L’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’Ursuya*

Publié le 29 juillet 2008 par Olif
« Sur les traces des grands voyageurs »    
Sans sombrer dans la scatologie la plus régressive qui soit, force est de constater que le Pays Basque pastoral est peuplé de nombreux "voyâââgeurs". De toutes les tailles et de toutes les races. Des grands, des petits, des ovins, des équins, des bovins, des humins, que l’on peut suivre aisément à la trace. Euh !,… que dis-je? Des humains, plus exactement, loin d’être les plus glorieux exonérateurs du monde vivant. Battus à plate couture par les pottocks et autres brebis à tête noire question transit.  
Sur les crêtes de Bizkayluze, au dessus d’Itxassou, par exemple, la montagne est un tapis de petites crottes sur lequel il fait presque bon marcher. En les évitant tant que faire se peut, évidemment, à moins que la nostalgie du trottoir urbain n’atteigne en pleine semelle le citadin en goguette. On accède aux crêtes en grimpant en voiture jusqu’à la Ferme Esteben depuis Itxassou, par une petite route de montagne où il est impossible de se croiser, vous me croisez croyez si vous voulez. Une fois là-haut, le spectacle ravit l’œil autant que le naseau : de l’authentique, du pastoral, du sauvage, du grandiose, du photogénique. Le Pays Basque, quoi !  
Idem au sommet de l’Ursuya. Cette montagne débonnaire au pays des collines est une vaste ferme naturelle, un bon gros nounours au pied duquel il fait bon se blottir, dans une maison douillette du petit bourg d’Urcuray. Une légende raconte qu’une brave fille du pays, servante de son état, a tenté en vain de gravir un à un les échelons de la haute société. Mais il n’est pas aisé d’afficher un look séduisant lorsque l’on est fille de maison à Urcuray. Ce n’est pas Annie Cordy qui dira le contraire, elle qui fit ses choux gras en adaptant cette histoire à sa natale Belgique et à ses presbytères.  
Mais revenons à nos brebis à tête noire. Le Pays Basque pastoral vaut le détour, avec ou sans vautour. Ce gros poulet volant, lorsqu’il déploie ses ailes de géants qui ne l ‘empêchent ni de marcher ni de voler, est une menace venue du ciel, un autre grand voyâââgeur dont les bombes de guano sont redoutables, parole de brebis à tête noire, qui y laisse parfois en plus un peu de son bas de laine.      Et puis, quel plaisir de rencontrer une vieille connaissance dans ce petit coin perdu du Pays Basque pastoral! Voilà qui nous ramène indirectement dans le monde du vin, l'occasion de se régaler avec cette bouteille: celle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a bu Lur Uméa. "L'enfant de la terre", 100% tannat, récolté sur des vieilles vignes et à petit rendement par Pascale et Bixtinxo Aphaule du domaine Bordathio. Un vin rustique au sens noble, sur les épices et les fruits noirs (myrtille), acidulé, aux tanins d'une grande fraicheur, encore un peu compacts mais joliment veloutés. Lur Uméa 2005, c'est du lourd! Mais c'est très bon et extrêmement prometteur. Vive le Tannat quand c'est bien mûr! Disponible à Vignobles et Châteaux à Bayonne et au Cellier des Halles à Biarritz.
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* Excellent titre, que m’a involontairement suggéré Valais_006, égaré dans le Jurançon à la recherche de Charles Hours