A las cinco de la manana…(brève reprise dans ma pause estivale)
J.O métrie variable
C’est le Printemps des outrages : en ces temps de Jeux Olympiques, l’adjectif munichois est à la mode et fleurit dans les salons, ici, là, là ou encore là. Il s’agit pour les plus enfievrés de mes con-citoyens de caractériser la lâcheté dont aurait/a fait preuve Nicolas Sarkozy à l’égard du gouvernement de Pékin sur la délicate question des droits de l’Homme.
Il est vrai que ses homologues allemand et britanniques ont été respectivement plus constant et plus malin dans leur approche, laissant à Sarkozy le soin de s’attirer tout seul les foudres de l’opinion publique chinoise. Ironiquement, à force d’empirer, sa position médiane aura déplu en Empire du milieu. Bouquet final, sa décision d’envoyer Carla Bruni pour rencontrer le Dalaï-Lama a révélé au monde que notre roi était nu, pour ne pas dire à poil.
Munichois est donc le mot de l’été. Je ne cesse de m’étonner de la facilité avec laquelle certains de mes contemporains dressent des parallèles hasardeux, voire des perpendiculaires regrettables. L’Histoire n’est en effet pas la géométrie, et il n’y a jamais de réponse simple à un problème. Il est donc facile de meugler a posteriori : « Y’avait qu’à, fallait qu’on », lorsqu’on est confortablement assis, passez moi l’expression, le cul dans son fauteuil, avec une bouteille de bière à la main.
Orgie de JO et Géorgie
Prenons le cas particulièrement éclairant de la guerre en Géorgie. A dresser des parallèles, celui-ci me semble l’un dans l’autre plus équilibré. Voyez vous, l’Ossétie du Sud ressemble étrangement aux Sudètes de l’entre-deux-guerres, cette région dont le sort fut justement débattu à Munich. En 1938, il s’agissait d’une minorité allemande que le IIIème Reich souhaitait arracher à la faible Tchécoslovaquie. En Ossétie du Sud, ce sont des russophones et cela se passe en Georgie.
Dans les deux cas, un jeune et petit pays cherche à s’opposer à son propre démembrement par un voisin puissant et indélicat. Hélas, il n’a pas grand chose à opposer sinon sa bonne foi, le droit international et le respect de sa souveraineté. Dans les deux cas, le martèlement des bottes se fait entendre aux frontières. Dans les deux cas, une ancienne puissance vaincue en plein redressement national cherche à récupérer son espace vital.
Et pourtant, le sentiment qui prédomine lorsque j’en parle autour de moi est la peur, la peur d’un conflit mondial. On craint un dérapage et un engrenage. Après tout, la Géorgie est à nos portes et elle a failli rentrer dans l’OTAN. Mais, pour plagier Déat, qui veut mourir pour Tskhinvali ? Personne. Les Européens ne veulent pas affronter les Russes sur une question mineure. Les Américains ont déjà fort à faire avec l’Irak et l’Afghanistan. La Communauté internationale ne veut pas d’un conflit avec la Russie.
Et pourtant, c’est bien aujourd’hui qu’il faudrait montrer les dents.
L’extension du conflit par les Russes à la région d’Abkhazie montre que le problème de l’Ossétie du Sud n’est vraisemblablement que le premier des dominos. Si la Russie démembre la Géorgie, elle vassalisera ce pays, puis s’attaquera vraisemblablement ensuite à l’Ukraine, dont une petite moitié de la population est russophone.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point
La Russie se comporte avec l’Ossétie comme, en son temps, la France avec l’Alsace Lorraine. Son comportement n’est ni moral, ni immoral : il est rationnel. Nous avons, nous « Occidentaux », les moyens de faire reculer la Russie, mais il y a un coût fixe – les morts et de grandes tensions internationales – et un coût variable – l’humiliation ou la défaite face à une puissance nucléaire.
Et, malgré une flagrante agression, nous n’avons pas bougé.
Tout ça pour dire qu’avant de prêcher le courage historique, certains feraient mieux de réfléchir aux conséquences. L’alternative à la diplomatie « munichoise », c’est à dire de compromis, c’est le bras de fer. Encore faut-il assumer toutes les conséquences de l’épreuve de force.
La Chine représente un quart de la population mondiale. Dans vingt ans, elle aura probablement quasiment rejoint les Etats-Unis en termes de puissance économique. Les rodomontades fonctionnent lorsqu’on parle de cérémonie d’ouverture des jeux, mais elles sont rapidement au pied du mur lorsqu’il faut se battre ou se coucher. Ennemis de l’esprit de Munich, êtes vous prêts à défier la Chine, et si oui, jusqu’où êtes vous prêts à aller, c’est à dire mourir pour une idée ?
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