La ville est pour nous le point de départ d’un voyage. Une dérive sonore dans laquelle nous cherchons des sons ou des lieux aux acoustiques particulières. La ville devient une scène, dans laquelle nous cachons dispositifs et haut-parleurs. Nous y composons des ballades dont les instruments sont le claquement amplifié d’une dalle ou encore les perturbations électro-magnétiques d’un feu de signalisation. Des enregistrements de voix de philosophes ou d’habitants apparaissent au coin des rues. C’est ainsi qu’il y a 5 ans nous nous sommes rencontrés, au détour d’un parc dont les orifices furent comblé de haut-parleurs d’où s’échappaient des rythmes percussifs.
Brèves présentations
Jérôme Fino, artiste vidéaste, arpente la ville pour en révéler les sonorités cachées, qu’elles soient liées à l’activité humaine ou à la présence de machines et de signaux électromagnétiques. Avec le haut-parleur comme matière première, il s’immisce dans le paysage urbain pour le transformer en lieu d’expérimentation et de libre expression.
Sonia Saroya et Edouard Sufrin jouent avec des lueurs, récits historiques et messages philosophiques et sons synthétiques. En dissimulant des dispositifs sonores autonomes dans les interstices de la ville, ils créent des parcours et des installations immersives.
Entre “écoute du regard” par des pratiques expérimentales et “land-art augmenté” via des solutions D.I.Y, nos expériences jouent des sens, de ce qui nous entoure, réunissant des lieux, des humains et des sons.
Un attirail sonore
Pour exister, nos démarches reposent sur du matériel spécifique que nous développons assidûment depuis plusieurs années. Jusque-là, ces créations étaient à l’image de la nature des évènements dans lesquelles elles se déployaient, c’est-à-dire éphémères et spontanées.
Modules, oscillateurs, samplers, hauts parleurs embarqués sont des dispositifs, des supports dont les contenus s’agencent et se modifient en fonction des actions.. Ils nous permettent de répondre aux problématiques posées par la mise en œuvre de projets sonores dans l’espace public : adaptabilité, faible coût de production, reproductibilité, compacité, solidité et tous sont autonomes en énergie.
Finalement, ce sont les contraintes posées par ces espaces particuliers qui servent ici de source d’inspiration. De la même façon, cette quête d’autonomie et de mobilité vient alimenter une multitude de formes de créations et de manifestations. Ces possibilités techniques attisent la curiosité, et à mesure des années nombre d’acteurs des champs culturels et artistiques ont manifesté leur intérêt pour s’initier à ces pratiques ou reproduire ces dispositifs.
Bruit de fond est né de la volonté de faire converger ces regards sur la ville, sur les façons et les moyens d’y déployer des propositions artistiques et de faciliter les apparitions sonores dans l’espace public. Ce projet pose le cadre nécessaire à la finalisation de nombre de dispositifs sonores autonomes et à l’élaboration des guides, tutoriels, documentations, et ressources nécessaires à leur réappropriation et à leur prolifération.