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Affaire Valentin : l’empressement indécent de Rachida Dati

Publié le 06 août 2008 par Hmoreigne

dati.1218011158.jpgAu cœur de l’insouciance de l’été, la disparition tragique du petit Valentin, assassiné d’une quarantaine de coups de couteau, a suscité une vague d’émotion naturelle dans l’opinion publique. Singulièrement, la dignité de la famille a contrasté avec l’empressement et la détermination de Rachida Dati à utiliser ce drame pour se mettre en avant et promouvoir la loi qu’elle a porté sur la rétention de sûreté.

Apparemment désoeuvrée notre ministre semble avoir trouvé un os à ronger pour occuper une fin de mois de juillet au calendrier très allégé. La nature a horreur du vide, l’espace médiatique aussi. L’exemple, il faut l’avouer, vient d’en haut. Nicolas Sarkozy a démontré depuis des années sa capacité à jouer sur la carte du compassionnel  auprès des victimes. Une stratégie teintée de populisme électoralement payante. Dans cette droite ligne, Rachida Dati a pris l’affaire Valentin très à cœur suivant, selon Le Figaro, l’affaire heure par heure.

Après le lancement de Rachida TV sur le site du ministère de la justice la garde des sceaux a reniflé l’opportunité d’assurer le service après vente de sa très controversée loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté et l’irresponsabilité pénale. Le principal suspect, Stéphane Moitoiret, un marginal de 48 ans rapidement appréhendé avec sa compagne, pourrait devenir le premier à tester la loi Dati.

Le texte avait en sont temps fortement agité le microcosme judiciaire. Malgré l’opposition de très nombreux professionnels et citoyens, la loi instaurant une “rétention de sûreté” qui permet, après l’exécution de la peine de prison, de prolonger - sans limitation de durée et sans infraction - l’enfermement des personnes considérées comme d’une «particulière dangerosité» est entrée en vigueur le 26 février 2008. Selon ses détracteurs, la mise en place d’un tel dispositif relève d’une philosophie de l’enfermement qui dénie à l’homme toute possibilité d’amendement et a présomption d’innocence devient secondaire et la justice de sûreté prend le pas sur la justice de responsabilité. Selon les premiers témoignages,  Stéphane Moitoiret, serait bien dans ce cas, décrit par les enquêteurs comme un individu tenant des propos incohérents et par les experts comme doté d’une santé mentale défaillante.

A l’évidence, Rachida Dati qui revendique la remise aux ordres de la place Vendôme du parquet, fait le choix de gérer en direct l’affaire. «J’ai demandé au procureur de la République d’ouvrir une information judiciaire sur la qualification de meurtre sur mineur de 15 ans, avec la qualification supplémentaire d’acte de barbarie», déclare-t-elle dès lundi lors de son déplacement dans l’Ain. Dans la course à la médiatisation, il faut des motifs de mise en examen à la résonance très explicite pour le grand public. La compagne du meurtrier présumé n’est pas épargnée. Pour elle, ce sera la qualification de « non-dénonciation de crime ».

La ministre n’a pas ménagé sa peine. Un déplacement dans l’Ain conjoint avec sa collègue de l’Intérieur est vite organisé. Pour féliciter les gendarmes, rencontrer la famille …mais aussi tenir une conférence de presse. Répartition bien faite des rôles, la martiale Michèle Alliot-Marie félicite les enquêteurs. Rachida Dati, loin d’apporter le recul nécessaire à une affaire difficile, multiplie les qualificatifs (crime «atroce», «barbare», qui a «traumatisé les Français») donnant ainsi une coloration émotionnelle volontairement marquée.

Peu importe de toute façon la présomption d’innocence, l’absence d’aveux et d’arme du crime, le suspect est coupable, trahi par son ADN. Le bras désormais vengeur de la société doit frapper. « Nous n’aurons aucune faiblesse. Même s’ils sont irresponsables, ils [les coupables] ne seront pas relâchés sans une surveillance judiciaire stricte »,  déclare ainsi dès le lundi la garde des Sceaux.

Invité à se manifester, le procureur général à la cour d’appel de Lyon, Jean-Olivier Viout, qualifie sans ambages le suspect de « psychopathe ». Un procureur général le doigt sur la couture du pantalon qui n’aura pas ménagé ses peines pour s’assurer les bonnes grâces de sa hiérarchie : «j’ai assuré l’information permanente de mon ministre. Pas une heure ne s’est écoulée sans que j’informe la Direction des affaires criminelles et des grâces». Dormez-en paix braves gens, profitez de vos congés. Rachida Dati veille.

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