Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 402

Friandises pour anthropologue

Marchez le long des berges du gave, près de Pau, un samedi après-midi, et vous croiserez invariablement des familles en promenade digestive, des migrants jouant au foot, quelque tennisman faisant ses gammes sur le fronton, des promeneurs de chiens, des anciens avec canne et masque, des joggeurs, des vététistes…

Nous posant quelques minutes au bord de l’eau, nous sommes intriguées par deux femmes, la quarantaine passée, l’une en robe au dos décolleté, affairées sur une île de gros galets à frapper ceux-ci avec un marteau. Elles déclenchent nos moqueries.

• Elles calment leurs nerfs ?
• Elles se croient à Cayenne ?
• Elles cherchent de l’or ?
• …

Alors qu’elles rejoignent la berge, nous les interpellons :

• Vous nous préparez une plage de sable ? Y a du travail !

Elles s’approchent de nous et ouvrent fièrement leurs lourds sacs chargés de galets.

• Non ! Nous sommes énergiseuses et nous ramassons des géodes de quartz !

Et effectivement, elles nous montrent les pierres fendues en deux, garnies de quartz. En boutique c’est 20 euros pièce, nous expliquent-elles. Elles profitent de la crue qui en a charrié des tas. Après des essais infructueux elles ont appris à les reconnaître, la pierre est plus jaune et plus légère car à demi creuse.

• Eux aussi (elles désignent des jeunes à proximité) en cherchent ! Les pauvres, on ne leur a pas laissé grand-chose !

Qui a découvert ce gisement ? Comment a fonctionné le bouche-à-oreille ? Combien de personnes s’adonnent-elles à cette activité ? Nous n’en savons rien mais décidons que, lors de notre prochaine balade, nous serons équipées de marteaux… La fièvre du quartz sans doute !

Colette Milhé