendance à agir sur la base d’informations très limitées – NdT]. Ce modèle déplace l’attention des faits et des informations vers la modification du contexte dans lequel les individus agissent. On pourrait appeler cela le modèle « contextuel » de la modification comportementale. Le modèle contextuel reconnaît que les gens sont parfois apparemment irrationnels et incohérents dans leurs choix, souvent parce qu’ils sont influencés par des facteurs ambiants. Par conséquent, ce modèle se concentre davantage sur

« la modification comportementale sans pour autant modifier la psyché. Cette approche a suscité un intérêt plutôt limité de la part des chercheurs et des responsables politiques. »

Comprendre la distinction fondamentale entre les moyens traditionnels de communication publique et le « modèle contextuel » devient crucial pour appréhender la manière dont ces nouvelles formes de propagande agressives que sont la « transe hypnotique » et l’hypnose collective, peuvent être efficacement neutralisées. Le rapport MindSpace souligne même de manière spécifique que les tentatives précédentes des gouvernements d’élaborer des politiques en partant du principe que l’on pouvait faire confiance aux individus pour prendre les bonnes décisions « rationnelles » est considéré comme un échec :

« Les outils tels que les incitations et l’information visent à modifier les comportements en « modifiant lapsyché« . Si nous fournissons les carottes et les bâtons, ainsi qu’une information précise, les populations évalueront à nouveau les coûts et les avantages de leurs actions et réagiront en conséquence. Malheureusement, les faits montrent que les individus ne réagissent pas toujours de cette manière « parfaitement rationnelle« .

En revanche, les approches fondées sur la « modification des contextes » — l’environnement dans lequel nous prenons nos décisions et réagissons aux signaux — ont le potentiel d’entraîner des modifications comportementales significatives à un coût relativement faible. »

C’est ensuite que sous la forme d’un moyen mnémotechnique — MINDSPACE — les auteurs du rapport présentent neuf influences majeures sur nos processus automatiques, c’est-à-dire notre inconscient [à noter toutefois que la traduction en français ne peut pas composer le mot Mindspace ; voir le tableau original en anglais ICI – NdT] :

© Sott.net pour l’adaptation française de MindSpace
Cliquer pour agrandir L’objectif de MindSpace était d’enseigner aux décideurs politiques de premier plan comment élaborer des messages capables d’exploiter toute la puissance que renferme le fait de « nudger » [stimuler – NdT] les « motivations automatiques » des individus, de manière à orienter la population dans une direction politique souhaitée sans, qu’il soit nécessaire qu’elle en soit consciente et y consente. Qu’il s’agisse de « deux semaines pour aplanir la courbe » ou des « avantages qui l’emportent sur les risques », tous les messages publics ont été truffés d’« incitations » qui orientent l’inconscient des individus dans la direction souhaitée.

Par exemple, la plupart des médias mainstream titrent leurs articles en utilisant des expressions comme « selon la recherche » et « les scientifiques disent ». Cependant, bien qu’elles présentent un vernis scientifique, ces affirmations ne sont pas des déclarations scientifiques, mais elles font appel à la pensée collective ; elles sont conçues pour tirer parti de notre perception de l’autorité et amener notre psyché à prendre un « raccourci » mental. Des recherches à ce sujet ont été menées par Michael Cialdini, l’auteur d’Influence. Cialdini expliquait comment la perception de l’autorité pouvait constituer une puissante influence comportementale, puisque l’autorité est souvent décelée par un raccourci mental.

Par exemple, nous allons chez le médecin et suivons ses conseils parce qu’il a étudié la médecine et reçu un enseignement méthodique pendant de nombreuses années. Par conséquent, d’après les recherches de Cialdini, le fait que les kinésithérapeutes placardent tous leurs diplômes sur les murs de leur bureau augmente de 30 % l’adhésion des patients à l’ensemble des exercices recommandés. Ainsi, le fait d’exploiter ce qui constitue aux yeux de la population une apparence d’autorité devient un facteur clé pour l’inciter à prendre un « raccourci » mental face à des problèmes complexes et à multiples facettes. Nous pouvons le constater avec l’augmentation soudaine de d’expressions simplistes telles que « selon les experts », « les scientifiques disent », « la recherche indique », toutes utilisées pour augmenter la perception que l’on se fait de l’autorité d’une source ou d’un « messager » — sans qu’il ne soit jamais fait mention de la vérité ou de la validité des résultats.

Les recommandations d’un médecin ou d’un scientifique sont un « raccourci ». Néanmoins, quiconque a déjà écouté plusieurs médecins différents diagnostiquer un problème de santé ou recommander divers traitements constatera probablement que les opinions individuelles des médecins peuvent varier de manière considérable, surtout lorsqu’il s’agit de traitements nouveaux et expérimentaux.

