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La Ferme des Animaux de George Orwell, la chronique fermière

Publié le 05 mars 2022 par 7bd @7BD

La Ferme des Animaux de George Orwell, la BD d'une triste fable sur le pouvoir

La Ferme des Animaux de George Orwell, la chronique fermière

Titre : La Ferme des Animaux de George Orwell
Auteur : Rodolphe (scénario) d'après le roman de George Orwell, Patrice Le Sourd (dessins), 1ver2anes (couleur)
Éditeur : Delcourt
Collection : Ex Libris
Année : 2021
Page : 48

Résumé de l'histoire d'une fable animalière loin de Lafontaine:

La nuit est tombée sur l'étable du fermier Jones. Le Major, un vieux cochon, réunit les animaux pour exposer son plan : se débarrasser des hommes qui ne leur servent à rien. Il leur enseigne un hymne de liberté.
Quand la coupe déborde suite aux abus de Jones, le fermier est chassé par l'ensemble des bêtes de la ferme. Sous la houlette du Major, puis d'autres cochons, les animaux vivent maintenant libres. Mais petit à petit, les cochons retombent dans les travers des hommes, et les commandements libertaires qu'ils avaient édictés leur deviennent pesant. Ils décident alors, petit à petit, de prendre la place de l'homme pour exploiter leurs camarades.

Scénario d'un récit sur le pouvoir:

Rodolphe s'attaque au roman de George Orwell. Le récit pessimiste part d'un élan de liberté pour finir par la mise en place d'un régime quasi-totalitaire qui ne s'affirme pas ainsi. Nous restons du point de vue des autres animaux, qui voient l'évolution des cochons vers ce qu'ils avaient tous refusé de concert. Mais ils ne croient pas qu'un tel retournement puisse être possible... Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Orwell montre bien les rouages qui se mettent en place. Et Rodolphe les reprend dans son récit.
Petit à petit, insidieusement, les cochons prennent goût au pouvoir. Les commandements égalitaires deviennent de plus en plus nuancés, particuliers, permettant ce qui était interdit. Et même le chant de liberté devient un appel à la rébellion pour être effacé des mémoires.

Les héros, Boxer le cheval de trait, proposant candidement sa force phénoménale à la mise en place des plans des cochons, Benjamin l'âne, témoin qui se taira tout au long de l'histoire, et Clover la jument, qui aime les sucres et les rubans, nous entraînent à leur suite. Cette fable se révèle cruelle, la mort rôde, la violence est bien présente.
On ne sait qui sera considéré comme rebelle puis éliminé, créant petit à petit, avec les années, une atmosphère de paranoïa.

La Ferme des Animaux de George Orwell, la chronique fermière

Le dessin aux hachures sombres:

Patrice Le Sourd s'attelle à la mise en dessin de cette adaptation. Le trait est rond, conserve aux animaux une allure quadrupède, et ne bascule pas dans un anthropomorphisme à la Disney. Même si ces animaux ont la parole. Quand ils se redressent, ils se rapprochent des hommes, et décident d'ailleurs de porter des vêtements. Ils s'éloignent de leur part animale, rongés par le pouvoir et l'appât du gain.
Le dessinateur rend bien ce contraste entre les deux mondes. Son dessin pourrait laisser penser à une BD animalière classique, mais ces ajouts qu'il utilise pour les ombres, ces hachures qui ramènent une part d'obscurité lourde, pesante, fait discrètement sens avec la gravité du sujet.
Le récit se déroule quasiment dans la ferme, on en sort peu, et l'endroit passe du lieu d'exploitation par Jones au havre de liberté des animaux à l'imposition d'une tyrannie par les cochons.
On se demande bien comment les choses vont évoluer, ou plutôt jusqu'où elles vont aller. Et on craint le pire. La composition des planches suit un découpage en bandes de tailles variées allant de une à trois cases. Le dessin opte pour un schéma présentant une vue d'ensemble avant de se rapprocher des protagonistes de la scène.
Les couleurs de 1vers2anes créent une ambiance étrange, avec ce vert qui flotte éthéré, lors des réunions dans la grange. Marquant la domination du cochon César, qui a repris les rênes du pouvoir après Le Major.
Les teintes douces, vivantes, rappellent les heures du jour qui passe, les saisons, tandis que l'emprise des cochons se referme sur les habitants de la ferme.

Conclusion d'une BD qui garde sa force:

Des années après sa création, même dans une version BD qui forcément, condense une partie des événements, La Ferme des Animaux garde toute sa force. Ce message sur la corruption du pouvoir fait toujours froid dans le dos. D'autant plus quand on réalise que nous sommes les quadrupèdes de cette ferme. Reste à identifier qui sont les cochons...
Zéda fait un tour à la ferme.

La Ferme des Animaux de George Orwell, la chronique fermière

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