Après son enquête sur les niveaux de vie en France métropolitaine en 2006, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) vient de dévoiler les résultats de son «Enquête Emploi 2007» réalisée auprès d’un échantillon de 72.000 personnes de 15 ans et plus.
Il s’agit en quelque sorte d’une photographie du marché du travail dans notre pays. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle démonte totalement les discours mensongers dont l’UMP abreuve quotidiennement les Français depuis plus d’une dizaine d’années.
L’un des enseignements les plus remarquables de cette enquête concerne la durée du temps de travail. L’enquête révèle en effet ce que quelques analystes courageux et certaines organisations internationales (ex : l’Organisation internationale du Travail (OIT), ou encore la « très gauchiste » Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE)) avaient mis en exergue depuis longtemps, à savoir que la France n’est absolument pas le pays de fainéants et d’assistés que la Droite se plaît à fustiger obsessionnellement. La durée moyenne de travail hebdomadaire des salariés à temps plein est de 41 heures. Un chiffre demeuré stable depuis cinq ans !
On y apprend, sans surprise, que ce sont les agriculteurs qui travaillent en moyenne le plus (59 heures) devant les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (55 heures), les cadres et professions intellectuelles (44 heures). Quant aux techniciens, ils déclarent une moyenne de 39,3 heures, les employés 38,2 heures et, enfin, les ouvriers 37,8 heures par semaine. On est donc loin des 35h00 qui, selon la Droite et les élucubrations de Sarkozy, pénalisent l’économie française. Dans les faits, elles sont loin d’être une réalité, si bien que tout le pataquès gouvernemental, qui est fait autour de leur aménagement ou de leur suppression, est davantage un psychodrame idéologique et électoraliste qu’un objectif à atteindre sur la base d’un examen empirique et réaliste du marché du travail.
Contrairement à ce que racontent les médias à longueur de journées, les données de l’enquête de l’INSEE ne montrent pas l’inanité des 35h00 (auxquelles les travailleurs sont attachés). Elles révèlent au contraire, d’une part, que le partage du temps de travail est plus que jamais d’actualité pour lutter contre le chômage, et d’autre part, que Sarkozy et l’UMP ont cyniquement et méthodiquement menti aux Français pour justifier des mesures qui, au final, ont pour effet de les précariser davantage, de déconstruire le Code du travail et de remettre en cause les acquis sociaux.
Car tout est lié si l’on peut dire. Parallèlement à des durées hebdomadaires de travail à temps plein largement au dessus du standard commun des 35h00, et qui contribuent à la rareté de l’emploi, l’enquête montre que de plus en plus de citoyens essaient de grappiller ce qui reste. C’est ainsi que le temps partiel et le travail au noir ont littéralement explosé. Ce travail à temps partiel, précaire donc et très souvent mal payé, concerne environ 17,2% des citoyens de notre pays pour une durée moyenne de travail hebdomadaire déclarée de 23,1 heures.
Bien souvent, pour tenter de boucler péniblement leurs fins de mois, il n’est pas rare que les travailleurs cumulent plusieurs emplois dans des conditions très difficiles. Le temps de repos hebdomadaires est très souvent sacrifié.
L’INSEE a ensuite confirmé la hausse des formes précaires d’emploi tels que l’intérim, les stages (souvent non payés), les CDD ou les contrats aidés qui représentent 12% de l’emploi. Plus de 3 millions de travailleurs, dont une majorité de jeunes, sont concernés.
Les actifs serrent les dents. Tiraillés par la peur, ils supportent chaque jour un peu plus les funestes conséquences d’un système de production où ils sont plus que jamais la partie faible.
L’INSEE a communiqué une série de pourcentages intéressants relatifs au chômage dans notre pays. Celui-ci frappe inégalement les Français selon leur sexe (8,5% de femmes contre 7,4% pour les hommes), leur âge et leur niveau de diplôme (9,9% d’ouvriers contre 3,3% de cadres). Au sujet des cadres, l’INSEE précise même qu’ils sont en situation de plein emploi. Raison pour laquelle, le gouvernement UMP, décidément très au fait de la situation du pays qu’il est supposé diriger, a remis en cause récemment les RTT des cadres. Pour obtenir leur maintien, les cadres n’auront pas d’autre choix que d’accepter le gel de leurs salaires.
En 2007, la France comptait donc 27,8 millions d’actifs dont officiellement 2,2 millions de chômeurs, soit 25,6 millions de personnes au travail. Et à toute baisse enregistrée du chômage correspond une baisse notable des conditions de travail et une stagnation inquiétante des salaires et des traitements.