Toutefois, l’inconscient prend de nombreux « raccourcis » et possède de nombreuses « valeurs par défaut ». La deuxième influence de la liste de contrôle MindSpace est celle des « incitations ». La liste de contrôle décrit ces incitations de la manière suivante :

« nos réponses aux incitations sont façonnées par des raccourcis mentaux prévisibles — comme le fait de résolument éviter les pertes [d’argent]. »

À la page 20 de MindSpace, les auteurs décrivent cette puissante influence comportementale — « la peur de perdre [de l’argent] est plus forte que l’envie de réaliser des gains » — de la manière suivante :

« Notre aversion à perdre de l’argent est plus forte que notre désir d’en gagner, et ce, pour un montant équivalent. La plupart des actuels programmes d’incitation offrent des récompenses aux participants, mais une récente analyse d’expériences menées dans le cadre de traitements contre l’obésité impliquant le recours à des incitations financières n’a révélé aucun effet significatif sur la perte ou le maintien du poids à long terme. Une autre solution pourrait consister à présenter les incitations comme une pénalité financière qui serait imposée si les personnes concernées n’étaient pas capables de faire ce qui leur est demandé. Une étude récente sur la perte de poids a demandé à certains participants de déposer de l’argent sur un compte, lequel leur était rendu (avec un supplément) s’ils atteignaient leurs objectifs de réduction de poids. Au bout de sept mois, ce groupe a montré une perte de poids significative par rapport à son poids de départ. Le poids des participants d’un groupe témoin n’a lui pas changé. La crainte de perdre de l’argent peut avoir créé une forte incitation à perdre du poids. Par conséquent, les décideurs politiques pourraient mettre l’accent sur l’argent perdu par les intéressés qui n’agiraient pas, plutôt que sur le montant qu’ils pourraient économiser. »

Avance rapide jusqu’au rapport 2018 de l’équipe Behavioural Insights intitulé Behavioural Government. Il décrit l’utilisation des techniques de « cadrage » de la PNL pour établir les décisions politiques en termes de décès, plutôt qu’en termes de vies sauvées, et l’impact profond que cela peut avoir sur les décideurs [politiques – NdT] :

« Les effets induits par le cadrage se réfèrent au fait que c’est la présentation d’un problème, et non son contenu substantiel, qui peut déterminer si [ce problème] attirera l’attention et comment il sera interprété. Par exemple, la figure ci-dessous montre que les hommes politiques et les fonctionnaires étaient plus susceptibles de choisir une option politique risquée lorsqu’elle était présentée en termes de nombre de décès qu’elle pouvait prévenir (plutôt que de nombre de vies qu’elle pouvait sauver). » © Behavioural Insights Team
« Les politiciens étaient 38 points de pourcentage plus susceptibles de choisir l’option risquée si l’information était formulée en termes de décès potentiels,
et non en termes de vies sauvées. » Hélas, bien que le virus ait un taux de survie de 99 %, le principal cadre de référence donné aux élus et aux citoyens concerne le fait qu’ils pourraient perdre une personne à laquelle ils tiennent et qu’ils pourraient transmettre le virus aux personnes qu’ils aiment, ce qui entraînerait leur mort. La « modélisation » informatique du nombre probable de décès, réalisée par l’Imperial College de Londres, a créé un scénario apocalyptique centré sur le nombre de décès, qui n’est pas sans rappeler la modélisation climatique apocalyptique réalisée par une autre université britannique.

Comme l’a indiqué Brian Gerrish dans UK Column, il existe deux équipes identifiées comme étant celles qui pilotent la stratégie mise en place pour lutter contre le Covid-19 en Grande-Bretagne :

La première est l’équipe de l’Imperial College dirigée par Neil Ferguson, qui prétend être capable d’utiliser ses modélisations informatiques pour prévoir la propagation et l’impact de la maladie. La seconde est l’armée de « scientifiques » spécialistes du comportement qui, à chaque occasion, nous incitent à prendre des décisions qui favorisent les options privilégiées par les responsables politiques mondiaux.

Dans l’article précédent [rappel, traduit et publié par Sott.net – NdT, nous avons examiné « Quatre messages qui peuvent accroître l’adoption des vaccins Covid-19 ». Ces messages ont été conçus pour exploiter la formidable influence qui peut être exercée sur les « défaillances » inhérentes au processus de décision des êtres humains. Comme on pouvait s’y attendre, le message le plus efficace pour augmenter le taux d’acceptation de la vaccination était « protéger ses proches » :
© Behavioural Insights Team
Exemple de nudging comportemental

Traduction : 1 — Aider les êtres qui vous sont chers a fait appel au désir des gens de protéger et de soutenir leurs amis et leur famille. Il a fait comprendre que le fait de se vacciner soi-même peut aider ses proches, tout en veillant à ne pas exagérer le pouvoir du vaccin de réduire ou d’éliminer la transmission.

