“My name is Paul and I’m a Lesbian !”

Non Paul n’est pas un transexuel, un travesti, un(e) queer, ni même un consommateur de drogues hallucinogènes. Paul habite l’île de Lesbos, en Grèce, et à ce titre Paul est Lesbien, comme d’autres sont Parisiens… Oui mais voilà ça énerve beaucoup Paul et quelques uns de ses compatriotes cette ambiguïté linguistique.

Alors avec quelques uns de ses potes aux mœurs irréprochables, Paul a décidé de porter plainte contre ces femmes de petite vertu. Comme il fallait trouver un angle d’attaque recevable du point de vue juridique, l’un des plaignants a estimé que la “confiscation”, l’”usurpation” du terme “Lesbienne” constituait “un viol psychique et moral”. Du coup la partie civile a demandé purement et simplement que l’Association grecque des gays et lesbiennes (OLKE) change de nom, et que l’usage du terme “lesbienne” soit banni de la presse et de toute publication ou dénomination officielle. Les plaignants de suggérer qu’un journaliste contrevenant soit condamné à une amende.

Zeus merci, le tribunal d’Athènes a jugé la plainte irrecevable, soulignant que le terme en question n’est pas protégé. Mais nous ne sommes pas à l’abri d’une récidive puisqu’un appel est toujours possible.

Le plus drôle dans cette histoire c’est le contenu des débats durant le procès. Débat qui tournait autour de Sappho. La poétesse de l’Antiquité est née à Lesbos, d’où le terme “lesbienne”. Les plaignants ont cherché par tous les moyens à prouver qu’elle n’était pas homosexuelle puisqu’elle était officiellement mariée et mère d’un enfant. L’OLKE a dû leur déclamer, non sans ironie, quelques vers de ses poèmes, véritables odes à l’amour entre femmes, histoire de remettre les pendules à l’heure.

Ariane