L’info tue la décision (et vice versa)
Publié le 05 août 2008 par Didier54
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Je lisais dernièrement des passages d'un bouquin sur la Gouvernance des territoires. Pierre Carles en est l'auteur. Pages 78, 79 et 80, il évoque la prise de décision et le traitement de l'information. Il cite notamment Andreu Solé. Qui a démontré que, quelle que soit l'information disponible, la décision (ou la non-décision) interviennent en dehors de toute référence à cette information. Il donne 3 exemples : Pearl Harbor, le 11 septembre et les élections présidentielles en France en 2002.
Il indique que l'information était disponible. Mais les décideurs n'ont pas pris une décision cohérente avec ces informations. Pourquoi ? Selon Solé, c'est parce que ces infos débouchaient sur quelque chose d'impossible. Ca ne semblait pas possible que les japonais attaquent, que les tours s'effondrent, que Le Pen soit au second tour. Autrement dit, l'info n'est utilisée que lorsqu'elle se situe dans le champ de ce que le décideur va considérer comme possible. Cela marche aussi dans l'autre sens : si quelque chose est estimé impossible, inutile de chercher l'information. C'est la fin de tout cela qui est intéressante : Si le décideur n'est pas en capacité de faire preuve d'imagination, s'il ne se résout pas à porter des utopies, alors la décision devient mécanique, notamment quand elle porte sur des enjeux stratégiques. Tout modèle pyramidal génère un frein à l'imaginaire. Cherchant à se reproduire, ce modèle rejettera toute tentative de dépassement des frontières, ceci conduisant à une répétition permanente. Le culte de la gestion et celui de la rigueur créent des imposibles collectifs, qui éliminent toute possibilité de décision qui ne s'inscrirait pas dans les critères posés comme des vérités absolues.