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Les êtres qui vous sont chers ont besoin de vous.
Faites-vous vacciner contre le Covid-19 pour être sûr d’être là pour eux.
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Après avoir étudié les conclusions de MindSpace sur les « motivations automatiques », le message le plus important n’est pas surprenant : si une personne est confrontée au choix de « protéger ses proches » d’une menace existentielle — qu’elle soit réelle ou perçue — la décision est automatique. Du point de vue des « défaillances » (la peur de perdre [de l’argent] est plus forte que l’envie de réaliser des gains), la plupart des êtres humains empathiques ne voudront pas risquer de perdre des êtres chers — une perte majeure — pour pouvoir (disons) participer à un quelconque événement social — un gain mineur. En outre, ils seront prêts à faire de grands sacrifices afin d’éviter des pertes encore plus importantes — qu’elles soient potentiellement réelles ou perçues.

Un autre exemple particulièrement néfaste et vicieux de ces techniques coercitives de « cadrage » serait l’exemple d’un discours prononcé par l’actuel Premier ministre canadien Justin Trudeau, lors d’une récente étape de campagne pour les élections fédérales canadiennes de 2021. En parlant des « anti-vaccins », Trudeau a fait les remarques suivantes :

« Ils mettent en danger leurs propres enfants, et ils mettent en danger nos enfants aussi. »

Et en soulignant la nature des efforts consentis par la population, Trudeau a ajouté :

« Les Canadiens ont fait des sacrifices incroyables au cours des dix-huit derniers mois. »

Bien que ces déclarations soient construites d’une manière apparemment simple, elles définissent la réalité en termes très précis. Elles ciblent de manière très précise les « motivations automatiques » intrinsèques à tous les êtres humains en bonne santé, à savoir le désir de protéger sa progéniture. Le récit officiel suggère l’existence de deux groupes fondamentalement opposés — arbitrairement définis comme les vaccinés et les non-vaccinés — et laisse entendre qu’un groupe menace réellement les enfants de l’autre groupe. Il s’agit peut-être de l’une des remarques les plus agressives, les plus incendiaires et les plus susceptibles de semer la discorde qu’un représentant du gouvernement puisse faire, car elle vise directement l’un des instincts les plus primaires de l’être humain : le désir de protéger ses enfants. Pourtant, toutes les preuves scientifiques démontrent de manière irréfutable que les enfants ne sont absolument pas en danger, le risque de décès dû au Covid-19 chez les moins de 18 ans étant largement inférieur à 1 %. Malgré ces faits, le récit officiel présente la dangereuse menace qui pèse sur les enfants du groupe interne — les vaccinés — comme une menace existentielle provenant du groupe externe — les non-vaccinés.

Avec les « deux semaines pour aplanir la courbe », on observera que les « lignes du temps » de la PNL ont en outre été utilisées. Les thérapeutes PNL pourraient citer l’exemple du temps qui sert de solide cadre de référence pour façonner la motivation et l’état mental d’une personne. Si l’on dit à quelqu’un qu’il dispose d’une heure pour rédiger une dissertation ou de deux semaines pour rédiger la même dissertation, la réponse émotionnelle et l’état mental seront sensiblement différents. À cet égard, pratiquement personne n’aurait accepté deux mois ou deux ans pour aplanir la courbe, mais « deux semaines » était un engagement initial que la plupart des personnes raisonnables et bien intentionnées étaient prêtes à prendre. En termes de PNL, la réponse émotionnelle aux confinements et les « échéances » pour aplanir la courbe ont ensuite été simplement « calibrées », les nouvelles « échéances » étant utilisées pour recadrer les scénarios et les mesures mises en œuvre ultérieurement.

Note du traducteur : Selon les thérapeutes PNL, le modèle de la « ligne du temps » permet de donner un sens à notre expérience temporelle en plus de changer notre compréhension face à l’influence des émotions négatives et des décisions limitatives qui nous affectent. Source

Bien que certaines de ces techniques puissent être considérées comme intuitives, et certainement pas nouvelles, considérez l’utilisation des « lignes du temps » pour façonner le comportement de manière plus générale. Si des scénarios climatiques apocalyptiques accompagnés d’inondations et d’incendies bibliques sont lancés depuis un certain temps comme autant de cris d’alarme, les médias et les « experts » du climat ont récemment donné « 12 ans » à l’humanité. 12 ans est subitement devenu le marqueur symbolique qui détermine l’échéance à respecter pour mettre en place des réponses climatiques mondiales, contraignantes d’un point de vue juridique, et dictées par des institutions supranationales.

