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Il y a cent ans : L'Ukraine de 1918 au regard des services diplomatiques français (1)

Publié le 23 mars 2022 par Luc-Henri Roger @munichandco

 Il y a cent ans : L'Ukraine de 1918 au regard des services diplomatiques français  (1)

Territoire de l'Ukraine établi le 3 mars 1918 par le traité de Brest-Litovsk et l'abandon des républiques de Donetsk et d'Odessa par l'Armée rouge à l'armée du IIème Reich. En hachuré au nord, les zones occupées par la nouvelle Russie bolchevique. La Tauride au sud est occupée par l'Armée blanche du Gouvernement régional criméen. Les territoires à l'est le sont par les Cosaques du Kouban et les cosaques du Don. (Cliquer sur la carte pour l'agrandir) Source de la carte : Wikipedia, voir ci-dessous.
Source du texte : Bulletin périodique de la presse russe du 23 septembre 1918, France , Ministère de la guerre  / Ministère des affaires étrangères (via BnF - Gallica)UKRAINE      De tous les pays qui, au cours de la révolution de  1917, se sont détachés de l'ancien Empire des tsars ou lui ont été arrachés par le traité de Brest-Litovsk, celui dont la perte serait le plus fatale à la Russie est assurément l'Ukraine. Certes. la sécession de la Finlande et surtout son affiliation volontaire du vasselage allemand découvrent dangereusement Petrograd. Mais ce n'est après tout qu'un pays pauvre, peuplé au plus de 3 millions d'habitants et si la sécurité de la ville de Pierre-le-Grand serait compromise, les Russes auront toujours la ressource de transférer définitivement leur capitale à Moscou. Le royaume de Pologne, avec sa grande industrie textile de Lodz et ses charbonnages de Dombrowa tenait évidemment une place beaucoup plus importante dans l'économie générale de la Russie. Néanmoins certains estimaient que l'annexion brutale, sans espoir d'assimilation, d'un pays rebelle à l'esclavage était pour l'Empire moscovite moins un accroissement de force qu'un principe de faiblesse. Pologne et Finlande étaient en tout cas des pays foncièrement allogènes, différents par la religion, la culture, la structure économique et sociale, qui ne faisaient pas et ne pouvaient faire corps avec la Russie. L'Ukraine au contraire peut être considérée comme faisant partie intégrante de la Russie. Sans elle la Russie serait non seulement diminuée mais mutilée, atteinte dans ses œuvres vives.  Quelques chiffres suffiront à donner une idée de ce que l'Ukraine représente pour la Russie. La population de race ukrainienne comprise dans les anciennes limites de l'Empire est évaluée aujourd'hui à plus de 30 millions d'habitants (1) auxquels il faut ajouter 4 millions de Ruthènes en Galicie et en Bukovine autrichienne et près d'1 million d'émigrés au Canada et aux Etats-Unis. Les Ukrainiens sont donc au point de vue du nombre le second des peuples slaves : ils se classent immédiatement après les Grands Russiens qui sont environ 80 millions, bien avant les Polonais qui atteignent au maximum dans les trois Polognes et outre-mer 27 millions. Le territoire revendiqué par les Ukrainiens occupe une superficie de 850.000 kmq., de beaucoup supérieure à celle de grands pays occidentaux comme la France et l'Allemagne. Et ce territoire est par la fécondité de son sol et les ressources inépuisables de son sous-sol un des plus riches de l'Europe. C'est à la fois un grenier et une mine. La fertilité des terres noires ou tchernoziom est légendaire. La culture des céréales, celle de la betterave qui alimente une puissante industrie sucrière, représentent 70 à 80 pour cent de toute la production russe. D'autre part les richesses minières, exploitées grâce à l'apport des capitaux et à l'esprit d'entreprise des Français, des Belges et des Anglais, ont donné naissance dans les gouvernements de Kharkov et d'Ekaterinoslav à une grande industrie métallurgique. Les houillères du Donetz fournissent 22 millions de tonnes de charbon, soit les trois quarts de la production globale de l'ancien Empire russe. La production des mines de fer de Krivoï Rog atteignait avant la guerre 4 millions de tonnes. D'importants gisements de manganèse sont exploités près de Nikopol sur le Dnipr et à Kertch au bord de la mer d'Azov. Enfin le sel et le pétrole abondent dans l'Ukraine irredenta de Galicie et dans le territoire de la Kouban.    L'Ukraine est donc à tous les égards une région privilégiée. Elle fournit à la Russie les matières premières indispensables à son industrie et les éléments les plus précieux de son exportation. Amputée de l'Ukraine, la Moscovie tomberait irrémédiablement au rang d'une puissance de second ordre, tandis qu'avec ce complément nécessaire, elle resterait encore malgré tous ses désas- tres viable et redoutable. L'Ukraine est bien selon l'expression du publiciste germanophile Lewicki, « le nerf vital de la Russie ».(1) Le dernier recensement officiel russe qui date de 1897 n'accusait que 22 millions d'Ukrainiens en regard de 55 millions de Grands Russiens. Etant donné lé coéfficient d'accroissement de la population,ces chiffres doivent être portés respectivement à 30 et 80 millions.Source de la carte : Alex Tora — Travail personnel, sur base de Початок визвольних змагань українського народу. Утворення УНР (березень 1917 - березень 1918 р) // Атлас історії України. 10 клас. Карта Української Народної Республіки.À suivre

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