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Shake hands with the devil

Publié le 07 août 2008 par Unemarocaine

Dimanche dernier en fin d’après midi, je me suis installée pour regarder le film « shakes hands with the devil » (j’ai serré la main du diable). Mon beau frère m’avait averti que ce film est très émouvant et j’ai pu le constater par moi-même.

Ce film est tiré du livre du général Roméo Dallaire. Il était en charge de la MINUAR : troupes de l'ONU pour le maintien de la paix stationnées au Rwanda avant le génocide.

En vrac :

1- Le film s’ouvre sur de magnifiques paysages, vraiment étonnement beaux, qui donnent envie de visiter ce beau pays.

2- Le rôle du général Roméo Dallaire est superbement et magnifiquement interprété par Roy Dupuis.

3- C’est un film qui vous tient par les trippes.

4- Les responsables de l’époque sont désignés par leurs vrais noms notamment Botros Botros Ghali secrétaire général de l’ONU et Bernard Kouchner (on le voit sous un autre jour qui contraste avec l’image véhiculée de lui au moins avant ses déclarations à propos de son soutien à l’invasion de l’Irak).

5- Le génocide rwandais a duré 100 jours. On a compté 1.000.000 de victimes. Je vous laisse calculer le nombre de morts par jour.

6- La France prend pour son grade. Pendant les 62 premiers jours, la France n’a pas bougé le p’tit doigt. Et quand elle a envoyé ses renforts dans un premier temps c’était pour rapatrier les ressortissants français (ça ne choque pas tant que cela) mais avec eux les amis de la France. Ceux-là même qui avaient planifié ce génocide !!! Coincidence, hier, je suis tombée sur cet article.

7- En parlant de génocide, une phrase du général Dallaire a retenu mon attention :

« On assistait à un début de génocide mais personne ne le nommait comme tel car dans leurs têtes un génocide c’est des wagons qui emmenaient des gens dans des camps de concentration, des chambres à gaz. Mais pas quelqu’un qui prend sa machette et se dirige droit chez son voisin pour lui couper les bras et les jambes» !!!!

8- Les américains, les français et l’ONU savaient que quelque chose de grave se tramait dans ce pays. Mais personne ne voulait bouger le p’tit doigt. L’ambassadeur américain à Kigali ne voulait pas s’engager car quelques mois auparavant 18 rangers ont été tués à Mogadiscio (Somalie) !!! Comme l’a dit une journaliste qui a couvert ce dramatique conflit fratricide parlant de l’indifférence de la communauté internationale « ce n’est qu’un bordel africain de plus » !!!!

9- Ceci étant, et si on met la responsabilité de cette « communauté internationale » dans sa place et rien que sa place, reste une question qui me taraude : pourquoi les africains sont incapables de traiter avec un minimum d’intelligence les mines que les ex-puissances coloniales leur avaient laissé de manière volontaire ou involontaire ? C’est facile de clamer haut et fort et presque souvent que c’est la faute des autres. Mais, il est encore plus judicieux et fructueux de se pencher sur nos travers pour les corriger.

10- La cruauté humaine est sans limites. On voit des scènes où des personnes ont dans leurs mains des machettes qui font la longueur d’un bras qu’ils brandissent fièrement prêts à se jeter sur la première victime. Ils leur dansent autour avant de les achever de la manière la plus inhumaine (ou peut être pas !) qui soit.

11- Les trois scènes qui m’ont le plus émues :

- Un pik up où on jette des corps humains comme si c’était des sacs de blés. Une flac de sang en bas de ce pik up qui grossissait à mesure qu’on entassait les corps. Et une jeune fille qui ne se rendait pas compte de ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’elle glisse sur cette flac de sang et plonge dans une crise d’hystérie avant qu’un groupe de fou furieux ne l’achève.

- L’église pleine de corps de femmes, enfants et hommes qu’on avait attiré dans ce lieu censé être un refuge de paix inviolable mais qui s’avérera un piège mortel pour eux.

- Des corps « momifiés » et entassés sous un pont.

Vous l’aurez compris ce film n’est pas recommandé pour les âmes sensibles et autant vous le redire tout de suite si vous croyez encore en certaines choses qui se nomment : ONU, communauté internationale, justice internationale, ordre mondial & co vous allez être très déçus et risquez de perdre vos dernières illusions !

Décidément la dernière décennie du 20ième siècle était aussi meurtrière que la première. Deux génocides : Rwanda et Bosnie sans parler des guerres ici et là.

PS : le titre de ce bouquin, et donc le film, s'explique dans une scène où le général Roméo Dallaire a serré la main d'un responsable génocidaire qui avait la chemise tachée de sang. Il avait pris sur lui pour le faire afin d'apaiser la situation. Mais, le pacte n'a pas été respecté. Il s'en est mordu les doigts. Il s'est même tayadé le corps !


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