On nous accorde une échéance de 12 ans avant qu’il ne soit trop tard pour prévenir les inondations, les incendies et les tornades d’ampleurs bibliques. Mais s’agit-il de « la science » ou d’une « ligne du temps » de la PNL, ayant pour but de pousser les populations dans une direction donnée sans que cela ne s’appuie sur aucune science réelle ni qu’aucune autre alternative soit proposée ?

Et si nous n’avions pas seulement 12 ans pour empêcher le monde de basculer ? Et si nous disposions de 20 ou 50 ans ? Et si la conclusion ayant menée à ces 12 ans était fondamentalement fausse parce que ses hypothèses et ses méthodes sont fondamentalement erronées et ont conduit à de précédentes conclusions tout aussi erronées ? Et si nous avions le temps d’introduire une économie de fusion avant d’abandonner les combustibles fossiles ?

Note du traducteur : Au-delà de la séparation et de la concentration des ressources, l’économie de fusion permet de créer des matériaux entièrement nouveaux, dotés de propriétés inédites. Source

Ainsi, aujourd’hui, les nombreux messages publics incantatoires émanant des Five Eyes utilisent des cadres et des techniques issus de la PNL, tels les signaux, les ancrages, l’amorçage inconscient et le ciblage des « défaillances » intrinsèques à notre processus de prise de décision. Grâce à ces différentes techniques, les auteurs de MindSpace ont créé un cadre permettant aux décideurs politiques de commencer à utiliser le « modèle contextuel » afin d’exploiter de manière efficiente le pouvoir d’influencer et de guider la partie inconsciente de la psyché des populations pour qu’elles prennent des décisions qu’elles ne prendraient pas autrement, notamment si le modèle « classique » utilisé pour induire une modification comportementale avait été utilisé.

Malheureusement, depuis la sortie initiale de MindSpace, deux autres livres de sortilèges sont sortis : EAST, et Behavioural Government. Tous deux s’appuient sur les connaissances initiales contenues dans le rapport MindSpace. Aujourd’hui, les dirigeants de ces nouveaux programmes visant à modifier les comportements parlent d’aller encore « plus loin que le nudging », de telle sorte que les comportements et la composition de la société puissent être transformés à des échelles jamais imaginées jusque-là, et ce dans tous les domaines de la vie, y compris l’économie, l’environnement, les soins de santé et même la réorganisation du système financier. Les agences des Nations unies et d’autresorganismes supranationauxs’emploient désormais à mettre en pratique ces connaissances pour modifier de manière fondamentale le profil de l’humanité.

Ceci nous amène à notre prochain exemple, trouvé dans le manuel EAST.

EAST

Le rapport MindSpace 2010 a été suivi du procédé mnémotechnique EAST. Il a continué à s’appuyer sur les connaissances initiales contenues dans MindSpace, en élaborant des idées additionnelles telles que celle qui veut « rendre la chose sociale », dont la mise en pratique est désormais généralisée, comme nous pouvons l’observer.

Note du traducteur : Le procédé mnémotechnique de EAST est le suivant : Easy – Attractive – Social – Timely. Voir ci-dessous pour la traduction.

Comme l’explique l’introduction d’EAST :

« Au cours des premières années, nous avons souvent utilisé la structure de base deMINDSPACE, et certains membres de l’équipe ont d’ailleurs joué un rôle central dans son développement. Nous utilisons toujours cette structure. Mais nous avons constaté lors de séminaires que ses neuf éléments étaient difficiles à mémoriser pour des décideurs très occupés (ce qui reflète le « découpage cognitif« ). Nous avons de manière simultanée constaté lors de nos essais quotidiens et de notre travail en matière de politique que certains des effets les plus fiables provenaient de modifications qui n’étaient pas faciles à appréhender dansMINDSPACE, ou même par une grande partie de la littérature universitaire. Par exemple, nous avons souvent constaté que la simplification des messages, ou l’élimination de la moindre « friction » dans un processus, peut avoir un impact important. Pour ces raisons, nous avons voulu développer un moyen mnémotechnique plus court et plus simple — le cadre EAST[3]. »

Note du traducteur : En psychologie cognitive, le découpage est un processus par lequel des éléments individuels d’un ensemble d’informations sont décomposés, puis regroupés pour former un tout significatif. Source

EAST présente quatre stratégies de base destinées à accroître le consentement de la population à une politique gouvernementale [donnée] :

  • Rendez la facile [Easy] ;
  • Rendez la attrayante [Attractive] ;
  • Rendez la sociale [Social] ;
  • Rendez la opportune [Timely].

La description de « Rendez la sociale », qui figure dans le résumé de la page 5, constitue un bon exemple de l’approche globale et de son pouvoir très efficace.
© EAST

Traduction :3. Rendez-la sociale

* Montrer que la plupart des gens adoptent le comportement souhaité. Décrire ce que la plupart des gens font dans une situation particulière encourage les autres à faire de même. De même, les décideurs politiques doivent veiller à ne pas renforcer par inadvertance un comportement problématique en mettant l’accent sur sa forte prévalence.

