Une flamme d'espérance

Vendredi, 08 Août 2008 23:24

Par Daniel RIOT

Des frissons. De l'émotion. De l'émerveillement. Pourquoi bouder son plaisir ? Ne regarder ce qui peut ou doit déranger...Ne penser qu'au prix (y compris social) de la fête. Ne songer qu'aux aspects négatifs cachés, aux vilaines réalités occultées, aux méthodes de gouvernement indignes de cet Empire du Milieu qui fait peur autant qu'il fascine. Dans ce monde si riche en malheurs, sachons jouir des instants qui sont des signes d'espérance. « Chinoiser », en ce jour, relève d'une mesquine vilénie. La Chine est ce qu'elle est. Elle a voulu montrer le meilleur d'elle-même. Elle a bien fait. Et elle l'a fait très bien.

C'est un spectacle à la fois grandiose, féerique, lumineux et riche d'humanité qu'ont offert les Chinois au monde. Plein les yeux. Et les oreilles. Un chef d'œuvre du genre. Du feu, de l'eau, des couleurs, du mouvement. Du relief, de la profondeur. De la musique, des chants, des danses. De l'art. Avec du sens dans les images. De l'esprit dans la scénographie. Et ce goût de l'excellence qui caractérise les grands peuples, ceux qui s'appuient la mémoire du passé pour mieux préparer l'avenir. Une mémoire sélective d'ailleurs : l'ère du maoïsme a été soigneusement passée sous silence...

« Entre discipline et démesure » jugent quelques médias français (comme Le Point) toujours pris entre un esprit de dérision bien franchouillard et un anticonformisme érigé en conformisme... Un tel ballet de plus de quatre heures ne se prépare pas et ne s'exécute pas dans l'indiscipline. Quant à la démesure, elle est en l'occurrence signe de l'étroitesse d'esprit  de critiques dépassés par les événements et prisonniers de leurs arrières-pensées et de leurs préjugés. Qu'auraient-il dit ces procureurs si le spectacle n'avait pas été à la...mesure des attentes des quatre milliards de téléspectateurs ? Chacun attendait un spectacle extra-ordinaire. Même en ayant vu les images volées des dernières répétitions, chacun a été dépassé par ses attentes.

Chapeau au cinéaste Zhang Yimou et à ceux qui ont su mettre au point une telle scénographie qui doit faire des envieux chez les plus mégalomanes des superproductions en tout genre. En plus, la grandeur de la Chine ne s'est pas étalée avec arrogance, esprit de conquête ou de domination, impérialisme culturel ou autre. Élégance et  pudeur. Vraie politesse envers les hôtes, avec ce qu'il fallait de Confucius dans ce qu'il a de plus généreux : « N'est-ce pas un bonheur d'avoir des amis qui viennent d'aussi loin ?  ».

Plus qu'un spectacle ou une démonstration : un acte (sinon une leçon) de civilisation. Respect. Ce qui s'est affiché, c'est surtout l'aptitude au bonheur d'un peuple qui a connu et  connaît encore trop de malheurs. Et qui, au-delà des clivages idéologiques, des antagonismes en tous genres, des tentations de cet « humain trop humain » présent en chacun de nous,  aspire à la paix et cherche des horizons d'espérance. « Un monde, un rêve ». Le droit de rêver, aussi , est un Droit de l'Homme.

Daniel RIOT

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