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Solitude

Par Gentlemanw
Solitude

Je n'ai rien contre la solitude, je suis ni pour, ni contre. Car ses origines sont variées et parfois c'est un simple choix plutôt qu'une conséquence.

Restez seul, loin des autres pour éviter les échanges et les inutiles justifications de ceci ou cela.

Choisi d'être seul, pour éviter aux autres personnes de croiser notre chemin d'angoisses et de nuits blanches où l'inconscient joue les tourbillons des peurs et des folles impasses pour nous empêcher de trouver un sommeil sain.

Seul pour affronter les obstacles sans être redevable et sans avoir ce besoin d'expliquer encore et encore ce blocage, cette épreuve sans fin, ce mauvais moment à passer qui dure trop dans le temps.

Toujours seul, sans ce p****n de téléphone qui nous "oblige" à communiquer, à répondre à des sms dont le sens nous échappe, dont notre esprit en colère ne veut entendre les mots, pour écouter des messages dont les mots peuvent blesser, dont la répétition ne veut être entendue. Ne pas écouter les messages pour éviter les incendies de questions sans réponses.

Vraiment seul tout en étant là au milieu des collègues, dans une journée de travail, dans un quotidien sans intérêt, comme le déroulement inexorable de routines, de sourires, de coups de fil, de "bonjour" et de "ça va ? " inutiles.

Volontairement seul pour respirer enfin, quelques minutes, quelques heures comme un être libre, au milieu des emmerdes, des responsabilités, des doutes profonds. Ne pas s'enfoncer dans la noirceur mais ne pas voir envie de partager tout cela, car les solutions seront là, le tunnel offrira un peu de lumière au loin. Très loin.

Pas vraiment seul avec une bouteille, comme une tentation pour oublier, mais la regarder avec un sourire pour lui dire qu'elle ne gagnera pas, juste un doigt dans un grand verre, un peu de tonic, trois rondelles de citron vert. Un chat qui passe en cherchant un câlin, les idées passent, repassent. Sentir ce verre, s'évader quelques instants. Boire, avec la fadeur d'un goût disparu, celui des verres partagées.

Seul sans elle, sans ses remarques, sans les éternels retours sur la situation actuelle, sans avoir à reparler de tout ce qui occupe déjà toutes mes pensées. Essayer de penser à autre chose, quelques minutes, quelques heures. Oublier.

Forcément seul pour ne plus la blesser, pour ne plus lui offrir cet horrible spectacle de ma exaspération à fleur de peau. Dans un frottement avec sa fatigue, tout s'enflamme.

Seul sur une simple chaise, pour mesurer dans ce miroir, les derniers mois, les dernières années, voir ce passé dans une impasse, pour ne plus supporter cette attente d'être réellement libre, sans contraintes, sans limites, en me retrouvent pleinement flamboyant avec mon honneur. Retour toujours dans l'impasse, ne plus avoir rien à lui offrir, repenser avec des larmes à ce futur commun qui ne semble pas accessible. Ne plus attendre.

Possiblement seul, comme une solution, sans amour, sans amitié, pour ne déranger personne, car si ils et elles sont là, leurs paroles ne soignent pas mes blessures. Parfois elles attisent mes douleurs. Je n'en ai pas besoin. Merci quand même. Et puis pourquoi ajouter une touche de sombre dans leurs vies, ils ont déjà leurs propres soucis.

Sagement seul, comme une pirouette maléfique du passé revenue me hanter, comme une glissade vertigineuse et plus que sombre, mais j'ai tant appris de moi, il y a dix ans quand le mal dévorait ma vie, se nourrissait de ma fatigue extrême, dédoublait mon corps et mon âme. La sagesse, non, mais la prudence de prendre un peu de recul sur mes souffrances. Savoir que je devient fragile pour cela, tout autant que rageur voire féroce avec les autres. Un instinct de survie.

Seul encore quelques jours pour espérer voir un chemin pour la vie. Avec la nature, les chants d'oiseaux amoureux de ce printemps revenu, avec le soleil voilé, avec des passions dont le goût amer ne me redonne même pas cette énergie habituelle. Les livres m'aident à une évasion de jour comme de nuit. Loin des autres, dans un imaginaire littéraire, dans une dimension parallèle, mais est-ce sage de refuser ainsi la réalité ?

Libérer des mots et ne plus être vraiment seul. Trouver la lumière, dans ce noir tourbillon, même en pleine nuit, même en plein jour.

Nylonement


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