* Utiliser le pouvoir des réseaux. Nous sommes intégrés dans un réseau de relations sociales, et les personnes avec lesquelles nous entrons en contact façonnent nos actions. Les gouvernements peuvent favoriser les réseaux pour permettre une action collective, fournir un soutien mutuel et encourager les comportements à se propager entre pairs.

* Encourager les gens à s’engager envers les autres. Nous utilisons souvent des dispositifs d’engagement pour nous « enfermer » dans une pratique [donnée] de manière volontaire et établie à l’avance. La nature sociale de ces engagements est souvent cruciale.

Considérez la montée en puissance du nombre de « réunions Zoom » qui ritualisent le sacrifice collectif de la population en le « rendant social ». L’augmentation soudaine des moments de bien-être fondés sur l’adhésion à des politiques imposées par le gouvernement a été transformée en événements sociaux ritualisés, la mise en place de mesures d’urgence par le gouvernement étant présentée comme un moyen permettant aux populations d’embrasser le sacrifice collectif au nom de la « protection des êtres chers » et de l’humanité dans son ensemble. Les réunions Zoom entre individus fragmentés [d’un point de vue psychologique – NdT] leur sont devenus un moyen d’honorer les « engagements » à aplanir la courbe. Une part importante de tous les messages relatifs au Covid-19 était présentée comme relevant d’un sacrifice personnel et collectif pour le plus grand bien de tous — ce qui revient à le ritualiser — en exploitant en tout premier lieu la bonne volonté et la bonne nature innées des êtres humains.

À ce stade, nous devons souligner que ces efforts ne sont pas nouveaux. Ils constituent [toutefois aujourd’hui – NdT] le point culminant d’un siècle d’efforts déployés par les échelons supérieurs de l’oligarchie anglo-étatsunienne pour perfectionner la guerre psychologique [menée contre les populations – NdT]. Dans son ouvrage The Scientific Outlook, publié en 1931 [et traduit en français en 1947 sous le titre L’esprit scientifique et la science dans le monde moderne – NdT], Lord Bertrand Russell, descendant de l’une des plus anciennes lignées impériales de Grande-Bretagne, décrit cette perspective :

« Les autorités scientifiques fourniront un type d’éducation pour les hommes et les femmes ordinaires et un autre pour ceux qui sont destinés à devenir les détenteurs du pouvoir scientifique. On attendra des hommes et des femmes ordinaires qu’ils soient dociles, industrieux, ponctuels, insouciants et satisfaits. Parmi ces qualités, la satisfaction sera probablement considérée comme la plus importante. Pour la susciter, tous les chercheurs en psychanalyse, behaviorisme et biochimie seront mis à contribution […] tous les garçons et les filles apprendront dès leur plus jeune âge à être ce que l’on appelle « coopératifs« , c’est-à-dire à faire exactement ce que font les autres. Toute initiative sera chez ces enfants découragée, et la science leur inculquera à ne pas faire preuve d’insubordination sans qu’il soit nécessaire de les punir. »

~ Bertrand Russell, The Scientific Outlook

Note du traducteur : Il ajoute ensuite :

« À l’exception de la loyauté envers l’état mondial et envers leur propre ordre, les membres de la classe dirigeante seront encouragés à être audacieux et plein d’initiatives […]

« À de rares occasions, une situation difficile nécessitant une attention particulière peut advenir, par exemple lorsqu’un garçon ou une fille, qui a dépassé l’âge où il est normal d’avoir décidé de son statut social, montre une capacité à être l’égal intellectuel des dirigeants. Si la jeune personne est heureuse d’abandonner ses anciens associés et de se lancer de tout cœur avec les dirigeants, elle peut, après des tests appropriés, être promue. Mais si elle montre une quelconque regrettable solidarité envers ses anciens partenaires, les dirigeants devront conclure, à contre-cœur, qu’il n’y a rien à faire à part l’envoyer dans la chambre d’exécution avant que son intelligence mal disciplinée n’ait le temps de répandre la révolte. Il s’agira pour les dirigeants d’un difficile devoir, mais je pense qu’ils ne reculeront pas devant l’idée de l’accomplir. »

Afin de créer une population « coopérative », presque tous les messages gouvernementaux — qu’il s’agisse de sacrifice personnel, d’engagement à « protéger des êtres chers » ou de sous-entendre que « la plupart des personnels soignants » se font vacciner — sont conçus pour cibler ces « motivations automatiques » et activer les parties de nos structures mentales qui sont inconscientes et ne requièrent aucun effort.

