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La Roque-Saint-Christophe

Publié le 08 août 2008 par Argoul

Nous déjeunons dans l’auberge du Vimont, au village de La Roque-Saint-Christophe. Le repas a la quantité mais guère la qualité. C’est la mère qui fait la cuisine. Si la soupe est sans surprise, le « médaillon de foie gras » n’est qu’une mousse, la sauce « moustérienne » qui accompagne la truite rose ressemble furieusement à du ketchup. La cuisinière a d’ailleurs refusé de me dire ce qui entrait dans la composition de sa fameuse sauce… Fromage et dessert sont d’une grande banalité. Seule la salade « périgourdine » avait l’air d’être ce qu’elle doit, mais le magret fumé était particulièrement mesuré.

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Le site de La Roque-Saint-Christophe est long d’un kilomètre et court une centaine de mètres au-dessus du lit de la Vézère. Il comprend cinq terrasses creusées en alvéoles de ruche par l’érosion. Ses premiers habitants y ont trouvé un site naturellement protégé des fauves comme des intempéries. Ce furent les Néandertaliens du Moustérien vers -70 000, puis les Cro-Magnon (sapiens sapiens) jusqu’au Néolithique à –7000. Ont suivi les habitants de l’âge du bronze vers -1500, puis de l’âge du fer vers -800. Les Gallo-Romains l’ont occupé ensuite au 1er siècle et l’évêque de Périgueux a décidé d’en faire une forteresse en 976, contre les Normands dont les bateaux pillards remontaient les fleuves.

Le site a encore servi de place forte contre les routiers anglais durant la guerre de Cent ans, de 1337 à 1453. Forteresse huguenote au 16ème siècle, elle a été détruite par Henri III en 1588. Lors d’un prochain « moyen âge » peut-être servira-t-elle à protéger les trop sages sédentaires des nouvelles bandes de pillards du futur ?

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Un passage étroit permet d’y accéder à flanc de falaise. Il est facile à défendre et était interrompu autrefois par une passerelle mobile, une fosse-piège avec un pont basculant. Les abris sous roche d’origine ont été complétés par de véritables maisons en bois construites à flanc de falaise. Des trous creusés dans la paroi servaient à recevoir les poutres, des étagères et des placards fermés de portes étaient creusés à même la roche, de même que des canalisations à ciel ouvert, des éviers, des citernes, des foyers. Le calcaire se creuse facilement. Des anneaux sculptés dans la roche servaient à suspendre des lampes. Etable, abattoir, fumoir, échoppes d’artisans s’égrènent pour la visite. Un « coffre-fort » du 12ème siècle est creusé dans la roche et fermé d’une porte en fer. Un millier de personnes pouvait vivre ici.

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Des guetteurs sur toutes les falaises au-dessus de la Vézère organisaient des relais sonores en cas de danger signalé. L’emplacement de l’église est marqué par des croix tracées sur la falaise. Un bénitier est creusé dans le sol, de même que quelques emplacements de tombes. Le plafond a été percé pour aménager un clocher le long de la falaise. Sur la cinquième terrasse au-dessus ont été découverts des emplacements de catapultes pour défendre le site contre les bateaux qui remontaient la rivière. Les projectiles étaient taillés sur place, ce n’était pas la matière première qui manquait ! Un refuge souterrain existait aussi. Ce site a été classé « Patrimoine de l’Humanité » par l’UNESCO. Dans un abri, un homme de Neandertal assez bestial a été reconstitué.

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