Notre-Dame Brûle // De Jean-Jacques Annaud. Avec Samuel Labarthe, Jean-Paul Bordes et Mikaël Chirinian.
L’histoire de ce terrible évènement avait touché le monde entier en 2019. Que ce fait soit adapté au cinéma afin de rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui ont tenté de tout faire pour sauver l’édifice et ses trésors est une bonne idée. Pour autant, Notre-Dame Brûle souffre de plusieurs problèmes et notamment de cette place presque étouffante du sacré. D’un point de vue idéologique on peut douter de l’intérêt puisque l’on parle avant tout du courage des pompiers dans le film mais le film va jusqu’à transformer les pompiers eux-mêmes en croyant (le pompier qui veut sauver à tout prix le beffroi en feu car il connaît Notre-Dame depuis tout petit comme sa poche, le pompier qui fait signe de prière lorsqu’un prêtre sauve les hosties de la messe du début du film, etc.). C’est gênant et d’un point de vue esthétique cela n’apporte rien du tout si ce n’est une sorte d’esbroufe chrétienne qui casse alors bien souvent le propos que le film aurait dû faire passer : l’hommage aux pompiers de Paris. Si la place du sacré était le seul problème on pourrait dire que Notre-Dame Brûle est en grande partie sauvé mais le film brûle ! Le scénario est écrit avec les doigts de pied, cherchant constamment à ajouter des couches sur quelque chose qui était naturellement touchant.
Le long métrage de Jean-Jacques Annaud, reconstitue heure par heure l’invraisemblable réalité des évènements du 15 avril 2019 lorsque la cathédrale subissait le plus important sinistre de son histoire. Et comment des femmes et des hommes vont mettre leurs vies en péril dans un sauvetage rocambolesque et héroïque.
Ce que l’on peut sauver de Notre-Dame Brûle c’est la pyrotechnie et les décorateurs. Le travail est incroyable et le budget conséquent du film (40 millions d’euros) n’a pas été mal utilisé. On voit à l’écran cette reconstitution passionnante la cathédrale qui nous permet de profiter pleinement de ce que l’on est venu voir, aussi terrible cet évènement fût été. Afin d’adouber son propre film, Jean-Jacques Annaud insère de temps en temps des images d’archives du ministère de l’Intérieur afin de rendre compte de la dure réalité, sans compter les images des chaînes de télévision. Notre-Dame Brûle ajoute à cela un rôle à Anne Hidalgo, chargée de rejouer dans son bureau le moment où par la fenêtre elle découvre que Notre-Dame est en feu. La séquence est tellement ridicule qu’elle aurait pu être coupée au montage. Mais le Paris que Annaud dépeint est assez intéressant. Je me demande ce que Anne Hidalgo pensera de sa prestation mais surtout du Paris embouteillé par ses innombrables travaux et pistes cyclables infernales qui ont retardées l’arrivée des pompiers sur les lieux.
Notre-Dame Brûle mélange aussi des images d’archives professionnelles et amateurs avec une reconstitution soignée de l’incendie et des décors de la cathédrale. Au delà de ça, Notre-Dame Brûle est un film qui se brûle les ailes en plein vol à cause d’un scénario amorphe et d’une présence gênante du sacré. Pas besoin d’aller chercher une goutte d’eau faisant office de larme sur une vierge pour appuyer un peu plus sur le sacré, ou toute l’histoire pour sauver les vestiges du Christ qui étaient enfermés dans un coffre fort de la cathédrale. Le film en fait trop et finalement s’égare complètement en cours de route.
Note : 4/10. En bref, on peut dire que visuellement les décorateurs et pyrotechniciens méritent une ovation pour le travail fourni qui est titanesque et réussi. Le reste est à laisser où c’est… en train de brûler. Il n’y a pas de magie, pas d’âme, tout est plat.
Sorti le 16 mars 2022 au cinéma