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Election, âges et climat, quelques débats choquants

Publié le 19 avril 2022 par Guy Deridet

Un billet de Daniel Schneidermann. Cette seule phrase résume bien l'étrange situation politique de notre pays telle qu'elle ressort du vote de premier tour de l'élection présidentielle : Les "jeunes" ont voté majoritairement Mélenchon, les "vieux" ont voté majoritairement Macron. Entre les deux, les actifs ont voté majoritairement Le Pen. Voilà pourquoi celle ou celui qui sera élu aura bien du mal à gouverner ce pays.



Présidentielles 1er tour 2022 : répartition votes par âge Présidentielles 1er tour 2022 : répartition votes par âge Présidentielles 1er tour 2022 : répartition votes par âge C'est un article de Franceinfo qui a fait scandale hier, en cette journée bien peu fériée du lundi de Pâques.

La version initiale est titrée : "Et si on limitait le vote des personnes âgées qui pèsent si lourd dans les urnes" ?

L'enquête, qui donne la parole à de nombreux sociologues et constitutionnalistes, part de paroles de colère entendues dans les manifestations écologistes, ou l'occupation de la Sorbonne, qui ont suivi le premier tour. Les "vieux" auraient "volé" l'élection aux jeunes.

On connait le constat statistique. Les "jeunes" ont voté majoritairement Mélenchon, les "vieux" ont voté majoritairement Macron. Entre les deux, les actifs ont voté majoritairement Le Pen.

Ajoutons que les jeunes s'abstiennent davantage que les vieux, et on a le tableau : arrivent au second tour deux candidats qui n'ont pas "métabolisé" profondément l'urgence climatique, portés par un électorat relativement âgé, qui n'aura pas à subir durablement les conséquences du dérèglement.

Survient ce qui doit survenir : un "shitstorm" (tempête de merde) sur Twitter, contre l'article, et contre Franceinfo.

Non seulement, objecte-t-on, toute limitation du droit de vote d'une catégorie de citoyens serait inconstitutionnelle, mais resurgit immédiatement le spectre de Soleil vert, film de 1973, dystopie d'une société euthanasiant ses vieux dans le respect et l'amour, pour les transformer en pilules nutritives à usage des plus jeunes.

Implicitement accusée de velléités d'euthanasie, Franceinfo re-titre alors sagement son enquête, "Pourquoi l'idée d'un âge limite pour le vote des seniors en convainc certains (et scandalise les autres)".

Reste l'enquête elle-même, mesurée, contradictoire, où s'exprime toute une série d'hypothèses, moins "choquantes" que celle d'un impossible âge-couperet : par exemple une surpondération du vote des jeunes, l'instauration du vote obligatoire (serpent de mer), etc.

Ces débats doivent-il être interdits ? Ils sont bien entendu choquants, mais si je puis me permettre, la perspective de l'extinction de notre propre espèce est elle aussi légèrement… choquante.

À noter d'ailleurs que l'ouverture de ce débat rejoint un constat tout aussi "choquant", dans ses conséquences, formulé froidement par un des auteurs du Giec, le chercheur François Gemenne au lendemain du premier tour : "Trois Français sur quatre ont adressé un signal très clair et voté pour un programme incompatible avec les objectifs de l'Accord de Paris. Dans ce contexte, je pense qu'il est normal de s'interroger sur la légitimité démocratique de cet Accord."

En d'autres termes, pour sauver la planète, Gemenne en tire la conclusion qu'il n'y a plus rien à attendre d'élections démocratiques. Pour lui, preuve est faite que le sursaut éventuel passera ailleurs que dans des élections nationales. Au niveau local ? Dans les entreprises, comme il semble le croire ?

Tous ces sujets sont fortement dérangeants, et j'en suis le premier perturbé, mais si on ne parle pas de ça, de quoi parlerons-nous ?

Daniel Schneiderman


N.B

Je suis tout à fait d'accord avec cet article. notamment, cette phrase :

"Preuve est faite que le sursaut éventuel passera ailleurs que dans des élections nationales"

Où ?

À mon avis, les politiques ne veulent pas parler de transition énergétique (efficace) et la majorité des électeurs ne veut pas en entendre parler. Dans ces conditions, comme je l'ai déjà écrit ici la transition énergétique ne pourra être que drastique, car trop tardive.

Selon les scientifiques, il ne nous reste que trois ans, et avec Macron ou Le Pen qui ne sont pas très motivés sur ce sujet et qui, c'est sûr, auront quantité d'autres chats à fouetter pour rester au pouvoir, ce délai ne pourra pas être respecté.

On finira donc par appliquer, dans l'urgence, des mesures très contraignantes et inefficaces parce que trop tardives.

De plus, on ne pourra forcer les populations, en France ou ailleurs, à modifier radicalement leur mode de vie que par la contrainte, donc par l'abandon de la démocratie et par l'instauration de gouvernements très autoritaires, donc des dictatures. Mais, on trouvera un autre nom.

On peut dire que sur ce point, Macron, depuis cinq ans, a bien entamé ce processus.

Le comble, c'est que la plupart des Français n'ont rien compris au film et vont selon toute vraisemblance en reprendre pour cinq ans. *

Ce qui fera, je vous le rappelle, un total de quinze années de gouvernance Macron ! En effet, il dirigeait en sous-main la politique économique de la France, avec Hollande par-devant et ses richissimes sponsors par-derrière, depuis 2012. Hollande a même avoué que Macron était déjà son conseiller avant l'élection présidentielle de 2012.

Tout cela fera que la transition énergétique (pacifique) ne pourra se faire. Ce qui nous condamnera à une transition absolument pas pacifique et en tout état de cause trop tardive.

Tout ceci alors que l'on était prévenu de la catastrophe depuis 1970, soit 52 ans !

Note: *

On m'objectera sans doute que cela sera pire avec le Pen.

Je répondrai que :

  • compte tenu de son inexpérience et de l'hostilité générale dans laquelle elle travaillerait,
  • avec la contrainte très pressante de ses électeurs qui attendront les avancées sociales promises,
  • avec la difficulté sinon l'impossibilité de trouver ou/et de garder une majorité
  • avec enfin la date fatidique de fin du délai donné par le G.I.E.C pendant son mandat

Mme Le Pen ne tiendra pas cinq ans au pouvoir et compte tenu de l'urgence climatique, il est possible dans ces conditions qu'une nouvelle présidente ou président, écologiste, mais tendance Rousseau, prenne en main notre destinée.

Avec Macron nous n'avons, en revanche, rien à attendre de ce côté-là, car ses sponsors, et donc lui-même, sont résolument hostiles à une vraie transition écologique.

Toutefois, on peut supposer qu'après quinze ans de règne de Macron, les Français s'avèreront plus prêts à supporter la ou les dictatures, qui, immanquablement, géreront l'extinction de notre espèce.










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