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Cunégonde en Antarctique 4

Publié le 07 août 2008 par Porky

Scène 3

Cunégonde, Fifi, Daktari

CUNEGONDE

L’heure est grave, messieurs ; il va falloir montrer

Une fermeté noble et l’efficacité

Qui fit de nos actions un exemple parfait.

DAKTARI (mielleux)

L’enfer courba la tête et Satan fut défait.

FIFI (Ne voulant pas être en reste)

De l’Empereur de Mars vous sauvâtes la cour

Par votre dévouement et votre beau discours.

DAKTARI

Sans parler de Genève où vous fîtes merveille

Car des banquiers véreux vous sauvâtes l’oseille.

CUNEGONDE (Minaudant)

Ne me parlez donc plus de ces vaillants exploits.

Je ne suis plus celle que j’étais autrefois.

Mon prestige est tombé, je n’ai plus de pouvoir,

Et n’ai que souvenirs de mon ancienne gloire.

Et pourtant je sais bien que tout n’est pas fini :

Si tel était le cas, serais-je donc ici ?

A de belles actions je puis encore prétendre,

L’heure n’est pas venue dans l’ombre de descendre.

Même mon ex-époux en a la conviction :

C’est vous dire, Messieurs, l’enjeu de ma mission.

FIFI

Comptez sur nous, Madame, et soyez assurée

De notre entier soutien et de notre amitié.

(On frappe à la porte.)

CUNEGONDE (Etonnée)

Rosie n’a donc pas pris ses clefs ?

DAKTARI

     Si, il me semble.

CUNEGONDE

Pourquoi frappe-t-elle donc ?

FIFI

   Seigneur ! La porte en tremble !

CUNEGONDE

Elle a le coup de poing digne d’un grand boxeur.

(Les coups redoublent.)

Mais ouvrez-lui, enfin ! J’ai ce bruit en horreur.

(Fifi ouvre précautionneusement la porte de l’igloo. Il est violemment repoussé en arrière et va s’affaler sur le fauteuil de Rosie la Terreur. Trois silhouettes emmitouflées dans des fourrures entrent en gesticulant.)

Scène 4

Les mêmes, La Madone des Déshérités, La langoureuse Arielle, Lanlan.

CUNEGONDE (Inquiète)

Je ne sais d’où me vient cette affreuse impression,

Mais je crois avoir vu au cours d’autres missions

Ce paquet de saindoux et ce blond délavé

Qui là devant mes yeux viennent de se montrer.

LA MADONE (enlevant sa pelisse)

Ton accueil, ma chérie, me met du baume au cœur.

DAKTARI

Arrière ! L’autre folle et sa blonde consoeur !

CUNEGONDE

Dieu, je chancelle !

FIFI

   Moi aussi.

DAKTARI

   Moi de même.

LA LANGOUREUSE ARIELLE (faisant des mines, à Fifi)

Remets-toi, mon biquet. Pourquoi es-tu si blême ?

FIFI

C’est que de cet émoi, j’ai bien failli claquer.

CUNEGONDE

Ce n’est pas le moment.

FIFI (la main sur le cœur)

   Mais je vais expirer.

LA LANGOUREUSE ARIELLE (se serrant contre Fifi)

Comme tu m’as manqué, mon beau Premier Ministre !

A Genève sans toi, c’était vraiment sinistre. (1)

CUNEGONDE (Abasourdie)

Que font là cette idiote et l’autre azimutée ?

LA MADONE (Tout sourire)

Comme toi mon amour. Nous venons parader.

CUNEGONDE (Joignant les mains)

Leila avait raison, ses craintes étaient fondées.

L’hypocrite Madone a rejoint ses quartiers,

En douce a préparé sa venue dans ces lieux.

Voilà le résultat !

LA MADONE

   Et oui ! C’est merveilleux.

On se retrouve enfin et tu m’en vois ravie.

LANLAN

Deux âmes si nobles restent toujours amies.

LA LANGOUREUSE ARIELLE

Et moi j’ai retrouvé là toutes mes ardeurs.

Oh Fifi, cher Seigneur, sois de moi le vainqueur !

FIFI (Epouvanté)

Il n’en est pas question. Enlevez donc ces bras

Qui enserrent mon cou, reculez de cent pas.

CUNEGONDE (Inspirée)

A peine est-elle là c’est déjà le bordel.

Ce coup du sort infâme est vraiment trop cruel !

Est-ce ma punition pour avoir expédié

La cour et mon époux bien loin de mes pensées ?

La colère de Dieu sur ma tête innocente

Vient-elle donc de tomber ?

(Elle chancelle)

DAKTARI (la conduisant vers le fauteuil)

     Seyez-vous, Présidente.

LA MADONE

Vraiment, quel beau raffut ! La cause en est stupide !

Je suis là et c’est tout.

DAKTARI

   Que ton œil est cupide !

LA LANGOUREUSE ARIELLE

Le mien est enflammé par un si noir regard.

Embrasse-moi, Fifi, ô mon vaillant loubard !

FIFI (La repoussant)

Plutôt crever !

LA MADONE (Intéressée)

   Ah bon ?

CUNEGONDE (se levant et criant)

   Arrêtez ce délire !

Vous me rendez cinglée ! Encore un cri, j’expire !

J’exige le silence et la tranquillité !

Faut-il pour les avoir vous couper le gosier ?

(Un grand silence. On se regarde avec des sentiments mitigés.)

(A suivre)

(1) On peut s'étonner d'une telle familiarité de la part de la Langoureuse Arielle. Voir Cunégonde en Enfer et Cunégonde sur Mars.


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