Jo : lendemain de fetes

Samedi, 09 Août 2008 17:19

Honni soit qui mal y pense...! Pékin 2008 n'est pas Berlin 1936...

Par Francis Rosenstiel

Certes les jours, politiques ou non, se suivent et ne se ressemblent pas; mais une réflexion m'interpelle.

Une  petite quinzaine, à peine, après l'ouverture en Août 1936 des J.O. de Berlin par le Chancelier du Reich, Adolf Hitler, je prends le départ de ma course à la vie... En 1939 je fuis l'Alsace nazifiée; en 1941 je suis englué à Vichy, en 1944 je suis arrêté par la Gestapo!

Malgré les efforts désespérés du grand ordonnateur de l'Europe nouvelle" et de ses sbires, je n'ai pas encore touché  le but, ni le terme.

Que cela m'autorise tout au moins à 'évoquer, au nom de la "Realpolitik", les mots vigilance et lucidité.

 
Je suis de ceux qui estiment qu'il fallait aller à  Beijing, l'on ne boude pas lorsque le soleil se lève, même timidement!

Je connais les contorsions et les méandres qui précédèrent entre 1933 et 1936 le choix de Berlin pour les J.O. d'alors; je rappelle les avertissements nombreux venus notamment des juifs américains, alors que le programme du chancelier Hitler était annoncé et que les fondements du camp de concentration de Sachsenhausen aux portes mêmes  de Berlin étaient jetés.

Je rappelle aussi la véritable mise en scène "national-cynique " voulue par Hitler et Goebbels pour occulter et surtout dissimuler toutes les références visuelles à l'antisémitisme et au racisme du régime.....le temps d'un Jeu! Et quel Jeu!

On ferme les yeux sur les "demi juifs" du Comité Olympique; le Führer  va jusqu'à écrire que toutes races, religions et nationalités sont les bienvenus à cette grande fête de l'humanité.Quelques millions de chômeurs allemands valent bien une grand'messe païenne!

On fignolera après à grands coups de cadavres!

Certes à Berlin, comme à Beijing la fête fut grandiose, la médiatisation radiophonique ou télévisée fut inégalée. Les masses, comme toujours heureuses ou béates, la mise en scène: Lenie Riefenstahl et "Olympia" ou non, exceptionnelle!

Mais où vont-les peuples? C'est précisément là que les chemins doivent résolument diverger, les itinéraires se diversifier, les responsabilités et les intentions  s'affirmer ou se confirmer.de part et d'autres.

Tel est le véritable enjeu de Beijing. Celui voulu par les Occidentaux, tout comme par l'immense majorité des Chinois, héritiers d'une immense culture, plus que quatre fois millénaire!

On est loin, à tous égards, des "Mille ans de culture national-socialiste"  pompeusement promise par le Führer!

A la différence des nazis, les Chinois ne veulent pas une  mascarade:ils n'ont pas davantage  établi une liste noire pour l'Humanité tout entière. Le "petit livre "de Mao est bien fossilisé, "Mein Kampf"  ne l'était pas en 1936, bien plus tard non plus.

Les J.O. du 8 Août 2008 sont une ligne de crédit que la communauté internationale et le monde libre accordent à la Chine: une véritable avance de crédibilité aussi.

Tel n'était pas le contexte de I936, pas davantage l'aspiration d'une grande majorité des Allemands de l'époque. Le reconnaître c'est aussi rendre l'hommage qui lui est dû à l'Allemagne d'aujourd'hui pour le chemin parcouru.

Ainsi s'ouvre la Grande Muraille pour accueillir tous  les cavaliers de la Liberté.

Francis Rosenstiel

(ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l'Europe et président fondateur du Forum pour l'Europe démocratique, membre du comité de parrainage de Relatio-Europe)

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