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Joyeux Noël !

Publié le 24 décembre 2021 par Raphael57

Assurément, les fêtes de fin d'année seront à nouveau placées sous l'épée de Damoclès de la covid-19, qui se propage depuis quelques semaines à très grande vitesse et désormais sous une nouvelle variante, Omicron... Depuis le déclenchement de la pandémie, le rythme de la vie (économique) se joue en deux saisons : une accélération très forte de la circulation du virus de l'automne jusqu'à la fin de l'hiver avec son lot de restrictions en tous genres (confinement, couvre-feu, fermeture de commerces et de lieux culturels...), puis un ralentissement progressif les six mois suivants avec son lot de perspectives trop optimistes et très vite démenties par la reprise de la pandémie. 

Quant aux espoirs d'une immunité collective, qui devait être atteinte grâce à une vaccination de l'ensemble de la population, ils semblent s'être envolés à la même vitesse qu'apparaissent les nouvelles variantes du virus. La promesse d'une vie normale, survendue par les gouvernements de tous les pays, a désormais cédé la place à la promesse d'une survie sans passage en réanimation à la faveur de multiples doses de rappel du vaccin, alors même qu'une grande partie de la population mondiale n'est toujours pas vue offerte la possibilité d'une primo-vaccination :

Joyeux Noël !

[ Source : Our World in Data ]

Le  Directeur général de l’OMS lui-même a tenu à préciser "qu'aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel et les rappels ne sont pas un feu vert pour célébrer comme on l’avait prévu". Dont acte...

Dans le domaine économique, cela signifie qu'il ne faut pas trop se fier aux prévisions d'été, mais plutôt à celle de l'automne dans la mesure où elles tiennent compte de la réalité sanitaire. Cela même si l'observation des comportements humains durant toute l'année laisse pantois : non-respect des gestes élémentaires de sécurité, réservations/annulations de vacances dans des pays soumis à un risque sanitaire élevé, organisation de grands événements commerciaux, culturels ou politiques, qui brassent des milliers de personnes en pleine accélération de la circulation du virus, etc.

Nous vivons dans l'illusion d'un monde normal (au fait, quelle définition donner à ce mot ?), à tel point qu'un membre de ma famille me disait qu'il a la désagréable impression que "ce n'est pas tant les gens que l'on cherche à sauver à Noël, mais les commerçants"... Ajoutez à ce constat les multiples déclarations du trio Castex/Véran/Attal, le dernier s'employant chaque jour à faire augmenter progressivement le sentiment de danger, tout en affirmant paradoxalement qu'il n'y aura pas de mesures restrictives supplémentaires. S'agit-il de laisser aux Français la bride sur le cou pendant les fêtes, afin d'éviter l'explosion sociale, d'autant que le souvenir des gilets jaunes reste vivace ? Ou bien est-ce seulement pour sauver le commerce, dans la mesure où le gouvernement voit dans ce dernier une source de croissance et une politique territoriale (au demeurant, il y a alors du mouron à se faire...) ? Certaines mauvaises langues affirmeront que la réalité est beaucoup plus prosaïque : il serait malvenu de confiner à quelques encablures de l'élection présidentielle...

Mais en tout état de cause, la pandémie aura au moins eu l'avantage d'éliminer du débat public à peu près tous les sujets importants : la dette publique, les dépenses publiques, les inégalités de revenus, les inégalités de patrimoine immobilier, la pauvreté, etc. Quant au pouvoir d'achat, il a fort opportunément été placé au cœur des logorrhées médiatiques pendant trois semaines, comme le prix de l'électricité, afin d'être oublié aussitôt les fêtes de fin d'année arrivées !

En effet, dans l'ère du vide de la postmodernité, une information en chasse une autre quelle que soit son importance et l'humain ne pèse au fond pas très lourd dans la société du spectacle. Précisons que le livre de Guy Debord ne concerne pas le pain et les jeux de cirque, comme le croient trop souvent ceux qui ne l'ont pas lu, mais la domination de la marchandise sur nos vies dans le monde capitaliste. Tant et si bien que la première phrase de son livre, parallèle évident avec l’œuvre de Marx, est la suivante :   "Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles". Beaucoup plus loin, il précisera que "le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images".

Une crise devrait être l’occasion de se poser des questions et de changer tout à la fois nos modes de production, nos modes de vie et avant tout nos façons de penser. Mais pour ce faire, il faut en priorité décoloniser l'imaginaire pour créer le monde d'après ! En République, ce sont les citoyens, considérés comme un ensemble coopératif, qui en ont le pouvoir, mais encore faut-il qu'ils s'en saisissent. À défaut, la minorité qui profite de ce système continuera à le présenter comme naturel, même s'il en résulte des dégâts au plus grand nombre...

Joyeux Noël tout de même !

Sur ce constat et cette invitation à l'action coordonnée, je vous souhaite un joyeux Noël et vous retrouverai la semaine prochaine pour mon dernier billet de l'année 2021 !


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