La généralisation de l'adoption des API dans le secteur financier, depuis quelques années, entraîne progressivement une acceptation de son évolution inéluctable vers un modèle de plate-forme. La tendance est particulièrement visible chez les fournisseurs de technologies, comme l'illustrent, avec deux orientations différentes, APIture et Synctera.
La première, d'abord, s'adresse aux établissements traditionnels avec une solution « digitale » complète. Prête à connecter à la plupart des cœurs bancaires du marché (plus de 40 sont supportés), elle propose principalement, dans l'infonuagique, une couche (personnalisable) d'interfaces web et mobiles pour les services au grand public et aux entreprises, à laquelle elle ajoute son propre socle d'exposition d'API et des outils analytiques transverses, ignorant les frontières entre les silos d'information.
Cependant, parce que les collaborations deviennent maintenant une brique incontournable de la banque contemporaine, APIture complète ces fondations avec un accès (pré-câblé) aux offres de 200 acteurs de la FinTech (à ce jour). Sont disponibles à la fois des composants de support (par exemple pour la cybersécurité, la validation d'identité, la visioconférence…) et des produits (du porte-monnaie mobile au pilotage de la santé financière) permettant d'enrichir simplement et rapidement un catalogue existant.
En comparaison, l'approche de Synctera est en quelque sorte un miroir de celle d'APIture. Elle consiste en effet à mettre une palette de services essentiels à la disposition des nouveaux entrants, qu'ils interviennent directement sur le domaine financier ou qu'ils cherchent à embarquer quelques fonctions dans un métier totalement différent. Là encore, il est question de modules logiciels et de capacités financières, assorties des indispensables agréments réglementaires, apportés par les partenaires institutionnels.
La recherche de flexibilité et de modularité qui a engendré les architectures d'API introduit dans son sillage une autre manière d'envisager la banque, par assemblage de services élémentaires. Si, au début, ceux-ci sont exclusivement internes, le recours à des options spécialisées, créées par des tiers, apparaît vite comme une évidence, soit pour combler des lacunes, soit pour optimiser les opérations. Logiquement, le besoin sous-jacent de mise en relation suscite l'émergence d'une génération d'intermédiaires.
Les plates-formes qui tentent aujourd'hui de concrétiser ces promesses de composabilité hésitent sur leur positionnement. Il y a celles qui, à l'instar de Synctera, se contentent de déployer une place de marché homogène et cohérente. Il y a celles qui, comme APIture, visent plutôt une offre « digitale » intégrée, jusqu'à la relation avec le client. Il devrait aussi y avoir celles qui insèrent une valeur ajoutée de conseil intelligent ultra-personnalisé. Les stratégies sont en cours d'ajustement mais la direction générale est tout à fait claire…