En quelques années, dans le sillage de RobinHood, la gratuité s’est répandue dans l’univers du trading, touchant désormais aussi les établissements historiques. Aucun modèle économique sérieux ne s’est pourtant imposé, jusqu'à maintenant, en substitution aux frais classiques, celui du pionnier ayant même un temps créé la polémique. Au Royaume-Uni, FreeTrade expérimente une nouvelle idée.
En l’occurrence, la jeune pousse entend profiter du marché (existant) des prêts de titres, qui permet notamment à des investisseurs de réaliser des opérations d’arbitrage ou des ventes à découvert, sans avoir à acquérir en propre les instruments sur lesquels elles portent (et donc à immobiliser des liquidités), moyennant le paiement d’un loyer. Ce dernier constitue de la sorte une source de revenus secondaire pour le propriétaire des actifs. Dans le cas de FreeTrade, qui n’est qu’un intermédiaire, ce sont naturellement les portefeuilles de ses clients qui alimenteraient ses transactions.
Dans cette perspective, la startup met à jour ses conditions d’utilisation afin d’inclure cette option. Concrètement, le million d’utilisateurs de sa plate-forme devront accepter, pour continuer à en bénéficier après le mois de juin, que les titres qu’ils acquièrent par son intermédiaire puissent faire l’objet de prêts, à sa convenance. Des garde-fous, aux contours standards, sont mis en place pour, par exemple, maintenir le versement des dividendes ou suspendre les transferts dans le cas de prise de décision importante (dans une assemblée générale ou autre) concernant un support spécifique.
Le dispositif ne peut cependant pas écarter totalement les risques de défaut, même s’ils sont extrêmement faibles avec des outils exploités principalement par des acteurs institutionnels. Dans l’hypothèse de non restitution des titres empruntés, FreeTrade prendra en charge la liquidation des cautions qu’elle aura reçues en dépôt. Mais elle ne peut que promettre de faire alors tout son possible dans le but de restaurer les positions de ses clients affectés. En cas d’incident, ceux-ci pourraient ainsi se trouver victimes d’interférences indésirables sur leurs stratégies de placement et d’épargne.
Sans surprise, les solutions présentées comme gratuites s’avèrent toujours avoir un coût, sous une forme ou une autre. Néanmoins, un avantage de l’approche retenue par FreeTrade (surtout par rapport à RobinHood) est sa transparence : non seulement ses utilisateurs sont-ils prévenus clairement de son mode de fonctionnement et de ses éventuels impacts sur leurs usages mais ils seront en outre informés régulièrement de sa mise en œuvre effective, via l’inclusion dans leurs relevés mensuels des détails des prêts consentis sur leurs actifs et des garanties correspondantes.
Il reste à voir comment les clients réagiront à une telle initiative, en particulier ceux qui ne sont pas très familiers des pratiques du secteur et qui pourraient s’inquiéter de mécanismes un peu obscurs. Enfin, il est également intéressant de comparer la démarche de FreeTrade avec celle de Sharegain (adoptée par Citi), qui vise, à l’inverse, à donner directement aux consommateurs accès au prêt de titres et leur offre ainsi plus de contrôle, à la fois sur les contrats exécutés et sur les rétributions associées.