Archives 1

Avril 2019

Demain, je pars !

Ma dernière forfaiture : détourner le XC 100 un VTT Décathlon de sa vocation originelle de cross country pour le roder sur la Véloscènie entre Chartres et Le Mont Saint Michel mais il ne perd rien pour attendre.

Un VTT alors que je dispose d’un vélo de course ? Parce que les dernières sorties m’avaient tué. Je me souviens d’un Bordeaux/Carcassonne/Bordeaux comme la date de début du renoncement. Ses pneus fins gonflés à 7 bars, m’avaient permis sur le trajet retour de rentrer 30Km pile dans une heure. Borne à Borne sortie d’Agen à l’écluse de Buzet/Baïse en bordure du canal des deux mers. Seulement voilà pour cette rando j’avais réduit mon chargement à un duvet léger, une gourde d'eau et quelques pâtes de fruit. La légèreté contre le confort impliquait trois bivouacs spartiates. Le dernier dans un fossé zone des écluses à Agen pour caser ce record de l’heure perso et finir en touriste jusqu’à la niche juste avant la nuit( nous étions en août 2017) . Cadre rigide égale squelette bien secoué et je m’étais juré de sacrifier le rendement des pneus style Tour de France contre deux bon gros gommards à crampons plus énergivores mais tellement plus confortables couplés à une bonne suspension avant pour économiser mes petits poignets lors la prochaine sortie.

Partir à vélo c’est sacrifier un peu, beaucoup, passionnément son confort. J’avais observé les cyclotouristes chargés comme des mulets et, même si je suis admiratif de leur génie du rangement et de leur sens de l’équilibre,je ne suis pas disposé pour autant à rouler sur une enclume à pédale.

En trekking comme à vélo, je respecte la règle des 10% de mon poids. Avantage : le vélo libère le dos grâce au porte bagage. On peut se lâcher mais ce n’est pas une raison pour déséquilibrer cette merveilleuse invention en emportant sa glacière pour avoir de la bière fraiche et son camping gaz pour bouffer des nouilles chaudes.

Sur la balance : tente 1.6Kg Treck 900 et duvet Treck 500 0° 1.6 Kg de Décathlon, 750 grammes d’eau, 2 plaquettes de Doliprane, 1 tube d’aspirine, 3 plaques de chocolat 99% de Lindt, 250 grammes d’abricots secs et 250 grammes de dattes Monoprix et nous voilà déjà à 4.5 kg.

Il ne sert plus à rien de peser car le reste est indispensable. Hygiène : 1 serviette microfibre Nabaji, 1 savon d’Alep, du dentifrice et une brosse à dent électrique, des lingettes. Fringues : 1 jean, 1 polo technique, une paire de tongue et, pour le vélo un multi outil, une bombe de lubrifiant et stop. Le tout réparti dans une boite plastique grâce à une poche de compression et des sandows, une sacoche de cadre de 2.5 litres de capacité. Pour rouler : Cuissard, casquette, sweat technique de ski à capuche, chaussure Five Fingers et chaussettes. Eclairage de bord AV/AR pour bouquiner au bivouac à l’arrache

Les aléas de la route ? Sécurité préventive : un vélo flambantneuf et inch’allah. Quelle prétention de vouloir contrôler le destin ! On crèvera si l’on doit crever. Cela concerne les pneus bien sûr, il y a des limites au nihilisme. CNI, carte vitale, carte bleue, les campings pourvoiront aux sanitaires, les restos à l’intendance et les pneus, civilisés, crèveront à proximité d’un réparateur.

Ah, j’oubliai : pas de réservation nulle part car je ne sais jamais où et quand je serai où, parce que je m’abrite quand il pleut et j’arrive quand je veux.

A quoi bon transporter sa maison dans des sacoches et se priver de l’agilité intrinsèque de cette fantastique machine à bouffer du chemin.

Ce serait faire injure aux ingés maison de chez Décat de dénaturer leur biclou en l’alourdissant, de l’humilier en l’affublant de bagagerie, de rétro et de sonnette, et de les trahir en emportant des pièces détachées.

Une dernière luxure, en édition de poche : de Sylvain Tesson "Une légère oscillation" et "Frappe-toi le cœur" d’Amélie Nothomb …

… demain je pars !

Trois mois plus tard la foudre allait me tomber dessus quelques part en Lozère