La stratégie offensive de la transe hypnotique

Mettre un nom sur ces techniques est essentiel pour forcer les processus inconscients à pénétrer les parties réflexives de notre pensée. En ce qui concerne la transe et l’hypnose, il convient de souligner que le pionnier de l’hypnose, Milton Erickson, a fondé son approche de l’hypnose sur un langage qui était certes « astucieusement vague », mais il l’était à dessein et de manière méthodique. Aujourd’hui, nous sommes bombardés de messages de santé publique, censés être rédigés par les plus grands experts de la santé et les principaux décideurs publics, lesquels, en dépit de toutes leurs références et leur expertise, soutiennent constamment et précisément un récit officiel « astucieusement vague ».

Ce récit officiel encourage les populations à se faire injecter des vaccins censés « arrêter la propagation », mais qui, de par leur conception même, n’empêchent pas la transmission et ne font que réduire les symptômes [encore que là aussi, il existe un doute – NdT]. Les définitions d’expressions telles que « immunité collective », « entièrement vacciné », font par ailleurs l’objet de révisions constantes. Les personnes sont obligées de faire la queue et de respecter des protocoles stricts de distanciation à un moment donné, pour ensuite s’entasser dans un avion, un magasin ou ailleurs, quelques instants plus tard. La population est obligée de suivre des obligations très strictes de porter des masques, bien qu’il n’existe aucune étude prouvant leur efficacité.

La réponse instinctive formulée par de nombreuses personnes rationnelles est de suggérer qu’il s’agit d’une incompétence systémique. C’est peut-être le cas, mais il existe également de nombreux stimuli et techniques de transe destinés à exploiter le pouvoir des motivations automatiques, qui, par nature, impliquent des états de transe spontanés. De plus, comme l’affirme le co-créateur de la programmation neurolinguistique et hypnotiseur de renommée mondiale — Richard Bandler — dans son Guide to Trance-formation: Make Your Life Great [que l’on pourrait traduire par « Guide de la transe-formation : Comment se créer une vie extraordinaire » – NdT] : « induire la confusion augmente la suggestibilité[4] ». Il a étudié les schémas hypnotiques de Milton Erickson qui étaient décrits comme étant à dessein et de manière méthodique « astucieusement vagues ». Ce qui permet au patient de donner à ces schémas une signification qui lui est propre, et renforce l’apparence de souveraineté dans sa prise de décision.

Plus un énoncé est truffé d’ambiguïtés, surtout en état de transe, plus les patients, les clients ou les cibles s’ouvrent à de nouvelles suggestions et développent une capacité à fournir une signification qui leur est propre, ce qui fixe les croyances dans les « structures profondes » de leur psyché et leur donne l’impression que leurs choix sont libres. En outre, alors que la décision de rendre obligatoire le port du masque pourrait simplement être le résultat de l’incompétence, du point de vue du Nudging et de la Programmation neurolinguistique, les masques, les flèches sur le sol indiquant aux gens où poser les pieds, et les affiches qui les invitent constamment à surveiller de manière hyper vigilante leur comportement, fonctionnent tous comme des « signaux » et des « amorçages » efficaces dans le processus de nudging.

Nous pouvons remercier la Behavioural Insights Team et l’« armée de psychologues comportementaux ». Ces récents développements font écho à ce que l’un des pères de la guerre psychologique et du lavage de cerveau, le brigadier John Rawlings Rees du Tavistock Institute, a décrit comme étant le besoin de disposer d’une armée de « troupes de choc psychologiques » qui pourraient être positionnées de manière stratégique dans toute la société en vue d’amener la population à accepter les desseins politiques d’une classe dirigeante — qui était et continue de n’être qu’un petit cercle de privilégiés au sein d’un ordre financier international anglo-étatsunien, lui-même essentiellement centré sur Londres et son extension, Wall Street.

Note du traducteur : À propos du Tavistock Institute, voir cet excellent article De l’eugénisme à l’hygiène sociale ou le contrôle mental comme moyen de gérer les masses

Dans cette optique, et puisque les messages publics liés au Covid-19 sont élaborés en fonction de ces concepts et termes spécifiques, nous pensons que tout le monde devrait connaître le langage utilisé par ceux qui lancent les sortilèges. Connaître ce langage semble également être le moyen le plus facile d’inverser les incantations. En effet, une fois qu’un nom est mis sur l’une de ces incitations et « structures magiques », elles pénètrent l’attention consciente, ce qui signifie qu’elles ne peuvent plus fonctionner à leur vitesse automatique de « click whirr » [la tendance à agir sur la base d’informations très limitées – NdT].

En ayant connaissance de la nature des « cadres » — comme la ligne du temps, ou la nature des défaillances ciblées, ou encore comme la peur de perdre [de l’argent] qui est plus forte que l’envie de réaliser des gains — il est plus facile de voir comment les gens se conforment à des instructions arbitraires, comme s’ils étaient en transe.

