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Dessalement de l’eau de mer : la fuite en avant technologique

Publié le 07 août 2008 par Hmoreigne

eau_pour_tous.1218096759.jpgLes usines de déssalement de l’eau de mer se multiplient sur la planète. Selon Courrier International qui consacre un dossier au sujet, 200 sont en projet en Californie. Les grandes villes Australiennes ne sont pas en reste. La plus grande unité, située près de Melbourne, devrait coûter dans les 2,9 milliards de dollars américains. Plus prés de nous l’Espagne confrontée à de graves pénuries d’eau s’engage sur cette voie. Conditions nécessaires toutefois à ce genre d’éclosion : du soleil et de l’argent. Un caprice d’enfants riches persuadés qu’ils peuvent maîtriser mère nature plutôt que de changer leurs comportements.

Selon certaines projections, la capacité mondiale de dessalement devrait pratiquement doubler d’ici à 2015. Selon les derniers chiffres de l’Association internationale du dessalement, il existe actuellement 13 080 usines de dessalement en activité dans le monde. C’est une activité industrielle en très forte croissance annuelle. La capacité installée chaque année augmente en moyenne de plus de 10% par an. Grâce en grande partie aux français, à leurs grands groupes qui se sont construits autour de l’eau et qui reviennent au secteur d’origine qui a fait leur fortune. C’est ainsi le groupe Veolia qui a réalisé l’usine d’Ashkelon en Israël. Un complexe ultramoderne utilisant la technique de dessalement par osmose inverse qui produit 320 000 m³/jour, et peut couvrir les besoins en eau potable de plus d’un million de personnes.

Sur la Terre est communément désignée comme « la planète bleue », les Océans couvrent 71 % de sa surface et contiennent 97.2 % du volume d’eau de notre planète. De l’eau salée essentiellement. Le problème, on l’avait un peu oubliè dans nos contrées, c’est que l’eau douce est une ressource rare (2,8%), inégalement répartie.

La rareté de la ressource en eau douce se précise encore plus quand il apparaît que ces 2,8% se ventilent entre les glaciers et les calottes polaires (2.2 %),  les nappes souterraines (0.6 %) alors que les cours d’eau et les lacs ne représentent qu’une quantité insignifiante (environ 0.01 %). Ressource limitée d’un côté, demande croissante de l’autre. La population mondiale continue à croître et les secteurs industriels et agricoles sont toujours plus gourmands.

Si la moitié des usines de déssalement se situe au Moyen-Orient ce n’est pas un hasard. La technique utilisée requiert de grandes quantités d’énergie, ce qui implique un coût que seuls des pays riches peuvent acquitter. Alors que selon l’accès à l’eau est un problème qui touche plus d’un milliard d’individus, une poignée de privilégiés s’affranchit de toutes contraintes en recourant à une technologie polluante.

Face à la demande les procédés de traitement évoluent vite. Les techniques dites thermiques (par évaporation) représentaient il y a encore quelques années la principale technologie employée. L’osmose inverse, du fait d’une fiabilité accrue, et grâce à la faible consommation électrique (4 à 5 kWh/m³) atteint environ aujourd’hui 50% de la part de marché.

Le coût de production du m³ se situerait entre 1 et 2 dollars. Effet pervers et non des moindres, dans le cas d’une utilisation pour la consommation humaine, le dessalement d’eau de mer serait moins onéreux que la technique dite de recyclage des eaux usées. Comme le nom l’indique, « dessaler » consiste à retirer les sels dissous dans l’eau de mer, en général de 33 à 37 grammes de solutés par litre. Le procédé requiert de l’énergie et constitue de ce fait une source d’émission de gaz à effet de serre, sauf dans les rares cas où il est fait recours à l’énergie éolienne, mais surtout pose le problème du rejet du concentrat de sel obtenu.

Si l’accroissement de la salinité de l’environnement côtier semble a priori pouvoir être écarté pour les océans, tel ne peut être le cas pour des mers fermées ou semi-fermées comme la méditerranée dont les écosystèmes, lorsqu’ils existent encore, sont déjà particulièrement affaiblis.En outre des études récentes montrent ainsi que le réchauffement climatique provoque également une augmentation exponentielle de l’acidité des océans. Or, des rejets massifs de saumure dans les mers ne risquent pas d’améliorer la situation mais bien de l’amplifier. Actuellement, les usines de dessalement produisent 19 millions de mètres cubes de déchets chaque jour. On estime que leur production aura triplé d’ici à 2015, les rejets de saumure avec.
Il serait erroné de penser que les concentrats rejetés ne contiennent que du sel. La technologie par exemple de l’osmose inverse requiert l’utilisation de produits chimiques pour un traitement préalable de l’eau et le nettoyage des membranes mais dans les autres cas, la seule corrosion des circuits liée au sel entraîne la présence de polluants.Nulle technologie n’est parfaite et gageons que les ingénieurs sauront dans un avenir proche améliorer les performances des différents procédés même si on peut avoir des craintes lorsqu’est évoqué de procéder à du déssalement par le biais de l’énergie nucléaire .

On peut toutefois parler de mirage du déssalement quand le recours à cette technologie est un moyen pour échapper à des questions de fond. Question sur nos modes de vie, sur le fait de penser que l’on peut prélever indéfiniment et sans conséquences sur le capital naturel de
la planète.

Question conjointe avec l’aménagement du territoire lorsqu’au titre de l’héliotropisme on favorise en Europe l’entassement des populations en frange de la méditerranée.

L’approche de la question du déssalement de l’eau de mer résume bien finalement le regard que nous jetons sur notre propre avenir. Ne rien changer parce que de toute façon l’Homme saura trouver la solution miracle ou, à l’inverse, tenter de changer nos comportements, d’adopter une vision globale de notre planète de comprendre ses interactions en faisant un vœu. Pourvu que ça passe …


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LES COMMENTAIRES (1)

Par ikramou
posté le 20 juillet à 23:41
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