Parsemées de douleurs, arrosées du sang
L'aigle s'acharne contre Prométhée De la nuit des temps,
Lui déchire les flancs et lui dévore le cœur Mais ne réussit pas à l'abattre Et n'arrive pas à boire tout son généreux sang Car, chaque jour, le cœur revit et sourit au monde...C'est ainsi que Taras Chevtchenko, le grand poète national de l'Ukraine, commence son poème Le Caucase, écrit en 1845, lorsque la Russie entreprit une nouvelle fois de conquérir l'isthme caucasique. Déjà, pendant près d'un demi-siècle, le petit peuple des Montagnards du Caucase a tenu fièrement tête à cet immense empire, toujours plus puissant, toujours plus avide de nouvelles conquêtes après les annexions successives de l'Ukraine, de la Pologne, des pays Baltes, de la Finlande et de la Géorgie. Défendant bravement sa liberté, groupé autour de son chef l'imam Chamyl, ce peuple forma un rempart que la Russie ne réussit pas à franchir malgré l'importance des troupes employées et l'habile et perfide action diplomatique engagée en Europe.Et plus loin, dans le même poème :La vérité se lèvera ! La liberté renaîtra ! (...) Mais en attendant, les fleuves coulent. Des fleuves de sang, par delà les montagnes. (...) Et des larmes, et du sang, de quoi désaltérer tous les empereurs.
Autoportrait vers 1840
Taras Chevtchenko (en ukrainien Тара́с Григо́рович Шевче́нко), surnommé Kobzar (1814-1861), poète, peintre et humaniste ukrainien est considéré comme le plus grand poète romantique de langue ukrainienne. Figure emblématique dans l'histoire de l'Ukraine, il marque le réveil national du pays au 19e siècle. Sa vie et son œuvre font de lui une véritable icône de la culture de l'Ukraine et de la diaspora ukrainienne au cours des 19e et 20e siècles. La principale université ukrainienne porte son nom depuis 1939 : l’université nationale Taras-Chevtchenko de Kiev.