Hélas, deux semaines deviennent deux ans (ou peut-être plus). Tant que les coups de pouce inconscients et les processus automatiques initiaux ne font pas dans la population l’objet d’une révision consciente [et personnelle – NdT], nombreux sont ceux qui sont susceptibles de continuer à fonctionner selon leurs engagements initiaux, et ce, pour une durée indéterminée. En fait, à la page 14, les auteurs de MindSpace ont spécifiquement observé la manière dont ces processus inconscients peuvent continuer à fonctionner sans contrôle conscient ad vitam æternam, une fois les motivations automatiques activées.

« Les deux systèmes ont des capacités différentes : l’esprit réflexif a une capacité limitée, mais offre une analyse plus systématique et plus « profonde« . L’esprit automatique traite de nombreuses choses séparément, simultanément et souvent inconsciemment, mais il est plus « superficiel » : il prend des raccourcis et possède des préjugés bien ancrés. Comme l’explique une source universitaire,

« une fois déclenchés par des facteurs ambiants, [ces] processus automatiques préconscients se déroulent jusqu’à leur terme sans aucun contrôle conscient.[5] »

Par ailleurs, en utilisant d’autres techniques de la PNL comme l’« ancrage », les « signaux » et l’« amorçage », non seulement le processus peut se poursuivre sans que l’individu soit conscient que ses processusinconscientssont visés, mais il peut être dirigé en temps réel.

Tout comme la guérison d’une maladie de l’âme nécessite une approche différente de celle d’une maladie cardiaque, sortir d’une transe, lever les sortilèges de la PNL et échapper à l’hypnose collective nécessitent une approche plus nuancée et double : il est en tout premier lieu nécessaire de mettre un nom sur les cadres inconscients, les coups de pouce et les ancrages introduits dans la psyché des personnes hypnotisées ; puis, une fois qu’une nouvelle connexion est établie entre les processus automatique et réflexif, il faut ensuite tenter de rompre les sortilèges avec des arguments de bon sens ancrés dans la raison. En un mot, les parties automatique et réflexive de la psyché vont alors pouvoir se connecter de manière différente et par conséquent réagir au langage de manière différente. En supposant que l’on puisse influencer la partie émotive et « automatique » de la psyché en utilisant un langage et une argumentation rationnels, le fait est que les messages publics liés au Covid-19 ont été orientés vers les parties « automatiques » et émotives propres à l’inconscient de la psyché. Si l’on veut tenir un discours rationnel auprès des hypnotisés, il faut donc s’adresser à ces deux parties de la psyché.

Comme dans le cas de l’hypnose où certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux techniques de transe, une partie de la population est tout pareillement plus sensible aux messages publics incantatoires destinés à induire une transe, souvent en s’attaquant à ceux qui se considèrent comme de bons citoyens empathiques. Connaître la « structure » de ces incantations est essentielle pour savoir comment les inverser.

Rompre le sortilège

Lorsque l’on considère l’utilisation actuelle et future de ce type de techniques pour « modifier le comportement », tout particulièrement en ce qui concerne la « crise climatique », rappelons-nous les paroles d’un passionné de l’ingénierie sociale et descendant de l’une des plus anciennes lignées impériales d’Angleterre, Lord Bertrand Russell. Il y a plus d’un demi-siècle, ce dernier a fait la remarque suivante :

« Les psychologues sociaux de l’avenir disposeront d’un certain nombre de classes d’écoliers sur lesquelles ils essaieront différentes méthodes pour produire une conviction inébranlable selon laquelle la neige est noire. Plusieurs résultats seront bientôt obtenus. Premièrement, que l’influence du domicile familial est obstructive. Deuxièmement, que les résultats sont limités si l’endoctrinement ne commence pas avant l’âge de dix ans. Troisièmement, que les couplets mis en musique et entonnés de façon répétée sont très efficaces. Quatrièmement, que l’opinion que la neige est blanche doit être considérée comme la preuve d’un goût morbide pour l’excentricité. Mais j’anticipe. C’est aux scientifiques de demain de préciser ces maximes et de découvrir avec précision combien il en coûte par tête pour faire croire aux enfants que la neige est noire, et de combien ce coût serait inférieur pour leur faire croire qu’elle est gris foncé. »

~ Bertrand Russell, — The Impact of Science on Society (1951) [traduit en français en 1954 sous le titre Science, puissance, violence – NdT]

Bien que la psychologie freudienne et son application par des personnes comme Edward Bernays aient marqué un progrès significatif dans la capacité de la classe dirigeante à influencer les « croyances populaires » et les parties inconscientes de la psyché des individus, le développement et les applications de la psychologie sociale et de la science du comportement observés depuis environ une décennie inaugurent une nouvelle ère au sein de laquelle la guerre psychologique et les techniques de modification du comportement ont gagné en précision : c’est l’ère de la « transe » et de l’« hypnose collective » qui sont utilisées comme autant de stratégies offensives visant à piloter de manière subtile les « motivations automatiques ». C’est ainsi que la programmation neurolinguistique et le nudging ont été adoptés comme les instruments clés pour convaincre les populations que « la neige est noire ».

Voici un dernier extrait de Russell qui, en guise de conclusion à ses réflexions optimistes sur l’avenir des techniques d’ingénierie sociale, écrit :

« Bien que cette science soit étudiée avec diligence, elle sera strictement réservée à la classe dirigeante. Les populations ne seront pas autorisées à savoir de quelle manière ses convictions ont été générées. Lorsque la technique aura été perfectionnée, chaque gouvernement qui aura été en charge de l’éducation pendant une génération sera en mesure de contrôler ses sujets en toute sécurité sans avoir besoin d’armées ou de policiers. »

~ Bertrand Russell — The Impact of Science on Society (1951) [traduit en français sous le titre Science, puissance, violence (1954) – NdT]

Nous avons donc bouclé la boucle. Cependant, en dépit de la nature apparemment sophistiquée de cette nouvelle ère de guerre psychologique appliquée à l’ensemble de la population, ces méthodes de propagande reposent sur une approche tellementconventionnelle qu’il est difficile de ne pas la déceler. Que ce soit par l’importance de la ligne du temps, par le fait que « la peur de perdre [de l’argent] est plus forte que l’envie de réaliser des gains » ou par la « preuve sociale » — à savoir que 97 % des scientifiques sont d’accord — notre monde est en permanence « recadré ».

Au lieu de nous contenter de dénoncer l’imposture d’un ensemble d’informations donné, il nous incombe d’identifier les cadres et de décider consciemment si le choix du cadre nous semble satisfaisant ou adapté. Nous devrions demander aux autres s’ils pensent que ces cadres leur conviennent, ou requérir leur opinion sur des cadres alternatifs subtilement différents qui pourraient avoir des implications très différentes. Nous devrions expérimenter nous-mêmes pour nous rendre compte à quel point il est facile de « recadrer » le monde. N’importe quel étudiant moyen de niveau universitaire en création littéraire pourrait facilement devenir un ingénieur social de haut niveau s’il est muni d’un guide de recadrage basique.

Lorsque de nouvelles informations apparaissent, nous devrions nous demander quels sont les cadres sous-jacents, avant même d’essayer de les évaluer. En effet, la « magie » réside dans la façon dont les incantations sont encadrées, plutôt que dans l’information elle-même. Une fois ces cadres identifiés, leur pouvoir magique s’estompe.

En conclusion, contrairement à la « théorie du complot » typique qui veut que tout le monde soit « dans le coup », les PsyOps doivent être comprises comme le contraire d’un thriller conspirationniste hollywoodien : la plupart des personnes impliquées ne sont pas « dans le coup » étant donné que les manœuvres sont conçues pour paraître naturelles et provoquer des changements presque « magiques ». Les gens pensent sincèrement prendre des décisions qui leur sont propres, sans être conscients des mécanismes et des « modèles de contexte » environnementaux qui influencent la façon dont ils réagissent inconsciemment aux cadres.

Les citoyens devraient avoir le droit de décider s’ils veulent être poussés dans une direction prédéterminée, ou examiner de plus près les cadres en question, pour décider par eux-mêmes s’il existe une réalité plus nuancée et une approche plus raisonnable. Sinon, je vous laisse imaginer quels pourraient être nos futurs « lignes du temps » en cas de nouvelle crise… peut-être une soudaine crise systémique du système financier causée par une soudaine « cyberattaque » ?

Si l’auteur croit de tout cœur que les arguments rationnels, la science et les lumières de la raison doivent et peuvent l’emporter, une partie de cette tâche implique nécessairement d’identifier le lieu et la nature des blocages émotionnels et psychologiques qui empêchent les personnes d’intérioriser les arguments rationnels. Comme nous l’avons dit, ce à quoi nous assistons avec l’application de ces nouvelles avancées majeures du XXIe siècle issues de la science comportementale et de la psychologie sociale est un combat fondé sur la transe hypnotique et le ciblage des « motivations automatiques ».

Pour gagner la guerre, nous devons rompre le charme.

Notes

[1]https://www.bi.team/about-us/who-we-are/
[2]https://www.theguardian.com/politics/blog/2009/jan/17/fabian-conference-blog
[3] Page 3
[4] Richard Bandler
[5] Todorov and Bargh (2002) Automatic sources of aggression. Aggression and ViolentBehavior 7:53-68

À propos de l’auteur

David B. Gosselin est un poète, traducteur et linguiste basé à Montréal. Il est le fondateur du site de poésie The Chained Muse et du podcast New Lyre. Son nouveau recueil de poèmes s’intitule Modern Dreams.


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